Le Luxembourg veut devenir leader dans le secteur des centres de données. Mais ils sont très énergivores et doivent être refroidis par de puissants climatiseurs.
Les données informatiques sont le moteur de la nouvelle économie. Mais leur stockage n’a rien de virtuel. Pour les conserver, les géants de l’internet multiplient les data centers à travers la planète. Il s’agit généralement de halls où s’alignent des milliers de serveurs où sont stockées et partagées les données. Ces serveurs demandent une alimentation permanente en électricité. Pour leur fonctionnement propre d’abord mais aussi pour les refroidir avec de puissants systèmes de climatisation, car ils dégagent beaucoup de chaleur. Une étude française compare la consommation électrique d’un data center de 10 000 m2 à celle d’une ville de 50 000 habitants.
Pour cette raison, de nombreuses entreprises ont installé leurs centres dans les pays scandinaves, au plus près du cercle polaire, afin de réduire facture énergétique et empreinte écologique en récupérant le froid extérieur.
Avec l’essor du cloud computing, tout indique que les centres de données se multiplieront en nombre et en taille dans les années à venir. Pour diversifier son économie, le Luxembourg veut se positionner en leader dans ce secteur. Il existe déjà des data centers conséquents, comme celui de Post Group. Plus original, l’Estonie, victime d’une vaste cyberattaque russe dans les années 90, a établi une e-ambassade au Grand-Duché afin d’y protéger sous statut diplomatique une copie de l’ensemble de ses données.
Silences gênés et réactions agacées
Il y a évidemment le projet de Google à Bissen, où le géant américain prévoit d’investir un milliard de dollars et a acquis un terrain de 37 hectares. Il est aussi question de transformer la gare souterraine jamais mise en service sous le Findel en centre de données. Se pose dès lors la question de leur alimentation, sachant que le Luxembourg est dépendant de l’étranger pour son approvisionnement en électricité.
Ces derniers mois, Le Quotidien a plusieurs fois interrogé des responsables politiques et économiques sur le sujet de Google. En mai dernier, la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, se voulait rassurante: «Google cherche à fonctionner à l’énergie verte, qui est aussi un élément de marketing.» Cette déclaration avait le mérite d’apporter une réponse, aussi laconique qu’elle soit, car l’énergie verte n’est pas disponible en quantité suffisante au Grand-Duché, mais Google s’engagerait à en produire in situ.
Plus généralement, ce sont des silences gênés ou des réactions agacées qui sont opposés à cette question dont on fait mine de s’étonner. Plus loquace, un responsable d’une organisation patronale reconnaît que la question de l’énergie est aussi centrale dans le dossier Google que l’avait été la difficile acquisition des terrains.
F. G.
Il faut arrêter de se voiler la face: si le Luxembourg importe beaucoup d’électricité de l’étranger , c’est parce qu’on le veut bien ! Installons des panneaux solaires sur l’ensemble des toitures et vous allez voir la différence !