L’Association luxembourgeoise des journalistes professionnels (ALJP) réagit au communiqué du Grand-Duc dans lequel il vole au secours de son épouse, Maria Teresa, «attaquée» de façon «injuste» par la presse.
L’ALJP se dit surprise par la démarche, même si elle reconnaît à quiconque le droit de critiquer un article de presse, en particulier de la part des personnes concernées.
Mais dans le cas présent, la presse ne faisait que relever les dysfonctionnements au niveau de la politique du personnel à la Cour grand-ducale susceptibles de porter en partie atteinte au droit du travail et qui affectent l’environnement direct du chef de l’État. «Il ne s’agit pas de bagatelles», estime l’ALJP. Et elle ajoute : «Il est de notoriété publique que l’épouse du chef de l’État est sans doute impliquée.»
Ce n’est pas pour rien que le Premier ministre a mandaté Jeannot Waringo pour faire toute la lumière sur le fonctionnement de la Cour et ses dépenses des deniers publics.
Le Grand-Duc a-t-il écrit en sa qualité de chef de l’État ? Son communiqué issu du service de presse sur papier neutre n’est pas frappé des armoiries. «La Constitution dispose que les publications du chef de l’État sont en principe approuvées et contresignées par le gouvernement», donne à observer l’ALJP. Ce ne fut pas le cas cette fois. Le Grand-Duc a-t-il livré une opinion à titre privé ? C’est la question que pose l’association des journalistes.
Bern et Keup fustigés
Quant au cas Stéphane Bern, le journaliste spécialiste du gotha, intime de Maria Teresa et du Palais grand-ducal en général, qui traite de «petits journaleux» les auteurs des articles critiques, il n’a rien de surprenant.
En revanche, quand il déclare qu’à aucun moment dans le rapport la Grande-Duchesse n’est mise en cause, cela présuppose qu’il en a pris connaissance avant le gouvernement et les députés, sans parler de la presse luxembourgeoise.
L’association des journalistes s’émeut également des déclarations d’un membre de l’ADR (Fred Keup, censé remplacer Gast Gibéryen à la Chambre des députés). Il a publié sur son compte Facebook un message délirant dans lequel il alerte contre des «forces radicales» qui attaquent non seulement la monarchie, mais aussi l’Église, la culture, les traditions, la famille, bref toutes ces valeurs qui forgent l’identité nationale selon lui. Bien sûr, les journalistes sont aussitôt accusés de vouloir démolir le «Luxembourg traditionnel» et présentés comme «ennemis du peuple». L’ALJP rappelle que de tels propos sont monnaie courante dans les régimes autoritaires avec à leur tête des Orban, Trump et autres Bolsonaro.
En conclusion, l’association des journalistes entend rappeler que la liberté de la presse est un droit constitutionnel, garant de la démocratie. On peut toujours la critiquer, mais il ne faut pas venir avec des théories du complot l’insulter, la calomnier. «L’ALJP attend donc des représentants élus qu’ils prennent clairement position contre ces attaques.»
Geneviève Montaigu
Le rapport Waringo publié ce vendredi
Le ministère d’État a confirmé mercredi à nos confrères du Wort et de RTL que le Premier ministre, Xavier Bettel, allait soumettre vendredi au Conseil de gouvernement le rapport sur le fonctionnement interne de la Cour grand-ducale, rédigé par l’ancien haut fonctionnaire Jeannot Waringo.
Comme promis, Xavier Bettel va dans la foulée du Conseil de gouvernement transmettre le rapport à la Chambre des députés, qui devra encore statuer sur la manière dont elle va analyser le document. Parmi les options figurent un débat en séance plénière, l’organisation d’une réunion de la commission des Institutions ou une analyse en cercle restreint.
Le ministère d’État a aussi précisé que le rapport Waringo serait rendu accessible au public. Les détails de la publication restent encore à préciser.
Au contraire, je suis d’avis que la presse luxembourgeoise est bien trop ‘discrète’. Mais bravos pour votre travail, qui est essentiel pour la liberté d’information! Et pour Stéphane Bern, laissez tomber, c’est lui le petit journaleux qui vit sur une autre planète de têtes couronnées.