Amnesty International Luxembourg a remis à l’ambassade de Chine par le biais d’une action inhabituelle des pétitions réclamant la libération de la journaliste Zhang Zhan, emprisonnée pour avoir couvert la pandémie à Wuhan.
C’est une action pour le moins inhabituelle qu’étaient déterminés à mener des membres de la section luxembourgeoise d’Amnesty International, hier, devant l’ambassade de Chine au Luxembourg : flanqués d’une banderole «Free Zhang Zhan!» («Libérez Zhang Zhan!»), la dizaine de militants réunie a envoyé quelque 400 pétitions sous forme d’avions en papier par-dessus les grilles de l’ambassade afin de réclamer la libération de la journaliste emprisonnée pour avoir couvert la pandémie à Wuhan.
Un acte de désobéissance civile organisé face au refus de l’ambassadrice de Chine au Luxembourg, Yang Xiaorong, sollicitée à plusieurs reprises, de recevoir en mains propres les signatures et lettres des 1 300 citoyens du Luxembourg qui avaient tenu à manifester leur soutien à Zhang Zhan lors du dernier «Write for rights» («Écrire pour les droits») d’Amnesty, un événement mondial en faveur des droits humains organisé chaque année en décembre.
«Nous sommes déterminés à faire passer notre message pour la libération immédiate et inconditionnelle de Zhang Zhan. Elle est en prison uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression. Nous voulons montrer à Zhang et sa famille qu’elle n’est pas seule et qu’il y a beaucoup de personnes au Luxembourg qui se mobilisent pour sa libération», a expliqué Olivier Pirot, directeur d’Amnesty International Luxembourg.
Condamnée à quatre ans de prison
L’ancienne avocate et journaliste chinoise Zhang Zhan, âgée de 38 ans, est l’une des rares à avoir couvert la pandémie de covid-19 à Wuhan. Dès février 2020, elle avait dénoncé sur les réseaux sociaux la situation chaotique régnant dans la mégapole de 11 millions d’habitants et des violations des droits de l’homme pendant la pandémie.
Sa critique de la gestion de la crise par le gouvernement, qui avait tenté de verrouiller ces informations, n’hésitant pas pour cela à emprisonner des journalistes indépendants et à harceler des familles de malades du covid-19, lui a valu les foudres des autorités : après avoir été portée disparue, puis avoir été officiellement détenue, Zhang Zhan a été condamnée en décembre 2020 à quatre ans de prison.
Aujourd’hui, l’état de santé de l’activiste, qui suit une grève de la faim, est pour le moins préoccupant, alerte Olivier Pirot : «En détention, elle a subi de la torture et d’autres mauvais traitements. Elle a notamment été obligée de porter des chaînes aux pieds et était menottée de façon permanente pendant plus de trois mois. Aux dernières nouvelles, elle pèserait 40 kg pour 1,77 m.» Le message d’Amnesty est donc clair : «Nous souhaitons la libération immédiate de Zhang Zhan et dans l’attente, sa libération sous caution et un accès à des soins médicaux.»
Relayer la demande aux autorités chinoises
En menant cette action inhabituelle, interrompue par l’arrivée de pas moins de six voitures de police et la verbalisation du directeur d’Amnesty Luxembourg, les militants espèrent que «l’ambassadrice pourra relayer ces messages auprès de son gouvernement».
Alors que le monde a les yeux rivés sur la Chine et ses Jeux olympiques, ils exhortent aussi les autorités luxembourgeoises, y compris le Grand-Duc, à profiter de chaque moment dont elles disposent pour faire part aux autorités chinoises des préoccupations des citoyens du Grand-Duché sur la situation des droits humains en Chine en général et sur le cas de Zhang Zhan en particulier.
«Nous n’appelons pas à un boycott des jeux et ne sommes pas contre les gens qui les boycottent non plus, mais nous pensons que tout cela reste insuffisant. Il appartient à chaque gouvernement d’employer les moyens diplomatiques dont il peut user pour faire pression. Le Luxembourg peut d’autant plus se permettre d’aborder cette question qu’il a d’excellents rapports avec la Chine. Quant à la population luxembourgeoise, il faut qu’elle continue à soutenir les gens qui souffrent de violations des droits humains», a estimé Olivier Pirot.
Des milliers de citoyens menacés
Amnesty International dénonce activement trois grandes violations des droits humains en Chine, qui vont croissant selon l’ONG : «Il y a toujours des milliers d’exécutions chaque année – on ne sait même pas combien précisément ! – ainsi que de très nombreuses violations de la liberté d’expression touchant des journalistes, des avocats ou des membres de la société civile.
Sans oublier la répression et la torture organisées à l’encontre de milliers de personnes dans Xinjiang (NDLR : la région autonome ouïghoure)», résume Olivier Pirot.