Participation démocratique, logement, développement urbain : c’est notamment sur ces questions que déi Lénk estime avoir des cartes à jouer face aux autres partis.
Dimanche a eu lieu le congrès extraordinaire de déi Lénk à Dudelange, à quelques mois des élections communales.
C’est vêtue d’un tailleur, avec un sac à main sur le haut du bras, que Carole Thoma a pris la parole hier au congrès extraordinaire de déi Lénk. Le préciser ici serait déplacé s’il ne s’était pas agi de la part de la porte-parole du parti de gauche d’une action pour dénoncer la campagne ratée du ministère de l’Égalité des chances, qui s’était imaginé promouvoir le vote féminin aux communales avec des affiches d’élus sur lesquelles (honni soit qui mal y pense) elles étaient encore une fois sous-représentées…
«Articuler les conflits»
Mais le geste de Carole Thoma faisait également référence à la campagne «Madame on Tour» du LSAP en 2016, non moins irréfléchie et qui «de façon consciente ou inconsciente a continué de mettre des bâtons dans les roues des femmes». Contrairement aux autres partis, déi Lénk cherche avant tout à «rendre fortes les femmes»tout comme il s’agira pour le parti de faire campagne pour une politique conséquente en matière de logement, basée sur une participation maximale des citoyens au niveau communal. Trois résolutions allant dans ce sens (participation démocratique, politique de logement, développement communal) ont d’ailleurs été adoptées hier matin à la maison syndicale de Dudelange. Pour «le 8 octobre», Carole Thoma appelle à «briser toutes les majorités» afin d’apporter le changement.
Aux yeux de Patrizia Arendt, conseillère communale à Sanem, la démocratie ne pourra progresser au niveau communal qu’à travers l’organisation d’Assises de la citoyenneté, un pacte d’intégration en soutien aux réfugiés et aux immigrés ainsi que la recommunalisation de la gestion de l’eau et de l’électricité, notamment.
Gary Diderich, conseiller communal à Differdange et porte-parole de déi Lénk, a d’abord tenu à rappeler que si le logement est à présent devenu une priorité pour les autres partis, «au pied du mur», ce serait grâce à la mobilisation de déi Lénk. Citant Gilles Hempel de l’Agence immobilière sociale (AIS), l’homme de gauche a évoqué la «perversité» qu’il y a de parler d’un marché soi-disant «libre», alors qu’il serait aux trois quarts entre les mains des promoteurs et de quelques propriétaires privés. Et de rappeler que les communes peuvent bénéficier d’une aide publique pour construire du logement social.
Or comme le souligne dans son allocution Guy Foetz, conseiller communal à Luxembourg, «les décideurs libéraux font le jeu des profiteurs». Afin de faire valoir le droit des communes, l’économiste propose donc l’établissement de lignes directrices, une évaluation de la situation à partir de la collecte de données, des réunions de quartiers et des plans d’avenir qui portent sur dix ans plutôt que sur la seule période législative en cours. Tout cela dans le souci de réduire l’influence des promoteurs, propriétaires de terrain qui leur coûtent une taxe foncière appréciable tout en leur assurant des bénéfices de l’ordre de 20 % à 30 % au moment de les vendre. «La planification urbaine, a insisté Guy Foetz, n’est pas neutre. Elle provoque nécessairement des conflits et ces conflits doivent être articulés publiquement. Il est donc permis de prendre position.»
Frédéric Braun