D’un côté, Luxembourg, capitale nationale, une des trois capitales européennes, siège de nombreuses institutions, place financière internationale, de loin la ville la plus importante et la plus peuplée du pays. De l’autre côté, Trèves, ville autonome située à un jet de pierre de la frontière, quatrième ville la plus peuplée de la Rhénanie-Palatinat, plus vieille ville allemande fondée il y a plus de 2 000 ans, ville appréciée pour ses commerces et son université.
Depuis décembre 2015, la population de la Ville de Luxembourg dépasse le seuil de 110 000 habitants. Du coup, son nombre d’habitants dépasse celui de la ville de Trèves, une première dans l’histoire plus que millénaire de notre capitale! Pendant de longues années, en effet, sa population n’avait guère évolué. Si le recensement de 1970 indique 76 200 habitants, celui de 2001 parle de 76 700 habitants. Mais en 30 ans, la structure interne de la population est devenue toute autre : quelque 23 000 Luxembourgeois avaient été remplacés par un nombre équivalent de résidents étrangers, ce qui avait fait passer leur taux de présence de 25 % à 55 %.
À Trèves, l’évolution démographique a été beaucoup moins agitée. Depuis quelques années, l’heure est à la croissance (due principalement à l’arrivée de Français, de Polonais et de Luxembourgeois), mais à un rythme bien moindre qu’à Luxembourg.
La croissance de la Ville de Luxembourg est évidemment conditionnée par la dynamique nationale. En 2005, le Grand-Duché comptait 461 200 habitants. Dix ans plus tard, ils ont été 563 000, soit un cinquième de plus. Aujourd’hui, nous avons très probablement dépassé la barre des 575 000 habitants. Cette évolution est essentiellement due à l’immigration, et c’est particulièrement vrai pour la Ville de Luxembourg.
En 2005, alors que la Ville de Luxembourg avait encore sensiblement moins d’habitants que Trèves, elle comptait déjà six fois plus de résidents étrangers. Et sept fois plus en 2015. À l’échelle du quartier urbain – Luxembourg en compte 24, Trèves 28 – la différence devient encore plus manifeste.
La Ville ne compte plus qu’un seul quartier, le Cents, avec moins de 50 % d’étrangers. Dans onze quartiers, le taux de présence étrangère est compris entre 70 % et 80 %. À la Gare, il dépasse 84 %. À Trèves, par contre, il n’y a que six quartiers avec plus de 10 % d’étrangers; dans cinq de ces six quartiers, leur proportion ne dépasse pas 15 %. Seule exception, le quartier «Nells Ländchen», avec plus de 40 % d’étrangers. C’est un quartier d’habitation d’origine plutôt récente situé au nord de la ville, caractérisé par des taux de chômage et de pauvreté particulièrement élevés.
Luxembourg et Trèves se portent bien. Luxembourg est sorti du sommeil de la Belle au bois dormant. La Ville se développe à une vitesse époustouflante. C’est positif du point de vue de l’aménagement du territoire, dans ce sens que cela permet de freiner la périurbanisation et le mitage de l’espace. Seul bémol : les conditions d’accessibilité. À Trèves, les choses bougent aussi. La ville est devenue plus variée et plus internationale. Au 1er janvier 2013, Trèves comptait 656 Français (7,3 % de la population étrangère), 651 Polonais (7,2 %) et 562 Luxembourgeois (6,2 %), les derniers étant majoritairement des étudiants. Quelque 600 Luxembourgeois à Trèves et 4 000 Allemands à Luxembourg. Vive la diversité!
Claude Gengler