On le sait, le Luxembourg fait face à une recrudescence de l’épidémie de Covid-19 – que la ministre de la Santé qualifie de nouvelle vague – ces dernières semaines. Ce que l’on semble oublier, c’est que personne n’est épargné par la maladie. Et les malades sont de plus en plus jeunes, a fait savoir Paulette Lenert lors de son bilan hebdomadaire mercredi.
Rassurons-nous, la situation actuelle n’est pas comparable au début de la pandémie en mars. Parce que les connaissances sur ce Covid-19 ont évolué depuis, parce que les moyens de le freiner aussi. Il n’empêche, le virus continue de circuler parmi la population. Et bien que la tendance à ce jour reste similaire à la semaine précédente, selon les derniers chiffres communiqués par la ministre, le palier atteint n’est pas encore à la baisse.
Une majorité de cas symptomatiques
Du 13 au 19 juillet, ce sont 684 nouveaux cas qui ont été recensés pour une moyenne d’âge qui tourne autour de 35,5 ans (4 mois de moins que précédemment). La part des tests effectuées sur la semaine, stable, monte à près de 100 000 (94 031 exactement). Sur ces tests, qui devraient perdurer sous cette forme au moins jusqu’en août, 13% se révèlent positifs dont une grande majorité de cas « symptomatiques ». Du reste, même si les autorités se disent « surprises par la progression rapide » de cette nouvelle vague, « on a réussi à casser la chaîne de transmission », assure Paulette Lenert.
Au total, 876 personnes infectées ont fait l’objet d’une mesure d’isolement (environ 300 de plus que la semaine passée) et 2 175 quarantaines ont été décrétées par ordonnance. Les trois quarts sont âgées de 45 ans en moyenne. Concernant les admissions dans les hôpitaux, la situation n’a « rien d’alarmant » à l’instant T. 34 nouvelles admissions ont en effet été enregistrées (-3) dont 5 en soins intensifs (+2). La moyenne d’âge des malades hospitalisés est de 57 ans. Là aussi, le profil se rajeunit davantage qu’au plus fort de l’épidémie en mars-avril.
Pour ce qui relève du tracing, 85 personnes sont dédiées à cette tâche dont 7 spécifiquement pour la gestion du « large scale testing » (bientôt 10). Un renfort de 40 personnes est envisagé au besoin. « Il s’agit d’un processus permanent pour renforcer ou remplacer les équipes », assure Paulette Lenert. Des bénévoles pourront également être sollicités. Quelque 3 000 demandes spontanées de tests sont en attente de traitement, près de 1 400 ont fait l’objet d’un rendez-vous. Essentiellement pour satisfaire des desirata de voyages. Au contraire, 819 ont essuyé un refus soit parce que les pays de destination n’imposent pas de mesures de restrictions, soit parce qu’il manquait des pièces au dossier du demandeur, précise la ministre. Le gouvernement dit appliquer la politique du « premier arrivé, premier servi », en somme.
Les secteurs scolaires et de la construction, plus gros « clusters »
Pour se faire une idée de la typologie des foyers d’infection, Paulette Lenert a détaillé le nombre de « clusters » identifiés à ce jour (on parle de cluster dès que 3 personnes se retrouvent infectées au même endroit sur une période de sept jours). On en compte 33, qui restent tout à fait « gérables », dont 12 dans des lycées et écoles encore fonctionnels, 5 dans les services de santé et de soins, 1 dans le cadre sportif (le club de football eschois du Fola est concerné, NDLR), 3 dans le secteur de l’Horeca ou encore 6 dans la construction notamment.
La cause des contaminations est simple et ne varie pas, à l’image de ce que l’on peut observer en France (dans le Grand Est et la Bretagne en particulier) : « Les gestes barrières ne sont toujours pas tout à fait intégrés », déplore la ministre. Surtout dans les rassemblements privés (qui restent limités à 10 personnes jusqu’à nouvel ordre), sur le lieu de travail et lors de déplacements à plusieurs. En clair, « du petit déjeuner aux soirées plus importantes », le relâchement demeure important. Pour autant, le régime des sanctions ne devrait pas être amplifié ni les amendes, estime la ministre.
Interrogée sur la Suisse, qui vient de placer le Luxembourg sur sa liste de pays à risque élevé, Paulette Lenert dit regretter que les voisins du Grand-Duché « ne regardent que le nombre de nouvelles infections », tandis que le taux de mortalité ici figure parmi les plus faibles.
Un regard que l’on peut juger injuste envers le discret Luxembourg, qui ne lésine pourtant pas sur les moyens pour contenir l’épidémie. Les fragilités ainsi exposées au grand jour rappellent toutefois à chacun de prendre sa part de responsabilité dans ce qui est l’affaire de tous.
Alexandra Parachini
Répartition des cas par canton :