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Cours « Vie et société » : pas assez de religion, selon les cultes


Les cultes craignent que le nombre d'heures consacrées à l'enseignement religieux soit insuffisant. (photo archives LQ)

Le Conseil des cultes conventionnés note des déficits «significatifs» dans le programme-directeur du cours «Vie et société». Une critique sur dix pages et le souhait de voir les lacunes comblées.

Le ministre Claude Meisch voulait un avis par écrit, expressément demandé lors de l’entrevue qu’il a eue avec le Conseil des cultes conventionnés le mois dernier. Il a été servi, mardi, et a sans doute vite compris que la déception est grande du côté des représentants religieux. Sur une dizaine de pages, le Conseil relève que le fait religieux est le grand absent du cours «Vie et société», tel qu’il ressort du programme directeur.

Il faut donc revoir la copie, estiment les chefs de culte. Une copie que le ministre Meisch voulait présenter à la presse ce mercredi à 11 heures, mais la conférence a été annulée lundi sans explication. Le Conseil des cultes peut rêver. Sa critique du projet y est peut-être pour quelque chose. Ou pas du tout.

En tout cas, les représentants religieux demandent à ce que le programme soit retravaillé pour répondre aux recommandations du Conseil de l’Europe en matière d’enseignement du fait religieux. «L’introduction hâtive du cours à l’enseignement secondaire met en cause l’élaboration sérieuse du programme. Elle est motivée par des considérations politiques et ne tient pas compte d’une approche pédagogique qualitative», critique le Conseil des cultes après avoir étudié la question et surtout fait ses comptes.

Car il constate que le nouveau cours «exclut largement le fait religieux et les religions au niveau des domaines thématiques du programme» et relève que sur 166 thèmes nommés, il n’y en a que 23 qui font une référence explicite aux religions. «On ne peut sérieusement affirmer que 14  % des thèmes traités prennent réellement en compte l’apport historique, culturel, sociétal et existentiel des religions, ainsi que leur rôle actuel dans le monde», estiment les chefs de culte.

Faire découvrir les religions

Ils préconisent une lecture du projet du Conseil de l’Europe qui se dirige «vers une véritable compréhension du fait religieux» et qui souligne que «la connaissance des religions fait partie intégrante de celle de l’histoire des hommes et des civilisations». Le ministre Meisch pourrait s’en inspirer. C’est en tout cas la première recommandation du Conseil des cultes.

«La société luxembourgeoise est marquée par le pluralisme culturel et religieux. Cette diversité est une richesse; elle exige aussi que les personnes apprennent à se connaître, s’apprécier, se respecter et construire ensemble la société de demain. L’école publique doit contribuer à une telle éducation, essentielle pour la cohésion sociale», lit-on dans l’avis.

Il est donc nécessaire de présenter les grandes religions, selon le Conseil des cultes, qui regrette que le programme directeur ne fasse pas suffisamment «découvrir aux élèves les religions qui se pratiquent dans leur pays et celles de leurs voisins» comme le recommande le Conseil de l’Europe.

Les chefs religieux proposent «de compléter les lacunes» par une première découverte et présentation systématique des trois grandes religions monothéistes (judaïsme, christianisme, islam). S’en suit tout un programme autour des grands personnages religieux et se pose alors la question de la formation des enseignants «surtout quand ils n’ont encore jamais abordé de sujets religieux», relève le Conseil. «Une formation continue limitée à 10 ou 12 heures de cours ne peut en aucun cas les familiariser suffisamment avec la matière ou la méthodologie pour l’enseigner», observe-t-il dans la foulée.

Le Conseil estime que le programme doit inclure «l’introduction à l’étude de textes religieux» afin de donner à la jeunesse «des outils pédagogiques lui permettant d’aborder en toute sécurité les partisans d’une approche religieuse fanatique».

Finalement, le Conseil des cultes se demande «si l’abolition du cours de religion d’une part, et de la formation sociale et morale, d’autre part, est légitime pour introduire un cours « Vie et société » qui se développe de plus en plus dans la direction d’une « formation politique »».

Geneviève Montaigu