Le rapport Waringo sur le fonctionnement et les dépenses de la Cour risque de faire l’effet d’une bombe soufflant le règne des actuels souverains. Maria Teresa y est dépeinte comme une dictatrice.
Le tabou est rompu depuis quelque temps déjà. Depuis quelques années, le long des zincs ou aux soirées huppées, les résidents font des gorges chaudes des agissements de la Grande-Duchesse Maria Teresa, mais par respect pour l’institution, ils font rarement les gros titres dans la presse. Le caractère tempétueux et autoritaire de Maria Teresa n’est donc un secret pour personne, mais en revanche, les comptes et le fonctionnement de l’institution le sont davantage.
Pour y voir plus clair dans les affaires du Palais, Xavier Bettel a nommé dès cet été Jeannot Waringo, ancien directeur de l’Inspection générale des finances aujourd’hui retraité, pour qu’il épluche plus particulièrement les frais de personnels, selon une information dévoilée à l’époque par reporter.lu et qui avait fait du bruit dans Landerneau. L’ancien haut fonctionnaire doit rendre un rapport au Premier ministre avec ses conclusions. Selon le Land dans sa dernière livraison, il n’est pas impossible que ce rapport déclenche une crise sérieuse au Palais pouvant mener jusqu’à l’abdication du Grand-Duc.
Le personnel est à bout et éprouve les plus grandes difficultés à supporter les humeurs et les caprices de la Grande-Duchesse. Le renouvellement constant des collaborateurs du Palais a été à l’origine de la nomination de Jeannot Waringo et il était temps, pour le gouvernement, de s’en mêler. Sur les onze millions d’euros de dotation de l’État inscrits au budget, près de huit millions sont réservés aux frais de personnels qui sont en constante augmentation. Les personnels partants empochent une confortable indemnité et sont tenus au silence. Il est clairement stipulé que «les parties s’engagent à ne pas se dénigrer l’une l’autre auprès de tiers».
En 2015, une femme de chambre avait menacé d’écrire un livre sur le quotidien qu’elle avait vécu au palais et se disait traumatisée par cette expérience. La Grande-Duchesse avait déclaré dans un premier temps ne pas avoir peur d’un procès devant le tribunal du travail, devant lequel l’employée contestait son licenciement. Mais finalement la cour a préféré faire un chèque. Le procès n’a jamais eu lieu et le livre n’a jamais vu le jour.
Confusion des genres
Les langues depuis cet épisode se sont déliées. Si le départ de certains personnels passe inaperçu, que ce soit des licenciements ou des démissions, celui des responsables «communication» du palais et des conseillers spéciaux fait l’objet de quelques lignes dans la presse et ce n’est que timidement que le caractère difficile de Maria Teresa est évoqué. Vendredi, le Land y est allé franco. L’article est consacré en grande partie aux frasques de l’épouse du Grand-Duc dépeinte comme une dictatrice que personne n’ose affronter ni même le chef de l’État. La situation a atteint un niveau tel que l’alerte a été donnée par le Palais, selon le socialiste Alex Bodry, et d’autres sources du Land citent directement le maréchal de la Cour, Lucien Weiler, et le chef de cabinet, Michel Heintz.
Les dérives sont devenues trop énormes. La Grande-Duchesse, qui réside la plupart du temps à Paris, n’hésite pas à faire déplacer tout son staff dans la capitale française pour tenir ses réunions, ce qui engendre des frais substantiels et ne réjouit pas forcément ses collaborateurs. D’autres dépenses liées à son engagement en faveur des victimes de viols de guerre sont prises sur le compte des deniers publics avec une confusion des genres qui mérite un peu d’ordre, d’autant que certains salaires s’envolent, jusqu’à dépasser la rémunération du Premier ministre, selon nos informations.
La confusion se répand jusque dans la hiérarchie à la Cour. Pour résumer, la Grande-Duchesse gère la maison comme elle l’entend et fait absolument ce qu’elle veut quand elle veut.
Personne à la Cour n’ose s’opposer à sa volonté et seul le Premier ministre, Xavier Bettel, se le permet sans détour. Il n’a pas hésité à lancer cet audit qui risque de faire l’effet d’une bombe. En octobre dernier, Maria Teresa, qui donnait une interview à Paris Match, disait que «le courage d’abdiquer était la meilleure chose». Elle se plaignait de son sort, aussi, en soulignant que devenir Grande Duchesse implique de renoncer à sa liberté et servir un pays demande de nombreux sacrifices. «Vu de l’extérieur, tout est joli, on ne voit que tapis rouge et papier glacé, mais ce n’est pas si simple», ajoutait l’épouse du chef de l’État.
Cela fait longtemps pourtant que l’on ne voit plus le tapis rouge mais les colères noires de la Grande-Duchesse à chaque fois qu’elle est contrariée. Elle n’hésite pas à bouder les événements officiels, présentant toujours des excuses d’ordre privé.
La mainmise de Maria Teresa sur le palais n’est pas nouvelle, certes, mais cette fois, le gouvernement veut y mettre un terme. Le rapport Waringo est attendu avec impatience, il devrait être livré dans quelques semaines.
Geneviève Montaigu
pas « drôle » du tout!
le droit du travail des employés virés de la cour n’est pas respecté,
les 11 millions d’euro des contribuables sont gaspillés,
et la réputation de notre pays sali par la petite cubaine…
Drôle d’histoire…