Les différents incidents qui se sont produits à l’unité de sécurité pour mineurs à Dreiborn (Unisec) ces derniers mois ont attiré l’attention de l’Ombudsman et du CELPL (Contrôle externe des lieux privatifs de liberté). Un rapport spécial et une note commune ont été présentés ce mercredi à la Chambre des Députés.
«La situation était déjà préoccupante à l’été 2021. De toute évidence, le manque de personnel de sécurité, le turn-over des professionnels d’encadrement et l’hétérogénéité des profils des jeunes accueillis à l’Unisec ont nettement contribué à cette situation tendue», a déclaré le médiateur et contrôleur externe des lieux privatifs de liberté, Claudia Monti, ce mercredi.
En août 2021, puis début 2022, date à laquelle des violences avaient éclaté, l’Okaju et le CELPL s’étaient rendus à Dreiborn. L’objectif était de comprendre l’origine de ces incidents afin de dégager des pistes pour qu’ils ne se reproduisent plus, mais aussi de répondre à la demande des jeunes impliqués qui souhaitaient exprimer leur point de vue à l’Okaju.
«Dès les premiers incidents, nous avions proposé aux jeunes un entretien qu’ils avaient accepté. Nous avons ainsi pu parler avec les jeunes eux-mêmes, en plus du personnel, de la direction et de la police, ce qui nous a permis d’avoir un aperçu précieux», a relaté l’Ombudsman Charel Schmit. Les jeunes se sont notamment plaints d’avoir été enfermés pendant des mois ne connaissant ni l’issue, ni la date de leur sortie, contrairement aux adultes condamnés.
«Les jeunes ont également le droit d’être informés dans un délai raisonnable des éléments importants de leurs conditions de détention ainsi que des facteurs favorisant une libération», a souligné l’Okaju. La réalisation d’une expertise psychiatrique peut tarder pendant des mois, conduisant ainsi à un séjour énième fois reconduit, déplore encore le rapport, qui propose plusieurs recommandations, allant du recrutement des personnels à la modification de l’architecture même des lieux.
La prison en dernier recours
Parmi ces pistes d’amélioration, il faut noter le développement des profils et effectifs du personnel, dont le recrutement suffisant d’agents de sécurité ; l’engagement d’un psychiatre et d’un infirmier psychiatrique à plein temps ; le réaménagement de l’infrastructure adapté davantage aux besoins des jeunes et exigences du terrain ou encore l’amélioration de la gestion des transitions vers le séjour en autonomie.
Pour Claudia Monti, il faut aussi en tirer des conclusions sur le plan législatif : «Avec la réforme de la loi sur la protection de la jeunesse et l’introduction d’un droit pénal des mineurs, nous espérons que les droits des jeunes en conflit avec la loi seront renforcés dans la procédure pénale et que le placement en prison ne se fera qu’en tant que mesure de dernier recours.»
Selon le droit international, a-t-elle insisté, les jeunes mineurs n’ont pas leur place dans des prisons pour adultes. D’autant que les profils sont variés : «L’Unisec accueille des jeunes aux profils très différents, a-t-elle encore rappelé, qu’il ne faut pas mettre dans le même panier, notamment en ce qui concerne le traitement thérapeutique.»
Les aider à sortir du cercle vicieux de la traite des êtres humains, de l’illégalité, du sans-abrisme et de la criminalité nécessite un programme de sortie taillé sur mesure et doté d’un personnel qualifié.
Ainsi, le CELPL et l’OKAJU appellent de leurs vœux une réelle amélioration et clarification institutionnelle avec l’adoption de lois séparant les procédures pour les enfants nécessitant aide et protection de celles pour les jeunes en conflit la loi.