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Défense des patients : pour une loi hospitalière plus flexible


La Patiente Vertriedung milite notamment pour la création d'un "TripAdvisor" des hôpitaux, les obligeant à publier régulièrement un rapport sur la qualité de leurs soins, consultable par le public. (illustration Jean-Claude Ernst)

La Patiente Vertriedung, l’association de défense des patients, a présenté ses revendications concernant le projet de loi hospitalière. Sur la nouvelle gouvernance des établissements, elle s’oppose aux médecins.

« L’OCDE établit des rapports sur le niveau de corruption et rend régulièrement visite aux États et cette mesure sera un exemple de lutte contre la corruption », lâche sans concession le président de l’association de défense des droits des patients (Patiente Vertriedung), René Pizzaferri, lundi matin en conférence de presse. Voilà qui va sans doute exaspérer les médecins qui luttent contre un projet de loi qui met en danger leur liberté thérapeutique, selon eux, alors que l’organe représentant les patients salue au contraire la nouvelle gouvernance hospitalière.

L’exemple que défend le président, qui est également syndicaliste à l’OGBL, se réfère à la mise en place de standards thérapeutiques et surtout, dans le cas présent, au matériel que les médecins pouvaient commander, alors que c’est le gestionnaire de l’hôpital qui s’en chargera dorénavant.

«On cite souvent l’exemple des prothèses de hanche, mais c’est un bon exemple, illustre René Pizzaferri. Les médecins pouvaient commander leur propre matériel et en tant que bon client auprès d’un fournisseur, il touchait en plus des primes ou des avantages en nature. Je rappelle que c’est l’hôpital et la Caisse nationale de santé qui paient ce matériel et c’est le médecin qui profite des primes.»

Il est donc tout naturellement opposé au droit de veto que réclame l’Association des médecins et médecins-dentistes (AMMD) concernant les décisions relatives à la standardisation des techniques thérapeutiques. «Ils disposent gracieusement d’une infrastructure et de personnels payés par les deniers publics, et ils veulent encore avoir un droit de veto, c’est quand même exagéré», estime le président de la Patiente Vertriedung.

TripAdvisor pour hôpitaux

Lundi, l’association présentait ses revendications relatives au projet de loi sur les établissements hospitaliers et la planification hospitalière, et ce point ne figurait pas parmi les articles commentés. En revanche, en parlant de gouvernance, René Pizzaferri et les siens aimeraient avoir voix au chapitre. Et notamment être représentés au sein de la Commission permanente pour le secteur hospitalier, du Comité d’éthique hospitalier, du Comité de gestion interhospitalière et de la Commission consultative de la documentation hospitalière.

«Pour que les choses soient claires, il faudrait que la Patiente Vertriedung soit nommément citée dans la loi, et pas seulement un représentant des patients et usagers, c’est trop vague», estime Georges Clees.

Autre revendication, la création d’une «liste blanche», à l’image de la «Weisse Liste» en Allemagne. Elle correspond à l’obligation qui pèse sur les hôpitaux de publier régulièrement un rapport sur la qualité des soins qu’ils offrent, consultable par le public. «Ceci devrait se faire dans le but, pour le patient comme pour le médecin, de choisir le meilleur hôpital pour telle intervention», explique Michelle Wennmacher. On devrait y trouver des informations concernant le type d’opération réalisé, son taux de réussite et les raisons de ses échecs.

En Allemagne, ce genre de TripAdvisor pour hôpitaux a porté ses fruits, puisque les établissements améliorent toujours davantage leurs indicateurs de qualité qui mesurent leur performance. L’association des patients rêverait d’un tel système au Luxembourg.

Pour le reste, Georges Clees a passé en revue les autres attentes des patients. Au chapitre de la chirurgie ambulatoire, l’association aimerait que des cas particuliers soient pris en considération. Par exemple, la personne âgée vivant seule qui se casse les deux poignets devrait pouvoir bénéficier d’un séjour à l’hôpital et ne pas être renvoyée chez elle après une chirurgie ambulatoire.

Parmi les revendications, relevons encore la création d’une clinique spécialisée en médecine de l’environnement et pas seulement un service de diagnostic et de traitement. Pour le Laboratoire national de santé, il faudrait, selon les patients, lui accorder plus de personnels et de moyens financiers afin que les délais d’attente soient raccourcis. «Ils sont encore beaucoup trop long pour certaines analyses», souligne Georges Clees.

Quant au nombre maximal de lits pouvant être autorisé au niveau national, le chiffre ne devrait pas figurer dans la loi mais dans un règlement grand-ducal plus souple à adapter aux besoins d’une population grandissante et vieillissante.

Geneviève Montaigu