Parmi les thèmes du briefing hebdomadaire du gouvernement, la spoliation des juifs pendant l’occupation et la création d’un « comité des victimes des guerres » ont été abordées.
Le Premier ministre, Xavier Bettel, a annoncé hier que le rapport sur la collaboration des autorités avec le régime nazi et la persécution des juifs sera publié dans deux semaines. (Photos : Collection Musée de la Résistance/Isabella Finzi)
De retour des commémorations qui ont eu lieu à l’ancien camp de la mort d’Auschwitz en Pologne, le Premier ministre, Xavier Bettel, a estimé que celui qui s’y rendait « n’était plus le même homme à son retour ». Il a aussi parlé de l’ancien camp de concentration comme d’un « lieu où l’on ne viendrait pas chercher des solutions, mais où l’on se trouverait confronté à la vérité ».
La vérité « luxembourgeoise » sur la Shoah aura quant à elle mis bien longtemps avant d’être abordée par les politiques. Alors que, comme l’a rappelé le Premier ministre hier après-midi, des 3 500 juifs qui vivaient sur le territoire luxembourgeois en 1939, 1 945 moururent assassinés – environ « un tiers ».
> La question des réparations
C’est aussi pour cela qu’on attend avec impatience le rapport de l’historien Vincent Artuso sur la collaboration des autorités luxembourgeoises avec l’occupant nazi et la persécution des juifs au Grand-Duché.
Deux semaines avant la publication du rapport, Xavier Bettel estime qu’il pourrait aussi soulever la question de la spoliation des juifs durant l’occupation, chapitre noir de l’histoire nationale. Si la rapport promet d’apporter enfin la lumière dans un dossier en grande partie obscur, il pourrait aussi concerner le gouvernement au niveau de réparations ou de questions d’héritage.
« Nous n’avons pas tous été des héros », a estimé le Premier ministre qui a par ailleurs annoncé la création d’un « comité des victimes des guerres » et qui fera office de bureau de coordination. Le Premier ministre a voulu être clair : si ce rapport prouve que la responsabilité du Luxembourg était engagée, l’État n’hésitera pas à l’assumer.
> Dialogue social : trouver une position commune
Parmi les thèmes au menu du Conseil de gouvernement de cette semaine, l’entrevue, mardi, entre le gouvernement, les représentants syndicaux et le patronat, dans le cadre du dialogue social. Selon le Premier ministre, ce sera l’occasion d’examiner les concordances entre les deux accords du 28 novembre (avec les syndicats) et du 14 janvier (avec le patronat).
À l’intransigeance affichée par l’OGBL, hier, Xavier Bettel répond qu' »on doit pouvoir discuter de tout ». Le but étant de trouver une « position commune ». Le chef du gouvernement a d’ailleurs souligné ne pas être de ceux qui pensent que ces discussions sont condamnées à l’échec. L’important pour lui étant que « ce pays soit compétitif ». Il n’en a pas dit plus, ne voulant pas « hypothéquer des discussions qui ne font que commencer ».
Autre rendez-vous important, Xavier Bettel a annoncé l’organisation d’une session publique dans le cadre de la visite de Cecilia Malmström, commissaire européenne en charge du Commerce, à Luxembourg, et qui portera entre autres sur le traité de libre-échange TTIP, dont elle est l’avocate.
Autre thème, le voyage d’une délégation luxembourgeoise au sommet économique de Davos. Xavier Bettel a d’ailleurs pu y rencontrer les représentants de la Tunisie, de la Géorgie et du Kazakhstan, parmi d’autres personnalités comme Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques et financières, Hannelore Kraft, présidente de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, ou encore Bill Gates et Lakshmi Mittal. Le Premier ministre a d’ailleurs accordé une interview à la BBC et constaté par la même occasion qu’il restait beaucoup à faire pour rectifier l’image du pays.
Concernant finalement les accords trouvés la semaine dernière avec les représentants des cultes, Xavier Bettel s’est félicité du large soutien dont ils jouissent au Parlement. L’adoption de la nouvelle loi réglant le soutien financier que l’État apporte aux différents cultes, réclamant une majorité de deux tiers. Comme le précisait le chef du gouvernement, les discussions portent actuellement sur des questions d’ordre juridique essentiellement.
De notre journaliste Frédéric Braun
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