Le chef de la fraction CSV, Claude Wiseler, a eu beau retourner le discours dans tous les sens, il n’a rien eu à se mettre sous la dent lors de la déclaration sur l’état de la Nation prononcée mardi par le Premier ministre. Il fustige l’absence de concepts dans la politique menée.
Entre les grands thèmes absents du discours et ceux abordés mais pas détaillés, Claude Wiseler se gausse. Pas toujours mais souvent. Le discours de Xavier Bettel se résume à ses yeux à une série de généralités. Sans plus.
C’est Alex Bodry (LSAP) qui a fait le décompte. En une heure, le chef de la fraction CSV, principal parti de l’opposition, a posé quelque 200 questions au cours de son intervention mercredi matin. C’est lui qui a ouvert le feu dès 9 h pour tirer à boulets rouges sur la déclaration politique du Premier ministre, Xavier Bettel. La veille déjà, le CSV avait eu l’occasion de dire sa déception dès la fin de la séance. Il s’est répété mercredi.
« Finalement, nous avons eu droit au même contenu que l’an dernier, mais en une heure », observe Claude Wiseler. Il reste sur sa faim avec « cette longue série de généralités » qui selon lui ne renvoient à aucun concept bien défini. Il a bien entendu parler de tourisme au chapitre de la diversité de l’économie. « Mais où sont les détails? », interroge-t-il.
Idem pour le secteur de la logistique, « un moteur important de l’économie selon le Premier ministre qui nous parle du site de WSA, alors que cela fait des années que le sujet est sur la table », poursuit-il en regrettant là encore l’absence de concept dans ce domaine. L’économie circulaire? Pareil. « On nous explique que les entreprises ont du potentiel, mais quoi d’autre? », questionne-t-il. Le chef de la fraction CSV doit se contenter « d’une vague description, de platitudes ».
Maggy Nagel dans le viseur
Au chapitre des finances publiques, quand Claude Wiseler entend que le gouvernement a le budget en main, il se gausse. « Pourquoi? Parce que les recettes augmentent? C’est facile dans ce cas! », déclare-t-il tout en fustigeant le paquet de mesures d’économies dont certaines ne seront « finalement pas appliquées ». Il faut conduire la transition sur la réforme du congé parental qui engendrera une dépense de 20 millions d’euros : « D’un côté, on économise sur certaines allocations et, de l’autre, on dépense sans plan pluriannuel », critique Claude Wiseler.
Il dit encore son insatisfaction par rapport à la politique éducative. « C’est une priorité du gouvernement que le Premier ministre nous illustre par quatre exemples, mais toujours sans aucun concept », poursuit-il en s’interrogeant sur le type de diplômes que délivrera la future école européenne de Differdange. Manque de détails encore quant au contenu pédagogique qu’offriront les crèches bilingues. Quant à la réforme du secondaire, il attend toujours des détails alors que l’avis du Conseil d’État est disponible, un texte sur lequel le gouvernement attendait pour agir.
Le logement? « On veut construire vite et plus. Mais on commence par augmenter la TVA sans aucune étude d’impact! », fustige-t-il. « Comment faire des logements si vous ne faites pas de routes, de canalisations, d’écoles, de maisons de retraite! Les infrastructures sont nécessaires! », rappelle l’ancien ministre du Développement durable.
Mésentente dans la coalition ?
Le gouvernement qui a fait grand cas de la simplification administrative n’a toujours pas achevé le chapitre environnemental. « On nous renvoie sur la loi relative à la protection de la nature. Et je vous le dis, nous l’attendons avec impatience », prévient Claude Wiseler. Acerbe, il lâchera à l’adresse du gouvernement une seule critique positive sur la politique du logement : « La seule bonne décision que vous avez prise était de remplacer Maggy Nagel par Marc Hansen. » Il enterre un peu vite celle qui est toujours ministre du Logement jusqu’à présent.
La réforme fiscale? « Quel est le but? Qu’est-ce qu’on veut faire? Nous n’avons aucune indication !», se plaint-il. Mais il a sa petite idée sur la question : « Ce silence s’explique peut-être par le fait que les partenaires de la coalition ne sont pas d’accord entre eux. »
Claude Wiseler a eu beau chercher, il n’a rien lu ni entendu sur la réforme de la police, celle de l’armée, ou encore sur la réforme du la sécurité sociale. Rien encore sur la nouvelle loi agraire, rien sur la justice et la réforme pénitentiaire.
Mais il a été surpris d’entendre le Premier ministre mener campagne pour le oui dans son long chapitre consacré au référendum. « Vous avez toujours soutenu que c’était l’affaire de la Chambre et je vois que vous avez changé d’avis », lance-t-il à l’adresse du Premier ministre. Pour Claude Wiseler, c’est tout simplement trois fois « non ».
Geneviève Montaigu
>> Xavier Bettel répond aux critiques
>> Retrouvez l’intégralité de notre dossier de deux pages dans notre édition papier de ce jeudi 7 mai.