Avant d’être mis sur le marché européen, les produits cosmétiques doivent répondre à des normes de sécurité très strictes de la Commission européenne, qui doit s’appuyer sur les avis d’un comité scientifique.
Le Comité scientifique de la sécurité des consommateurs (CSSC), composé d’experts indépendants et basé au Luxembourg, joue le rôle de gendarme en la matière, en évaluant scrupuleusement les risques encourus.
Les questions de santé publique sont particulièrement dans l’air du temps et le webinaire des Midis du consommateur européen, qui s’est tenu mercredi, n’a pas dérogé à cette règle actuellement de mise. Le Bureau au Luxembourg du Parlement européen, la Représentation de la Commission européenne au Luxembourg et le Centre européen des consommateurs Luxembourg avaient ainsi choisi d’aborder la thématique de la sécurité des produits cosmétiques, dans le cadre global de la stratégie de l’UE contre les substances chimiques dangereuses. Et qui dit «produits cosmétiques» ne dit pas forcément produits de maquillage. En effet, la famille des cosmétiques est bien plus large et comprend, entre autres, le savon, les shampoings, les mousses à raser, les crèmes, les teintures pour cheveux, les parfums, les produits de blanchiment dentaire…
Environ 1 650 ingrédients interdits
Modérée par la directrice du Centre européen des consommateurs, Karin Basenach, la visioconférence a notamment permis de se rendre compte de l’importance des contrôles drastiques effectués par la Commission européenne : «Quelque 1 650 ingrédients entrant dans la fabrication de produits cosmétiques sont interdits dans l’UE et 320 sont soumis à des restrictions en fonction de leur concentration dans le produit fini», a notamment souligné le chef d’unité à la Direction générale du Marché intérieur, industrie, entrepreneuriat et PME de l’exécutif européen, Salvatore D’Acunto. À l’inverse, 250 ingrédients sont évalués comme étant «sûrs» par le Comité scientifique de la sécurité des consommateurs, instance qui avise la Commission européenne avant toute autorisation de mise sur le marché des 27. «Dans un souci de transparence, l’information au consommateur, par le biais de l’étiquetage et de l’emballage, joue également un rôle primordial. De même que les allégations qui se doivent d’être basées sur des évidences», a encore indiqué Salvatore D’Acunto.
Cela étant, la compétence de surveillance du marché européen se fait par les autorités des différents États membres et non par la Commission européenne : «Il y a des échanges d’information et une coordination permanente entre les 27, entre autres pour les cosmétiques destinés aux enfants, et si un problème sérieux devait se présenter, il existe un système d’alerte rapide, dénommé Rapex», a encore précisé le fonctionnaire européen.
L’industrie cosmétique, «une véritable jungle»
De son côté, Jean-Pierre Haluk, professeur de chimie et de biochimie des substances naturelles de l’École nationale supérieure d’agronomie et des industries alimentaires et membre de l’Académie lorraine des sciences de Nancy, a évoqué «une véritable jungle» et «un piège de séduction bien orchestré» en décryptant l’industrie cosmétique. «Il faut faire très attention au niveau de l’information en direction du consommateur et se libérer de la publicité car, en cas de souci pour le consommateur, la stratégie des industriels est de dire que l’origine du problème vient de la peau du consommateur et non de leurs produits», a-t-il notamment martelé. Avant, pour lui, de mentionner des substances à risque que le consommateur devrait absolument fuir en lisant les étiquettes de produits qu’il souhaiterait acheter ou en se renseignant via un lexique, des applications mobiles ou par l’intermédiaire du site de la Febea, qui est la fédération française des industries cosmétiques. Il s’agit notamment des huiles de synthèse (silicone), de l’acrylate, de la paraffine, des antioxydants de synthèse, du phénoxyéthanol, des composés d’aluminium de synthèse, des colorants azoïques ou encore du Disodium EDTA. Face à l’annonce de cette liste (non exhaustive), Salvatore D’Acunto a quant à lui mis en garde : «Il faut que le consommateur évite tout autre source que celles du Comité scientifique de la sécurité des consommateurs (CSSC)»… À bon entendeur !
Claude Damiani
L’expérimentation animale interdite au sein de l’UE
Les tests effectués sur les animaux de laboratoire étant interdits depuis 2009 dans l’UE, il faut avoir recours à des méthodes de substitution afin d’évaluer la sécurité des ingrédients de produits cosmétiques, ce qui constitue un enjeu majeur. Cela dit, l’UE est pionnière au niveau mondial pour avoir été le premier territoire à interdire l’expérimentation animale, a tenu à indiquer Salvatore D’Acunto. «Les tests sur les animaux sont aussi bien interdits pour évaluer la sécurité des ingrédients qui composent un produit cosmétique que pour l’analyse des produits finis», a-t-il conclu.