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Covid-19 au Luxembourg : après les cafouillages, le flou


Malgré de nombreuses zones d'ombre sur la gestion récente du virus, le gouvernement luxembourgeois communique a minima (Photo d'illustration : AFP).

Chacun était en droit de s’attendre à une communication de la part du gouvernement luxembourgeois après une semaine de couacs. Vendredi, le gouvernement s’est contenté de 228 signes pour dire qu’il avait fait le point. Point.

Le Conseil de gouvernement s’est réuni le vendredi 7 août sous la présidence du Premier ministre Xavier Bettel. Les ministres réunis en conseil ont fait un point de situation concernant le coronavirus SARS-Cov2 « Covid-19″». Ce sont les 228 signes, espaces compris, envoyés vendredi à 14 h par le Service information et presse du gouvernement. Circulez, il n’y a rien à voir ou à dire, plutôt.
Pourtant, il y a plusieurs couacs liés aux informations officielles qui alimentent les discussions depuis quelques jours et qui auraient pu prêter à une mise au point de la part du gouvernement et que tout le monde attendait pour y voir plus clair. Il y a d’abord eu le cafouillage des «faux négatifs». Alors que le coordinateur de la task force Covid-19, le Pr Ulf Nehrbass, indiquait sur les ondes de RTL Radio qu’aucun cas de faux négatif n’avait été relevé au cours de la campagne de dépistage massif, la ministre de la Santé, Paulette Lenert (LSAP), évoquait une autre réalité : jusqu’à 20 % des tests pourraient être des faux négatifs, répondait-elle à une question parlementaire. Pourtant, la ministre ne lâche pas une telle information sans consulter au préalable les responsables scientifiques alors il y aurait eu peut-être matière à livrer des précisions sur ce premier couac.
Ensuite, il y a la diffusion d’une carte détaillant le nombre des personnes infectées par commune, également livrée par la ministre de la Santé, Paulette Lenert, à la suite d’une question parlementaire et qui, selon nos confrères du Tageblatt, n’aurait pas dû être diffusée. Selon cette carte par commune, les infections entre le 22 juin et le 12 juillet 2020 viendraient en grande partie des villes de Differdange (79), d’Esch-sur-Alzette (72) et de Luxembourg (161). Les autorités communales s’en émeuvent et craignent une stigmatisation à l’image d’un Georges Mischo, député-maire d’Esch-sur-Alzette, qui défendait pourtant avec son groupe la mise en place d’une application de traçage géographique qui soulève encore de nombreuses questions sur le plan de la protection des données personnelles.

De plus en plus de sceptiques

Puis il y a ce constat assez terrifiant dressé par les inspecteurs sanitaires concernant le non-respect des quarantaines et même des isolements déjà constaté la semaine précédente et qui reste hautement problématique. Des personnes testées positives ne renonceraient pas à leurs vacances et sont donc aux abonnés absents pour ceux qui sont en charge du traçage.
Vient s’ajouter les restrictions de voyage pour tous les résidents luxembourgeois et le problème que cela pose pour les étudiants qui doivent reprendre le chemin des universités le mois prochain.
Il faudrait aussi évoquer le cas des patients luxembourgeois refusés dans une clinique en Allemagne même avec un test négatif. Le ministère de la Santé a dû intervenir. L’Allemagne qui demande à partir d’aujourd’hui aux personnes en provenance du Luxembourg de présenter un test négatif produit 48 heures avant leur départ.
Et enfin, il y a tout un mouvement qui prend de l’ampleur et qui accuse les décideurs politiques comme les médias d’en faire de trop. La démonstration de 20 000 personnes à Berlin le week-end dernier pourrait en déclencher d’autres et ce d’autant que des virologues et autres scientifiques évoquent la fin de la pandémie.
La population aurait eu besoin de faire un point sur la situation, elle aussi, comme l’a fait le gouvernement réuni en conseil vendredi matin. Mais derrière des portes closes.

Geneviève Montaigu