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CSV : le référendum pour les nuls


Pour Marc Spautz, le gouvernement ne fait assez pour informer la population sur le référendum. (photo Didier Sylvestre)

Le parti chrétien social a présenté ce lundi sa campagne en vue du référendum du 7 juin. Plutôt que par les arguments, c’est semble-t-il par la peur que le CSV veut mobiliser les voix du «non», analyse notre journaliste Frédéric Braun.

On ne peut que donner raison au Premier ministre qui a qualifié, dimanche, de «tactique de la peur» la campagne de référendum du CSV. Car à tous ceux qui pour une raison ou une autre se seraient mis à lorgner le camp du oui, le Parti chrétien-social adresse un «attention!» digne des invectives d’un bureau de propagande, suivi du sous-titre sibyllin  : «Une croix est vite faite», destiné à interpeller directement l’électorat du CSV en semant la psychose.

La campagne que mène le Parti chrétien-social montre sur quoi il table : à savoir l’esprit grégaire d’une partie de son électorat. Les couleurs gaies du parti sur lesquelles se détachent ces paroles n’y changent strictement rien. Pas plus que le conseil qui se trouve en bas de l’affiche et qui dit «Soyez bien informés pour le référendum», sous-entendu  : «car toi, tu ne l’es pas.»

Les conséquences «éventuelles»

Mais qui parle ici? À qui? Et à propos de quoi? Visiblement «on» ne s’adresse à personne en particulier. Et c’est bien ce que le CSV recherche  : le je, tu, il, elle, etc. qui ne vise personne, mais est tout juste suffisamment sensible pour que les mots ne tombent pas dans l’oreille d’un sourd. Pourquoi? Pour que les électeurs ne participent pas au référendum sans s’être au préalable «préoccupés des questions [du référendum] et leurs conséquences éventuelles». Quelles conséquences? Là-dessus, le CSV reste évasif ou, du moins, peu convaincant.

Ainsi, à propos de l’ouverture d’un droit de vote facultatif aux jeunes de 16  ans, le parti craint qu’elle ne transforme un jour le vote obligatoire en «l’exception». Ou encore que la limitation des mandats ministériels à 10  ans consécutifs puisse politiquement affaiblir le Luxembourg, qui ne disposerait plus alors de politiciens «expérimentés» sur le front international. Quant à savoir quelles seront les conséquences liées à l’attribution du droit de vote aux législatives aux étrangers, le CSV laisse chacun imaginer ce qu’il veut. Il donne néanmoins à penser qu’il y a un «lien étroit entre élections nationales et nationalité», que «la nationalité est un facteur d’intégration plus efficace» ou encore «qu’aucun pays européen ne distingue entre droit de vote et nationalité».

Lorsque dire non voudra dire oui

Il s’agit là d’observations et non de conséquences, bien qu’elles insinuent que le 7 juin, tout serait en jeu. Le CSV n’est donc pas intéressé par une discussion de fond, mais se contente de faire blocus en accusant le gouvernement de ne pas informer la population. Mais si le CSV use ainsi de tactiques populistes, elles reflètent surtout ses propres angoisses.

Comme l’ont une nouvelle fois reconnu le président du parti, Marc Spautz, et son secrétaire général, Laurent Zeimet, ce lundi, le premier parti de l’opposition se réserve le droit de prendre en compte le résultat du référendum… C’est aussi la raison pour laquelle le parti ne se veut pas le relais du non, mais d’un non «de la porte ouverte» comme l’a décrit un jour le chef de la fraction CSV à la Chambre, Claude Wiseler. Oui à la participation des jeunes à la chose politique, non au droit de vote à 16 ans, etc.

À moins que le miracle de la transfiguration du non qui devient oui, auquel le CSV nous invite ici, n’ait pour but que de désinhiber l’électeur pour lui permettre de voter trois fois non, tout en ayant la conscience tranquille.

Frédéric Braun