Le Centre thérapeutique Manternach prendra désormais en charge les femmes enceintes présentant un problème de dépendance à des substances illicites. Un nouveau projet pour répondre à une demande croissante depuis plusieurs années.
Éviter une rupture et le placement d’un enfant. Voilà en quelques mots comment résumer le nouveau projet « parent-enfant », qu’a développé le Centre thérapeutique Manternanch, dans l’Est du pays, pour prendre en charge les femmes enceintes toxicomanes. Au cours de ces dernières années, l’équipe du CTM a accompagné un nombre croissant de femmes enceintes présentant un problème de dépendance à des substances illicites.
Une demande croissante, avec des besoins spécifiques. «Ce programme constitue souvent l’unique chance pour le parent toxicomane de rester près de son enfant et d’éviter une rupture, voire, le placement de l’enfant. Grâce à la convention récemment signée entre la Rehaklinik et le ministère de la Santé, ce projet dispose désormais d’un cadre légal et d’un financement propre, éléments essentiels pour l’amélioration de l’encadrement parent-enfant au sein du CTM», a souligné le Dr Michel Nathan.
La loi actuelle sur l’assurance maladie ne prévoit aucune prise en charge des enfants qui accompagnent leurs parents en thérapie. Dans les pays voisins tels que l’Allemagne ou bien la Belgique, une telle prise en charge existe et la CNS rembourse un tarif équivalent à celui prévu par la loi respective.
Entre 2019 et 2021, 12 femmes ont été accueillies au CTM, dont 10 avec leur enfant et 2 femmes enceintes. L’âge des enfants a varié entre 4 semaines et 3 ans. Actuellement, le centre thérapeutique dispose de 4 places dans le cadre du projet «parent-enfant», une augmentation des capacités nécessiterait obligatoirement un élargissement des locaux.
Le bien-être de l’enfant et du parent avant tout
Actuellement, une mère accompagnée de son enfant passe un mois au CTM pour une phase de stabilisation et d’intégration. Cette phase permet de faire connaissance et d’observer la relation parent-enfant. Ensuite les mesures d’encadrement de l’enfant (crèche) et de soutien de parent (services extérieurs) sont mis en place. Cela permet aux parents de participer aux ateliers thérapeutiques, aux groupes psychothérapeutiques, d’avoir des entretiens individuels avec leurs psychologues et d’apprendre à organiser leur vie quotidienne. Ceci dans le but également d’aider les parents à accroître leurs compétences et leurs ressources, et de les appuyer dans leurs efforts de créer pour leur enfant un environnement favorisant son développement à tous les niveaux.
Une deuxième mère a été accueillie récemment, dont le retour de son enfant est en phase de préparation. Deux parents sont actuellement inscrits sur la liste d’attente.
«Notre principale préoccupation doit être le bien-être de l’enfant, mais aussi de ses parents. Afin d’éviter le placement de l’enfant dans un foyer ou une famille d’accueil, le SCAS/Tribunal de la jeunesse peut obliger un parent toxicomane de faire une thérapie. Suivre cette thérapie en compagnie de son enfant est doublement bénéfique : elle renforce le lien parent-enfant et minimise le risque de rechute», a précisé la ministre de la Santé, Paulette Lenert.
Minimiser le risque de rechute
Grâce au projet «parent-enfant» du CTM, deux retours d’enfants placés au préalable dans un foyer et une famille d’accueil, ont pu avoir lieu en 2021. «Ce sont des moments précieux comme ceux-ci qui nous démontrent à quel point le lien parent-enfant est bénéfique pour la réussite thérapeutique. L’accompagnement de l’enfant améliore et stabilise le parent dans son programme et le renforce dans son projet de rétablissement», se réjouit Michèle Rech, responsable-soignante du CTM.
«D’autant plus, qu’au-delà de la thérapie proprement dite ici au Syrdall Schlass, nous assurons également le suivi des parents et de leurs enfants.» Pour cela, le CTM collabore avec plusieurs partenaires externes, qui assurent le suivi des familles (Service parentalité JDH, Families first, Crèche Kiddies, Rééducation précoce, maternité, etc.) Ce réseau d’aide interne et externe renforce la stabilisation et minimise aussi le risque de rechute.
Le Centre thérapeutique Manternach pour personnes dépendantes de substances illégales est une unité de la Rehaklinik du CHNP et peut accueillir jusqu’à 25 personnes, suivant éventuellement un traitement de substitution à la méthadone.
L’équipe multidisciplinaire offre une prise en charge thérapeutique individualisée, adaptée aux besoins spécifiques de la personne dépendante avec le but d’augmenter, dans la mesure du possible, la qualité de vie et de permettre une vie autonome et abstinente. Le CTM est le seul centre thérapeutique sur le plan national et des pays voisins qui accueille des femmes enceintes et des parents substitués à la méthadone avec leurs enfants.