Le CSV s’apprête à faire une démonstration de force lors des prochaines élections communales, mais surtout lors des législatives de 2018. Samedi, le parti a cherché la clarté et la proximité.
Le président Marc Spautz n’insistera jamais assez sur le caractère «populaire» du premier parti de l’opposition qui pourrait à lui seul rafler plus de voix que les trois partis de la majorité réunis. Pour y parvenir, en commençant par la conquête des communes, le CSV entend opter pour un langage clair qui explique bien les choix politiques, mêmes les moins plaisants, ont expliqué les ténors du parti.
Dans ce grand hall du Deich à Ettelbruck, ils étaient quelque 550 délégués et membres installés autour de grandes tables placées perpendiculairement à la scène, les chefs militaires leur tournant le dos, alignés dans les premiers rangs. C’est bien l’image d’un CSV en ordre de bataille qu’a livrée le congrès national du premier parti de l’opposition, samedi dans le nord du pays.
Et avant de partir à la reconquête du gouvernement, les chrétiens-sociaux vont s’exercer à percer dans les fiefs en brandissant fièrement l’étendard de leur parti aux élections communales du 8 octobre prochain. C’est la marque CSV que les candidats devront vendre et rien d’autre. Avec comme nouveau slogan de campagne : «Clair, proche et juste» (Kloer, no a gerecht).
«On trouve de tout sur nos listes, toutes les couches sociales!», scande le président Marc Spautz, qui s’emploie à décrire un parti «populaire», par excellence, dans lequel «tout le monde peut s’y retrouver». Et à ceux qui aiment comparer le CSV à un club de seniors, le président fait observer que «beaucoup de jeunes ont rejoint» le CSV et il fait le pari de présenter 100 jeunes sur les listes aux élections communales.
Le CSV, emmené par Claude Wiseler, tête de liste aux élections nationales de 2018, veut de la clarté. Les ténors insistent tous sur cette simplification du langage pour expliquer des choses parfois compliquées. «Souvent les gens disent qu’un tel a très bien parlé, mais qu’ils n’ont rien compris», souligne le président Spautz qui veut rendre le discours du parti plus accessible à tous.
Claude Wiseler à son tour insiste sur cette nécessaire clarté : «On doit expliquer nos politiques dans un langage clair et prendre au sérieux les soucisdes gens», lance-t-il en ajoutant un peu plus tard que dans les réunions publiques «les gens ne questionnent plus les politiques sur des problèmes de nids-de-poule sur la chaussée, mais plutôt sur des thèmes plus sérieux comme l’avenir de l’Europe».
Le scénario du seul contre tous
À côté de la clarté, il y a «la crédibilité» pour un Claude Wiseler qui cherche à afficher le profil d’un chef de file posé, «proche des gens». «La crédibilité c’est l’essentiel», dit-il. Il ne faut pas faire de promesses que l’on ne peut pas tenir. Il faut dire les choses, mêmes si elles ne sont pas plaisantes à entendre, et même dans l’opposition, ce qui est un exercice plus difficile, mais c’est le plus juste et le plus honnête. «Finalement, c’est ce que les gens attendent d’un parti comme le nôtre», observe-t-il.
Et son parti, sondage après sondage, affiche un excellent bilan de santé. Marc Spautz est le premier à s’en réjouir et moque ses adversaires de la majorité qui, à eux trois, ne parviendraient pas à battre le puissant CSV, sinon à s’acoquiner avec la Gauche pour un attelage des plus incertains. Il dresse le scénario du seul contre tous, mais compte sur toute une armée pour vaincre malgré tout.
Dans la perspective des communales, il est de bon ton de flatter les résidents qui peuvent participer tant activement que passivement à l’élection. Claude Wiseler devisera sur ce Luxembourg «accueillant et chaleureux», alors que l’invité de marque de ce congrès n’est autre que l’ancien Premier ministre portugais de centre droit Pedro Passos Coelho. Alors que Marc Spautz salue celui qui partage les mêmes origines que la principale communauté étrangère du pays, l’ancien ministre portugais prédit déjà la victoire du CSV et catapulte Claude Wiseler Premier ministre.
L’intéressé, s’adressant aux candidats pour les communales, leur conseillera «de rester fidèles à eux-mêmes» et «de dire la vérité aux gens». C’est l’image que la tête de liste nationale a voulu livrer samedi matin à Ettelbruck.
Geneviève Montaigu