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Débat sur la croissance : bienvenue au pays des contes


Pour l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL), le vrai débat sur la croissance est miné par des « berceuses ».

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L’UEL explique que l’endettement du Luxembourg, quoique « raisonnable », augmenterait à un « rythme galopant » entraînant un « renchérissement des frais de financement » qui finira par fragiliser la place financière. (Photo : archives)

Pour évaluer la réaction du Luxembourg à la crise de 2008, l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) n’y va pas par quatre chemins. Dans un communiqué, l’association constate rétrospectivement que le pays n’aurait pas réagi de manière appropriée. Pire, il aurait camouflé les problèmes derrière un « endettement excessif ».

Ce qui peine particulièrement les entrepreneurs dans ce contexte, c’est que le débat national ne porte pas sur les questions fondamentales. Même s’il est toujours temps d’agir, l’UEL, qui réunit quelque 34 000 entreprises (« les forces vives ») avec en moyenne 50 employés, regrette que le pays se laisse guider par des visions réconfortantes, des « berceuses » qui feraient croire que tout va bien.

La première de ces « berceuses » concerne l’endettement du pays, dont on dit qu’il est minime. En réalité, précise l’UEL, l’endettement du Luxembourg, quoique « raisonnable », augmenterait à un « rythme galopant » entraînant un « renchérissement des frais de financement » qui finira par fragiliser la place financière. Alors, seule une politique d’austérité « dévastatrice » pourrait la sauver.

> Les entreprises sont mises à contribution

L’UEL conteste aussi la version selon laquelle l’État ne serait pas déficitaire. Selon elle, l’État central s’endette pour compenser les cotisations sociales, ce qu’elle qualifie de « vol pur et simple des cotisations ».

D’ailleurs, le financement du système de pensions constitue une autre « berceuse », son financement étant tout sauf solide : les réserves étant insuffisantes, le système serait financé depuis longtemps par la croissance exponentielle, et non par la répartition – la plus grande menace pour le pays, d’après l’UEL.

Concernant le gouvernement actuel, l’association estime qu’il est faux de ramener ses décisions à un choix de politique d’austérité. Il faudrait plutôt parler de « retour à la raison » après les « excès du passé ».

Cinquième « berceuse » : les économies dans le fonctionnement de l’État. En réalité, dit le communiqué, les coûts, financés par endettement, n’auraient cessé d’augmenter au cours des dix dernières années.

Ensuite, l’UEL n’accepte pas non plus qu’on reproche aux entreprises de ne pas contribuer à l’effort national. Et de mettre en avant que le paquet d’avenir du gouvernement, en dépit de la crise, touchera les entreprises à hauteur de 200 à 250 millions par an.

Il serait tout aussi faux de dire que les entreprises bénéficieraient d’avantages fiscaux par rapport aux particuliers. Si les entreprises paieraient moins d’impôts, ce serait parce que leurs revenus auraient baissé. L’UEL remarque en outre que l’augmentation de la TVA atteindra directement les entreprises.

Enfin, les entreprises se défendent contre la « berceuse » qui voudrait faire croire que le Luxembourg ne connaît pas de problème de compétitivité. Il perdrait du terrain au contraire, avec l’inflation structurelle, un coût de la production en hausse et une croissance du chômage.

Voilà pourquoi l’Union des entreprises adresse un appel pour un débat loin des « contrevérités » sur l’état de la nation qui sont véhiculées.

De notre journaliste Frédéric Braun