Post Luxembourg l’assure, le déploiement de la 5G ne signifie pas une multiplication démesurée d’antennes dans le pays.
Les antennes télécoms sont rarement les bienvenues dans le paysage. «Personne n’a envie d’avoir une antenne à côté de chez soi», est d’ailleurs conscient Cliff Konsbruck, directeur de Post Luxembourg.
Pour autant, l’opérateur historique possède un peu plus de 400 antennes sur le territoire. «On ne peut pas mettre des antennes comme on veut, il y a des procédures qui sont souvent très longues», ajoute Pierre Scholtes, chef du département Technologies de transport de Post. De plus, l’opérateur télécom ne semble pas vouloir inonder le pays d’antennes, même avec le déploiement programmé de la 5G.
La multiplication des antennes et les possibles effets nocifs pour la santé, auxquels s’ajoute la dégradation du paysage urbain et rural, figurent parmi les craintes du grand public. Mais Post l’assure, l’installation de la 5G ne va pas multiplier de façon exponentielle le nombre d’antennes. «Nos antennes actuelles sont relativement récentes et elles pourront être utilisées pour la couverture 5G concernant les fréquences allant de 700 MHz à 2 000 MHz. Il n’y aura pas de nouvelles antennes sur nos sites. Cependant, nous devrons renouveler et moderniser certains d’entre eux», précise Pierre Scholtes.
«Optimiser la consommation énergétique»
D’un autre côté, Post va devoir équiper ses installations de nouvelles antennes pour la fréquence 3 600 MHz de la couverture 5G. D’ici à 2024, Post aura un minimum de 80 sites pour cette fréquence. Là encore, l’opérateur explique vouloir faire les choses avec intelligence. «Nous essayons de rationaliser les sites avec les autres opérateurs afin de regrouper et partager les installations», explique Cliff Konsbruck. «On ne va pas cacher que parfois il y a plusieurs piliers avec des antennes à quelques mètres de distance. Et l’on peut se demander pourquoi tout n’a pas été mis sur un seul pilier. Mais c’est qu’un des piliers n’a pas été conçu à l’origine pour supporter autant de poids ou pour résister au vent avec davantage d’antennes», assure Pierre Scholtes.
Autre avantage, les nouvelles antennes servant à la technologie 5G seraient plus intelligentes : «Elles envoient un signal seulement quand c’est nécessaire. Nous pourrons optimiser les émissions électromagnétiques et la consommation énergétique», souligne Pierre Scholtes.
Les antennes actuelles sont passives. C’est-à-dire qu’elles émettent en continu, quelle que soit l’activité dans son rayon d’action. Les antennes dites intelligentes vont pouvoir cibler l’activité et s’arrêter d’émettre quand il n’y en a aucune dans leur zone.
Le smartphone plus dangereux que l’antenne
Pour les «anti-5G», les antennes et leurs rayonnements auraient une répercussion sanitaire tant sur l’être humain que sur la nature. Pour Cliff Konsbruck, le problème ne se trouve de toute façon pas au niveau des antennes mais bien du smartphone : «L’antenne en soi n’est pas un réel problème dans la mesure où l’intensité du rayonnement d’une antenne baisse fortement avec la distance, et l’on est rarement très proche de l’antenne. De plus, nous sommes largement en dessous des normes européennes en ce qui concerne les effets thermiques des rayonnements des antennes mobiles. La limitation européenne est à 41 volts/mètre et au Luxembourg cette même limite est à trois volts par mètre. Ce qui est plus préoccupant, c’est le smartphone. Quand un téléphone capte mal le signal de l’antenne, il émet avec une intensité plus importante et jusqu’à 10 à 100 fois supérieure à celle des antennes mobiles afin de pouvoir capter le signal.»
Le directeur de Post Luxembourg plaide donc pour une meilleure couverture du réseau afin d’améliorer la qualité du signal capté par les smartphones et réduire l’intensité avec laquelle ces appareils émettent. «La meilleure protection pour la santé réside dans une utilisation responsable du téléphone. Il faut privilégier les écouteurs pour un appel de plus de 30 minutes, ne pas porter le téléphone en permanence sur soi ou encore mettre l’appareil en mode avion la nuit sur la table de chevet», conseille Cliff Konsbruck.
Jeremy Zabatta