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Covid-19 au Luxembourg : le confinement strict n’est plus exclu


Claude Wiseler (CSV) n’a pas épargné le gouvernement, fautif à ses yeux d’avoir pris des restrictions trop timides et trop tardives. Le Premier ministre, Xavier Bettel, contre en soulignant refuser de «dicter tout de A à Z aux gens» (photo : Hervé Montaigu).

Le gouvernement ne veut pas exclure le retour à un confinement strict, réclamé par une frange de l’opposition, si l’effet durable des restrictions, prolongées hier, ne se confirme pas.

L’opposition parlementaire a détricoté, mardi, dans les moindres détails la stratégie du gouvernement dans la lutte contre le coronavirus. «Nous avons les plus mauvais chiffres sur le plan mondial et nous n’entreprenons rien. Cela me met en colère», clame ainsi Claude Wiseler (CSV). Fernand Kartheiser (ADR) voit un «échec retentissant». «Les mesures prises sont absolument inefficaces. Le choix de les prolonger est un choix sans perspective», fustige Marc Baum (déi Lénk). Sven Clement (Parti pirate) juge que l’«entêtement» du gouvernement se solde par une politique du «laisser-faire».

Quelles sont les alternatives ? Sans évoquer ouvertement un confinement strict, le CSV de Claude Wiseler réclame «dans l’immédiat des mesures concrètes et efficaces» de la part d’un gouvernement qui, par moments, livrerait des «explications pitoyables» et qui risquerait «de perdre sa crédibilité et son autorité». Déi Lénk réclame ouvertement un confinement strict pendant les congés de Noël. «Il faudrait utiliser cette période où les écoles sont fermées et où les jours fériés s’enchaînent pour réduire encore davantage les contacts sociaux», résume Marc Baum.

L’ADR est à contre-courant en remettant toujours en cause la fermeture de l’Horeca. «Nous plaidons pour une approche plus humaine, qui ne pousse pas cafetiers et restaurateurs à la faillite», indique Jeff Engelen. Avec les pirates, il réclame des exceptions aux restrictions pour Noël. Mais Sven Clement se résout finalement à «lancer un appel pressant à respecter les règles. Ce n’est pas parce que le dispositif n’est pas parfait qu’il ne doit pas être respecté». En ce 16 décembre, la seule certitude est que l’arsenal anti-Covid, en vigueur depuis le 26 novembre, est prolongé jusqu’au 15 janvier (lire ci-contre). «Le virus n’a pas encore capitulé», constate sobrement Mars Di Bartolomeo (LSAP), le rapporteur du texte de loi adopté mardi par les seuls élus de la majorité (31 voix contre 29). Son collègue Georges Engel fait remarquer que l’opposition «reproche tout et son contraire au gouvernement». Cela ne change rien au fait que les chiffres en provenance du front sanitaire restent trop élevés.

«Nous n’allons pas hésiter»

«La hausse exponentielle des infections a pu être brisée. Sur le dernier mois, les chiffres ont baissé de 28 %. La courbe est toujours à la baisse. On s’offre un dernier délai pour voir si la prolongation des mesures va produire l’effet qui est amorcé», explique la ministre de la Santé, Paulette Lenert. Le Premier ministre, Xavier Bettel, se refuse à «dicter aux gens de A à Z ce qu’ils peuvent ou doivent faire». «Vous pouvez prendre autant de mesures que vous voulez, si les gens ne vous suivent pas, elles resteront sans effet», enchaîne la ministre Lenert. Le fait d’avoir brisé la deuxième vague d’infections n’aurait pas été possible sans le concours des citoyens. «Nous continuons à croire en la compréhension des gens.»

Paulette Lenert précise que l’effet de la baisse actuelle des infections ne se fera ressentir que de manière différée au niveau des hospitalisations. «La prise en charge, y compris dans les soins normaux, se veut de longue durée», explique-t-elle. La semaine de Noël est considérée comme «très critique». Toute dérive lors des fêtes de fin d’année pourrait amener une surcharge des hôpitaux «d’ici le 10 janvier».

Très remontée, notamment en raison des critiques concernant la passivité de ses services, la ministre de la Santé ne cache pas ce qui pourrait attendre le pays début janvier : «Si les mesures prises ne suffisent pas, il va falloir en remettre une couche. Nous n’allons pas hésiter à prendre nos responsabilités, même en l’absence de base scientifique précise. Si c’est pitoyable, je l’assume».

David Marques