Alors qu’avec les bonnes résolutions, les abonnements aux salles de sport explosent traditionnellement en janvier et février, pour la deuxième année consécutive, les professionnels du fitness s’attendent à de nouvelles pertes.
Les mois de janvier et février, c’est de loin la période la plus importante. Ça devrait être notre haute saison», se désole Charel Trierweiler, directeur du Factory 4 à Luxembourg-Gasperich, alors que le régime 2G+ imposé aux salles de sport pour ces deux prochains mois lui fait craindre le pire pour son chiffre d’affaires. Une fois de plus.
«En 2021, on était fermés, donc il a fallu faire une croix sur ces mois pourtant cruciaux et 2022 commence dans un contexte très strict. C’est très compliqué», note le président de la toute nouvelle Fédération luxembourgeoise de fitness, constituée l’an dernier précisément «pour avoir une voix au niveau politique».
Grâce à cette initiative, le secteur a pu intégrer le cercle des activités considérées comme vulnérables économiquement et percevoir des aides de l’État. Un soutien pourtant loin de suffire, vu les spécificités propres aux salles de sport.
«Contrairement aux restaurateurs et cafetiers qui, simplement en ouvrant leurs portes, peuvent faire le plein de clients, nous travaillons avec des abonnements. Or notre secteur, qui représentait environ 40 000 adhérents avant la crise sanitaire, a désormais perdu 40 % de sa clientèle. Et ça s’aggrave encore depuis l’entrée en vigueur du 2G+», explique Charel Trierweiler, qui indique que tous les centres de fitness du pays sont aujourd’hui en déficit.
«Trois centres ont déjà mis la clé sous la porte»
Le président de la fédération estime que si les clients sont prêts à faire l’effort de se tester pour aller au restaurant, il n’en est pas de même pour la pratique sportive régulière, plusieurs fois par semaine. Il souligne que plusieurs faillites ont déjà eu lieu et en appréhende d’autres pour les mois à venir.
«Trois centres ont déjà mis la clé sous la porte. Et ce n’est qu’un début. C’est parti pour durer des années avant de retrouver le niveau d’avant-crise», prévient Charel Trierweiler. «Pour notre secteur, travailler normalement veut dire être déficitaire : on est ouverts oui, mais on crée des pertes supplémentaires chaque mois. Ceux qui n’ont pas la trésorerie nécessaire vont disparaître.»
Le Factory 4 n’est pas épargné et a perdu 40% de ses membres en deux ans. Si jusqu’ici les 13 salariés de l’établissement ont pu être maintenus à leur poste, c’est notamment grâce au chômage partiel, tandis que la période s’est avérée extrêmement difficile pour la douzaine de coachs indépendants rattachés au club qui ont été contraints de trouver des heures de travail ailleurs durant les périodes de fermeture.
Des conditions aussi dures qu’une fermeture
De nombreux frais ont aussi été engagés dès le début de la crise pour sécuriser les lieux : «On a monté des murs pour diviser nos salles, lancé une application pour réserver des créneaux, investi dans des purificateurs d’air, doublé le matériel de désinfection et renforcé notre équipe de nettoyage», liste ainsi Charel Trierweiler, un peu amer face aux nouvelles restrictions, alors qu’il a le sentiment d’avoir tout fait.
Et il insiste sur un point : le secteur du fitness, qui permet à chacun de se maintenir en forme et de booster son système immunitaire, fait partie de la solution et devrait être davantage soutenu à ce titre. «Travailler dans ces conditions hyperstrictes, pour nous, c’est aussi dur financièrement que d’être fermés. Or une fermeture signifie des aides», note-t-il, demandant au gouvernement de ne pas laisser tomber le secteur du fitness.
«Notre problème ne sera pas résolu avec la relance. Nous n’aurons pas d’un coup 700 clients devant la porte prêts à signer un nouveau contrat d’abonnement. C’est pourquoi on espère un accompagnement sur le long terme», tranche-t-il.
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2G+ et activité physique : ce que dit la loi
La dernière loi covid entrée en vigueur le 27 décembre autorise la pratique sportive, mais sous conditions renforcées vu la progression récente du virus.
Jusqu’à dix participants, pas d’obligation du port du masque ni de distanciation. En groupe de plus de dix personnes, application du régime Covid Check 2G+ : chaque participant âgé de plus de 19 ans doit être vacciné ou rétabli (2G) et se soumettre, en plus, à un test de dépistage s’il n’a pas encore reçu la dose de rappel (2G+).
En club affilié à une fédération agréée, seuls les sportifs professionnels peuvent poursuivre sous le régime 3G (vacciné, rétabli ou testé), tout comme les moins de 19 ans. Les autres sont, eux, soumis au 2G+ dès que l’entraînement ou la compétition dépasse dix participants.
Ces mesures sont applicables également aux centres wellness, piscines et, plus globalement, à toute activité de culture physique, jusqu’au 28 février.
Christelle Brucker
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