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Déchets verts : le fioul de demain


La pollution aux particules fines a des causes multiples : phénomène climatique, chauffage domestique, diesel... et les tonnes de déchets verts brûlés chaque année. (photo Hubert Gamelon)

Un plan de valorisation des déchets verts (branche, coupe) issus du secteur professionnel est lancé. Le but ? Fabriquer du combustible écolo. Pour le moment, ces déchets sont massivement brûlés et participent à la pollution aux particules fines.

C’est un bilan peu flatteur qu’a dressé Camille Gira à propos de la gestion des déchets verts (branche, haie, taille de vigne, etc.) sous l’ère CSV. Le secrétaire d’État au Développement durable et aux Infrastructures n’a pas nommé le parti d’opposition. En déplacement jeudi à Bettange-sur-Mess, il s’est contenté d’un constat : «Depuis 1994, la loi interdit aux professionnels de brûler leurs déchets verts. Mais les agriculteurs et les viticulteurs ne l’ont jamais respectée, faute d’alternatives proposées.»

Pourtant, la combustion de ces déchets a des conséquences terribles : elle libère des particules fines très nocives pour la santé, à l’image du diesel ou des cheminées vétustes. On l’oublie souvent, mais au Grand-Duché, la majorité des particules fines émises découle de l’agriculture (l’épandage des engrais est un autre vrai problème) et du chauffage : plus de 60% à eux deux ! Mercredi, la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, avait rappelé un chiffre vertigineux aux viticulteurs : «Brûler 50 kilos de bois de taille émet autant de particules fines que de rouler 10 000 km avec un diesel» (lire notre édition d’hier). Bref, il était temps d’agir !

Gagner en chauffage, réduire la pollution

Camille Gira a annoncé un plan de valorisation des déchets verts. Concrètement, chaque professionnel va pouvoir donner ses déchets au broyage, par un système de récolte de proximité. Osons la comparaison : ça ne sera pas plus compliqué que de sortir ses sacs de tri ! «Le gouvernement finance le système à hauteur de 200 000 euros, précise Camille Gira. Le but, à la fin, est de récupérer les copeaux pour du chauffage urbain. Nous visons 600 habitations cette année.»

Le secrétaire d’État maîtrise son sujet : c’est exactement la réforme qu’il a lancée à Beckerich en tant que bourgmestre, avec l’acquisition d’une chaudière collective à copeaux en 2008. «Lorsque les copeaux sont brûlés dans des chaudières modernes, les émissions de particules sont très restreintes.»

Le système va être centralisé par le Maschinen und Betriebshilfsring (MBR) Lëtzebuerg. Cette institution va gérer la collecte et l’acheminement des déchets vers les centres de broyage. Pour assurer un maillage optimal du territoire, 40 centres de collecte sont mis en place chez des agriculteurs qui louent une partie de leur terrain à l’État. Ces collecteurs intermédiaires, à l’image de la société Gilles Joël de Bettange-sur-Mess, y voient une opportunité de complément de revenu, notamment en basse saison… l’époque où l’on brûle le plus de déchets verts.

L’ambition, à terme, est de remplacer un maximum de chauffage à l’énergie fossile (gaz, fioul) par ce nouveau combustible de proximité. Là encore, Camille Gira sait de quoi il parle. «On peut imaginer une rémunération des agriculteurs par la suite, glisse-t-il. À Beckerich, nous rémunérons à hauteur de trois ou quatre euros le mètre cube de déchets verts.»

Hubert Gamelon

Et les particuliers ?

La loi interdit aux professionnels de brûler leurs déchets verts. Il existe en revanche une tolérance pour les particuliers, puisque les feux de camp sont autorisés, et que n’importe quel feu peut être considéré ainsi…

Toutefois, brûler son sapin de Noël ou ses tailles d’arbuste est très polluant (émission de particules fines) ! L’administration de l’Environnement recommande donc différentes méthodes alternatives : compostage pour les feuilles et la paille, acquisition d’un broyeur pour les branches ou tout simplement dépôt des déchets verts en déchetterie.