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CSV : « Notre slogan est peut-être ambigu »


Claude Wiseler (à droite) défend mordicus la position du CSV sur le référendum. (photo archives editpress)

Serge Wilmes, député CSV favorable au droit de vote pour tous les résidents, reconnaît une certaine ambiguïté dans le slogan pour le référendum. Mais défend la position du parti. Claude Wiseler, lui, ne voit rien d’effrayant dans ce slogan, bien au contraire. Il estime qu’il n’y a pas plus démocratique que l’invitation à venir s’informer et discuter avant de voter au référendum.

Le CSV, accusé par les partisans du oui de jouer sur les peurs, se défend de vouloir effrayer les électeurs. «C’est tout le contraire!», affirme aujourd’hui Claude Wiseler, président de la fraction chrétienne-sociale. Comment tout le contraire? «Avec cette campagne, nous voulons dire que les questions qui sont posées sont plus complexes qu’un simple oui ou non et nous demandons aux électeurs de s’informer. On souhaite expliquer et argumenter pour montrer que le non est le chemin correct», explique-t-il alors que les critiques fusent à l’égard du slogan qui claque comme un sérieux avertissement («Opgepasst!»).

À quoi les électeurs doivent-ils faire attention? « Aux questions qui sont très complexes! », répond sans hésiter Claude Wiseler. « C’est une erreur d’aborder le problème à travers toute une série de conditions contenues dans la question sur le droit de vote des étrangers, par exemple, et de demander aux gens de répondre par oui ou par non. C’est très réducteur. En 1919, le référendum relatif à la monarchie proposait quatre alternatives », rappelle-t-il en s’empressant de répéter qu’il était, de toute façon, opposé à un référendum sur le droit de vote des résidents étrangers.

« Le droit de vote est lié à la nationalité dans 99% des pays ! »

Pourquoi? « Il aurait fallu une large discussion dans le pays sur ce sujet et nous étions prêts (NDLR  :  le CSV) à nous mettre autour d’une table. La majorité a beau dire que la nationalité n’est pas liée au droit de vote, c’est pourtant le cas dans 99% des pays dans le monde! », poursuit-il.

Certes, mais le cas du Luxembourg fait figure d’exception avec ses 50  % de la population qui n’a pas voix au chapitre. « Il ne s’agit pas d’un déficit démocratique, mais d’un déficit de participation. Les étrangers qui ont déjà la possibilité de voter aux communales et aux européennes sont peu nombreux à s’être inscrits », souligne-t-il très justement.

Pour le CSV, la solution passe par une facilitation de l’accès à la nationalité, rien de nouveau. Il a même déposé une proposition de loi dans ce sens en défendant l’introduction du droit du sol. Une première.

«Une attitude d’ouverture»

C’est tout cela que les chrétiens-sociaux veulent dire aux électeurs. « Notre slogan est un appel à l’argumentation, à l’information et à la discussion. Il n’y a pas plus démocratique! », estime Claude Wiseler.

Puisque le CSV est favorable au non, pourquoi ne pas le dire clairement? «Parce que nous adoptons une attitude d’ouverture, de discussion et de responsabilité politique. Au lieu de dire non, venez vous informez, voilà ce que nous disons», insiste-t-il. Le parti est persuadé que c’était la meilleure façon d’éviter les polémiques et surtout la division…

Mieux vaut brader la nationalité? «Ce que nous voulons, c’est abolir les obstacles infranchissables, assouplir les critères linguistiques, mais cette volonté de devenir luxembourgeois m’importe beaucoup», avoue-t-il. Comme la pratique du luxembourgeois qui serait selon lui «indispensable», pour comprendre la politique en citant comme exemple la radio et la télévision. Un peu réducteur. Même les réunions publiques sont de plus en plus souvent traduites en français…

« Personne ne veut faire peur aux Luxembourgeois »

Pour Serge Wilmes, député chrétien-social favorable au droit de vote des étrangers, le slogan choisi pour la campagne lui paraît « trop ambigu ». Il déclare dans la foulée que «c’est un peu facile» de faire dire au CSV ce qu’il n’a jamais voulu dire et ce qu’il ne pense pas. «Personne ne veut faire peur aux Luxembourgeois et le droit de vote des non-nationaux ne représente pas un danger pour notre identité», estime Serge Wilmes. Mais il reconnaît que ce slogan laisse planer le doute. Il aurait préféré un slogan qui laisse entrevoir un autre message, quelque chose qui ressemblerait à  : «Oui à la participation, mais non aux propositions du gouvernement.»

«Nous n’avons rien à voir avec l’ADR et avec ce slogan, nous avons fait le jeu de ceux qui essayent de nous mettre dans une case où nous ne voulons pas nous retrouver », explique-t-il. Mais cela étant dit, la position du CSV ne lui fait pas peur et « c’est une autre manière d’intégrer les non-Luxembourgeois», en évoquant la proposition de loi de son parti visant à faciliter l’accès à la nationalité.

«Nous sommes un parti politique responsable et pour participer aux réunions d’information, je peux vous dire que jamais personne au CSV n’a fait ou dit quelque chose qui puisse faire peur aux électeurs!», conclut Serge Wilmes.

Geneviève Montaigu