La Commission européenne de Jean-Claude Juncker brosse l’industrie nucléaire dans le sens du poil, juge l’eurodéputé luxembourgeois Claude Turmes (déi Gréng). Cinq ans après la catastrophe nucléaire au Japon, a-t-on tiré les leçons de Fukushima ?
«Il faut comprendre qu’au niveau coût et technologie, le nucléaire a déjà perdu, affirme Claude Turmes . Les dix dernières années ont vu le coût du solaire et de l’éolien baisser considérablement. Il y a 57% d’investissements dans les énergies renouvelables au niveau mondial et 3% dans le nucléaire.»
Dans ce contexte, l’eurodéputé vert dit trouver « incroyable » que la Commission européenne de Jean-Claude Juncker encourage le secteur nucléaire à travers son nouveau «programme indicatif nucléaire» (PINC).
Dans ce texte, la Commission européenne estime en effet que pour conserver un bouquet énergétique largement décarbonisé, et donc atteindre les objectifs de la COP21, d’importants investissements devront être réalisés les prochaines années, et notamment dans le nucléaire.«C’est complètement fou. La Commission européenne fait de l’omerta sur les risques et les coûts sous-évalués du nucléaire et suggère que l’Europe utilisera encore 20% d’énergie nucléaire en 2050, alors que les pro-nucléaires n’en rêvent même pas. »
«Des fonctionnaires radioactifs»
« Investir dans le nucléaire est un non-sens économique, car aujourd’hui, une grande installation solaire ou éolienne est beaucoup moins chère et risquée que le nucléaire, et se construit bien plus rapidement, donc, c’est le meilleur moyen pour atteindre rapidement ces objectifs énergétiques. »
En cause dans cet attachement au nucléaire, toujours selon Claude Turmes, « le lobbyisme de l’industrie nucléaire» , mais aussi « des fonctionnaires européens plutôt « radioactifs » qui baignent dans cette culture du nucléaire depuis le traité Euratom » (traité instituant la Communauté européenne de l’énergie atomique, en 1958).
Claude Turmes reproche à la Commission européenne un manque d’anticipation des risques, financiers notamment : « Il manque une assurance en cas d’accident. En Europe, s’il y a demain un gros pépin à Cattenom, il n’y a pas d’argent mis de côté pour indemniser le Luxembourg. »
« Donc, que la Commission européenne soit très favorable à la prolongation de vieilles centrales, au lieu de restructurer un marché électrique et de l’adapter aux besoins d’aujourd’hui, oui, je trouve ça complètement ridicule », conclut-il.
Romain Van Dyck