Les féministes de Luxembourg se sont réunis, mardi, devant la Chambre des députés pour défendre l’image de la femme.
Ils étaient une petite centaine, mardi, à faire partie du cortège qui s’est rendu de la place d’Armes à la Chambre des députés pour marquer la journée internationale des Droits des femmes. Cette année, les intervenants se sont concentrés sur l’image des femmes dans les médias.
Une journée par an pour le droit des femmes, c’est peu. Et malgré la faible participation, mardi, et le président de la Chambre des députés, qui a reconnu que « rien ne se réglera en un coup de baguette magique », les féministes ont retenu la thématique du sexisme insidieux pour marquer cette journée des Droits des femmes.
Celle de l’image des femmes stéréotypées dans les médias, des femmes qui ne sont pas représentatives de toute la diversité qui constitue les femmes, les vraies : « Ce sont seulement 2 % des femmes qui sont représentées dans les médias, la publicité, l’espace public. Les 98 % restantes sont invisibles, c’est donc la quasi-totalité. Une telle image réduite des femmes nuit à l’égalité, nous n’acceptons pas ce formatage », a expliqué Christa Brömmel, chargée politique du CID-Femmes.
Pour les féministes présents mardi, la thématique 2016 de l’image de la femme a un double emploi, celui de dénoncer une image réduite et stéréotypée des femmes dans les médias, mais également de dénoncer l’absence de femmes par exemple dans les manuels scolaires.
Les conséquences sont multiples, mais pour Christa Brömmel, les chiffres concernant les jeunes femmes sont parlants : « Elles sont 50 % à se trouver trop grosses alors qu’objectivement seules 18 % ont de réels problèmes de poids dans la réalité. Dénoncer le sexisme ordinaire doit être un combat de tous les jours. Les outils, notamment pénaux, sont en place, c’est à nous d’en faire usage. »
Une image réduite et stéréotypée
Et quand on parle de féministe, on ne parle pas forcément que de femme. Le député LSAP Marc Angel est un militant de la première heure : « Je militais déjà pour les quotas dans le monde politique chez les jeunes socialistes. Les femmes doivent toujours se justifier dans des situations qui paraissent naturelles pour les hommes. Les femmes sont tout autant compétentes, il est temps qu’elles accèdent aussi aux postes de décision », estime-t-il.
Pour Naema Sinner du collectif Richtung 22, la responsabilité des médias est évidente. Il n’y a qu’à prendre le traitement des évènements culturels : « Aux Oscars, on parle sérieusement des performances des acteurs alors que l’on ne parle que des robes pour les actrices. Je ne parle même pas du Luxembourg Film Praïs où aucune femme n’a reçu de prix! Mais le pire dans tout ça c’est que personne ne s’en offusque, aucun média ne le relève, c’est donc considéré comme une situation tout à fait banale .»
Le collectif se réunit autour de l’art et du cinéma et a décidé en 2016 de choisir comme thématique l’émancipation et le féminisme, avec le tournage d’un film qui, traduit en français, donne Sans hommes à bord . Pour le collectif, il s’agit d’attaquer les sujets dans la réalité luxembourgeoise, les anecdotes sexistes qui rythment le quotidien.
« Nous avons interrogé du monde, recueilli des témoignages et on s’est aperçus que les remarques sexistes se font souvent sous couvert de compliments… Ou de jugement sur les capacités des femmes, en cours de sport par exemple. » Ce qui les agace au plus haut point dans les médias luxembourgeois? « La rubrique pin-up sur RTL, nous avons entamé une campagne contre cette rubrique qui réduit l’image de la femme », poursuit la jeune femme.
Audrey Somnard