Pierre Mellina postule pour un troisième mandat. Son bilan, notamment sur le plan financier, est très enviable. Son principal défi? Un urbanisme plus aéré.
Pétange n’a jamais autant investi, tout en réduisant sa dette lors des deux derniers mandats. De quoi donner des ailes à Pierre Mellina.
Même ses adversaires le disent en off. «Mellina, c’est Monsieur Chiffre.» Un gestionnaire qui ne laisse rien passer. Certains regrettent d’ailleurs que le gouvernement ne l’ait pas nommé à la tête du Conseil supérieur des finances communales. «Aujourd’hui, toutes les villes ont l’obligation de présenter des budgets pluriannuels, lâche le bourgmestre CSV de Pétange. Moi, dès que je suis arrivé en 2004, j’ai dit : « on va arrêter de vivre au jour le jour. »» À l’époque, Pétange affichait 37 millions d’euros de dette, pour une réserve quasi nulle. Treize ans plus tard, la dette communale a été réduite à dix millions d’euros (un roulement normal), pour des réserves de quinze millions d’euros. «On peut tout rembourser demain si on veut.» Mais économiser pour économiser n’a pas de sens. «Il a toujours été question de mieux investir, souligne Pierre Mellina. Sur la période 2011-2017, nous avons établi un record à 121 millions d’euros d’investissements.»
Attirer les familles
La plupart des investissements visent à attirer les familles : construction d’écoles (22 millions d’euros), 400 places supplémentaire dans les maisons relais (10 millions d’euros), participation au nouveau quartier «An Atzengen» (cent maisons à Lamadelaine, 10 millions d’euros), infrastructures sportives variées (centre de tennis, centre Bim-Diederich, rénovation de la piscine PiKo, etc. : 15 millions d’euros).
La mise en valeur touristique de Pétange est également notoire : rénovation du moulin Wax, petit musée de la Libération, reconversion de l’ancien presbytère en Maison de la mémoire collective… Pétange n’a jamais autant joué la carte de la culture, jusqu’à attirer les touristes français aux fameux rendez-vous du patrimoine de Guy Kummer!
Comment peut-on avoir tant investi tout en résorbant la dette? La vente de terrains? «Non, rétorque Pierre Mellina. Depuis treize ans, pour chaque nouvelle dépense ordinaire (par exemple : un emploi communal), on se pose une question simple : est-ce vraiment nécessaire?»
«Malheureusement, ce n’est pas New York!»
Ce dynamisme ne plaît pas à tout le monde : la concentration urbaine est critiquée. Le bourgmestre le reconnaît : «Le retour à une urbanisation plus aérée est l’enjeu du prochain mandat.» La densité des immeubles (45 % de l’habitat!) est telle au centre de Pétange et Rodange que les mauvaises langues disent que c’est New York. «Malheureusement ce n’est pas New York, sourit Pierre Mellina. Sinon, nous aurions des parcs en plein cœur de la ville.» Les poumons verts existent à Pétange, mais en ceinture de la commune (Titelberg, Preizenberg). «L’objectif du prochain mandat, c’est de favoriser la maison unifamiliale, ainsi que l’émergence de commerces en rez-de-chaussée d’immeuble.» Avec quels moyens? «Le plan d’aménagement général (PAG), sur lequel nous avons déjà travaillé, et qui sera validé à la fin de l’année.»
L’augmentation des places en maison relais reste une préoccupation majeure. «Malgré nos efforts, nous sommes à un tiers de capacité par rapport à l’ensemble des enfants de la commune. Il faut passer à 50 %.» Une nouvelle école de musique est également prévue, des nouveaux locaux pour les services techniques ou encore une maison des artistes en vue de la capitale européenne de la culture 2022. Et vous savez quoi? Picsou Mellina a déjà sorti la calculette pour le prochain mandat : «120 millions d’euros sur six ans, si j’arrondis.»
Hubert Gamelon
Pierre Mellina (CSV, bourgmestre), Roland Breyer (CSV, 1er échevin, photo), Raymonde Conter-Klein (CSV, 2e échevin), Romain Mertzig (LSAP, 3e échevin), Patrick Arendt (CSV), Josette Conzemius-Holcher (CSV), Carlo Gira (CSV), John Polfer (CSV), Romain Rosenfeld (CSV), Claude Tockert (DP), Joe Thein (déi Konservativ), Marco Stoffel (LSAP), Romain Scheuer (déi gréng), Albert Muller, Guy Brecht (LSAP), Gaby Birtz (LSAP), Romain Beckert (déi gréng).
Du côté du LSAP, seconde force politique et membre de la coalition, on ne donne pas de coups de griffe dans le bilan de Pierre Mellina. Sur les projets en revanche, Romain Mertzig estime que ceux du Parti socialiste et du bourgmestre «sont bien différents» : «Nous mettons l’accent sur le social à beaucoup de niveaux, comme sur le logement. Il faut travailler avec les agences sociales immobilières pour inciter les propriétaires à louer leur logement vide.» Le LSAP veut également développer les tremplins vers l’emploi (du type CIGL) pour mieux donner leur chance aux chômeurs.
Du côté des petits partis, l’arrivée des pirates est rafraîchissante. Marc Goergen s’est montré efficace dans sa façon de «choisir des thèmes qui parlent aux gens» (notamment par des sondages sur Facebook…). Le pirate n’y va pas de main morte avec la coalition : «Ce sont les mêmes gens tous les six ans, avec les mêmes idées.» À propos de la multiplication des logements, il pointe «des immeubles sans charme qui rendent Pétange banale, il faut arrêter!» Autre préoccupation : la sécurité. «Nous voulons un poste de police ouvert 24 h/24, avec les effectifs qui conviennent la nuit.»
Du côté de l’ADR enfin, dont Pétange est un bastion, on reprend les mêmes exigences sur la sécurité. Autre point mis en avant : le renforcement de la place de la langue luxembourgeoise à Pétange, «convaincu qu’il s’agit de l’instrument essentiel d’intégration». Le luxembourgeois doit s’afficher partout, même pour les noms de rue. Dernier point : mettre fin à la croissance démesurée de la population et rénover ce qui a besoin de l’être (route…).