Covid au Luxembourg : «On ne comprend plus ce que fait ce gouvernement»

Les nouvelles mesures qui modifient la loi Covid ont été votées par les 31 députés de la majorité. L’opposition dit ne plus comprendre le gouvernement.

La belle majorité du 24 décembre a éclaté en morceaux, vendredi, à la Chambre des députés. La veille de Noël, les députés avaient salué les mesures prises par le gouvernement qui durcissait le ton face à la propagation du virus pendant la période des fêtes. Mais vendredi, tous les partis de l’opposition ont rejeté le projet de loi destiné à assouplir ces mesures au bout de deux semaines seulement alors que, selon eux, aucune évaluation de l’impact du confinement n’a été faite.

«Il s’agit d’un petit retour à la réalité car le gros des mesures a été prolongé», essaye d’expliquer le rapporteur du projet de loi, Mars Di Bartolomeo, précisant même que le Luxembourg se montre plus sévère que certains de ses voisins qui le critiquent pourtant. «On a l’impression avec ce texte d’avoir une bulle d’air en attendant le vaccin», poursuit le rapporteur qui défend ainsi les nouvelles mesures.

Claude Wiseler, au nom du CSV, a de gros doutes sur le calendrier. La bulle d’air arrive un peu prématurément, selon le député qui parle au nom du CSV.  Son parti avait déjà critiqué le gouvernement qui avait tardé à durcir les mesures face à l’augmentation des infections.

«On ne comprend plus ce que fait ce gouvernement», lâche Claude Wiseler. Il rappelle les propos de la ministre de la Santé, Paulette Lenert, qui tenait le mois de janvier comme le mois le plus critique et qui alertait sur le haut niveau des infections.

Le député chrétien-social cite encore des rapports internationaux qui indiquent que ce n’est pas le moment de flancher et de baisser la garde. «Il s’agit bien au contraire de renforcer les mesures», plaide le député. «Il faut évaluer l’incidence de toute mesure avant de décider d’un relâchement disent tous les experts, mais ça n’existe pas au Luxembourg!», s’indigne-t-il.

Bettel se veut réaliste

Le Conseil d’État ne dit pas autre chose, «même s’il le formule dans une neutralité politique plus prononcée», souligne encore Claude Wiseler. Il cite d’autres avis qui abondent dans le même sens, dont celui du Conseil supérieur des maladies infectieuses qui se prononce pour le maintien des mesures en place pour deux semaines encore. Le seul avis qui livre un autre son de cloche est celui du collège médical qui estime que ces nouvelles mesures respectent l’équilibre nécessaire entre les considérations sanitaires, économiques et socioculturelles. Aux yeux du collège médical, les dispositions proposées permettent une modeste reprise de la vie socioculturelle et économique psychologiquement favorable à une grande partie de la population, tout en maintenant des restrictions assez sévères et nécessaires en matière de distanciation, de protection et de limitation des contacts interpersonnels.

«Le gouvernement donne une image de manque de sérieux», assène encore Claude Wiseler dont le groupe politique aurait souhaité une prolongation des mesures actuellement en vigueur.

Le député déi Lénk Marc Baum partage l’avis de Claude Wiseler et déclare que les gens ne comprennent plus les mesures qu’on leur impose. Il en profite pour fustiger les membres du gouvernement et le chef de l’État qui sont partis en vacances pendant le confinement. «Même si c’est légal, cela ne se fait pas, c’est une question de respect et de confiance», ajoute-t-il. Les pirates n’avaient pas voté en faveur du durcissement le 24 décembre dernier mais indiquent au gouvernement, par la voix de Sven Clement, qu’une évaluation aurait dû être faite avant le relâchement décidé au début du mois.

Xavier Bettel défend son texte à la tribune de la Chambre des députés, rappelle qu’il avait été convenu de serrer la vis pendant deux semaines et que ces mesures ont porté leurs fruits car le nombre des infections est en nette baisse.  «Les hôpitaux que nous sommes allés visiter avec Paulette Lenert nous ont dit merci et sont heureux d’avoir vu les chiffres diminuer de 50 %», illustre le Premier ministre.

Il a appelé à être ni trop pessimiste ni trop optimiste, mais réaliste. Quant à la ministre de la Santé, Paulette Lenert, elle a remercié la population qui a respecté les mesures strictes pendant deux semaines en pleine période de fêtes.

Le texte a été voté sans surprise avec les seules 31 voix de la majorité.

Geneviève Montaigu