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Covid au Luxembourg : une certitude, l’imprévisibilité


La ministre de la Santé, Paulette Lenert, est venue défendre, vendredi devant les députés, la dixième mouture de la loi Covid, votée une première fois à la sortie de l’état de crise en juin dernier. (Photo : Chambre des députés)

La Chambre a adopté dans la douleur la prolongation jusqu’au 21 février des restrictions sanitaires. Offrir plus de prévisibilité et de perspectives, comme le réclame l’opposition, serait «utopique».

Et de dix. Vendredi, la Chambre était amenée à statuer sur la dixième mouture de la loi Covid. «Elle est vite résumée», note le rapporteur Mars Di Bartolomeo (LSAP). En effet, l’arsenal en vigueur depuis le 11 janvier, qui a donné lieu à une réouverture sous conditions strictes du commerce, de la culture et du sport, est prolongé de trois semaines. «La situation s’est nettement améliorée. Le temps n’est cependant pas à un allègement. Le principe de précaution doit continuer à prévaloir», souligne le rapporteur. En cause : l’apparition de variants hautement contagieux du coronavirus.

À quoi va ressembler la situation le 21 février, date d’échéance des restrictions votées vendredi? «Il est impossible de dire de quoi demain sera fait», affirme le Premier ministre, Xavier Bettel. Cette incertitude, pourtant une caractéristique intrinsèque du Covid-19, continue de diviser la Chambre. Marc Baum (déi Lénk) avoue bien que «nous vivons, de manière objective, dans une période complètement imprévisible». «Mais, reprend l’élu eschois, le gouvernement doit tenter d’offrir plus de perspectives aux citoyens.» «Un plan définissant des paliers doit redonner de l’espoir aux gens interdits de travailler», lance à son tour Sven Clement (Parti pirate).

L’exercice d’équilibriste de Claude Wiseler (CSV) est encore plus poussé. Il est venu exprimer son «soutien absolu» à la décision du gouvernement de prolonger les restrictions en vigueur pour trois semaines. Il admet également qu’il est impossible de donner un échéancier précis. Malgré tout, l’élu chrétien-social réclame une «stratégie convenable pour le moyen et le long terme. Davantage de prévision et de perspectives est nécessaire pour s’assurer de l’adhésion de la population.»

«Il faut remercier les gens»

Les citoyens ont-ils vraiment lâché prise en raison du changement des règles à dix reprises? «Il faut remercier les gens qui, dans leur grande majorité, ont respecté les règles et qui ont contribué à nous faire arriver là où nous en sommes», répond Gilles Baum (DP). «Tout le monde n’est pas conscient que cet effort collectif a permis de libérer des capacités pour des urgences non-Covid dans les hôpitaux», ajoute Georges Engel (LSAP). Josée Lorsché (déi gréng), qui a pourtant longuement insisté pour l’adoption d’une stratégie à moyen et long terme, estime désormais que le regain d’une série de droits, tels que celui à la culture, peut justifier les restrictions à plus court terme. Cela n’empêche pas Jeff Engelen (ADR) d’évoquer des «tendances de société totalitaire».

En fin de débat, le Premier ministre a fait son «mea-culpa». «La Chambre nous a donné la mission d’établir un plan à paliers pour offrir plus de prévisibilité. Or cela est utopique au vu du grand nombre d’incertitudes qui planent», se défend Xavier Bettel. Le pays va-t-il donc continuer à avancer au rythme de confinements successifs? «Nous avons une meilleure base que d’autres pays pour affronter cette période d’incertitude», avance la ministre de la Santé, Paulette Lenert. En attendant d’y voir plus clair, «le mot d’ordre demeure de rester chez soi et d’éviter au maximum les contacts extérieurs au ménage».

Résultat des courses : 31 voix pour et 29 voix contre la loi Covid, la dixième du nom.

David Marques

Les règles en un coup d’œil

COUVRE-FEU Il est interdit de circuler sur la voie publique entre 23 h et 6 h.

EN PRIVÉ Le nombre d’invités par ménage est limité à 2 convives maximum issus d’un même foyer.

ÉCOLES Les écoles et structures d’accueil sont ouvertes. Dans les lycées (classes supérieures), l’enseignement se fait en alternance.

COMMERCES La limitation «1 client par 10 m2» et l’interdiction de consommer boissons et mets dans les galeries marchandes sont confirmées.

HORECA La fermeture des cafés et restaurants est prolongée jusqu’au 21 février. La livraison de repas et le service à emporter sont autorisés. La consommation d’alcool sur la voie publique reste interdite.

CULTURE Les établissements culturels (théâtres, cinémas…) sont ouverts sous condition de respecter des conditions strictes : maximum de 100 personnes, port du masque et places assises avec deux mètres de distance.

SPORT Les infrastructures sportives (piscines, salles de fitness et écoles de danse inclus) sont ouvertes à la condition de respecter des restrictions strictes.

MASQUE ET RASSEMBLEMENTS Le port du masque à l’intérieur (transports publics compris) est obligatoire. Lors de tout rassemblement de plus de 4 personnes, le masque et la distanciation sont obligatoires. Entre 10 et un maximum de 100, les personnes doivent en plus être assises.