Dans les grandes lignes, le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, se dit satisfait de l’année scolaire 2018/2019 et du large consensus qui a fini par se dégager sur la refonte du stage pour enseignants. Il avoue avoir également avoir fait son autocritique après un premier mandat chahuté.
La semaine dernière ont été publiés les résultats des examens de fin d’études secondaires. En s’affichant à 78 %, le taux de réussite est resté stable. Quelle est votre appréciation de cette session 2019 ?
On ne peut jamais se limiter à analyser les résultats sur une seule année. Il est par contre vrai que le taux de réussite est resté stable après une très bonne année 2018. J’aurais préféré avoir un nombre plus élevé de mentions « excellent » et « très bien ». La réforme de l’examen que nous avons mise en œuvre a, en effet, été réalisée dans l’optique d’obtenir plus de résultats d’excellence. L’effet de la réforme a été très grand l’an passé, pour cette session cela a été plus limité. Mais globalement, je suis satisfait.
Le maintien du taux de réussite à un niveau élevé peut-il déjà être relié à la multitude de réformes que vous avez engagées entre 2013 et 2018 ?
Le plus simple reste de rédiger et de faire voter une loi. Le plus difficile reste la transposition sur le terrain. C’est pourquoi j’ai décidé de placer cette législature sous le signe d’une mise en œuvre ordonnée des grandes réformes structurelles entreprises ces cinq dernières années. Chaque année, le nombre de classes internationales et européennes augmente pour répondre aux besoins des élèves. On se trouve dans une continuité de la législature écoulée, mais je me rends compte qu’il faut plus de cinq ans pour que la politique menée produise de véritables effets, pour qu’elle soit entièrement appréhendée et soutenue par les élèves, leurs parents et les enseignants.
En plus de la consolidation des réformes, vous aviez annoncé en septembre votre volonté de chercher davantage le dialogue avec les acteurs du terrain. Cette intention a-t-elle déjà porté ses fruits ?
Un bon exemple de la manière dont on peut travailler ensemble est la réforme du stage pour enseignants qui, grâce au vote jeudi dernier de la Chambre, a été ramené de trois à deux ans. Il y a eu de très virulentes tensions, mais en fin de compte, le dialogue mis en place a permis de dégager un large consensus. En amont, les syndicats et les directions ont été consultés à de nombreuses reprises. Le texte final a pu être endossé par tout le monde, à l’une ou l’autre nuance près. Cela démontre que même dans des dossiers extrêmement complexes, on parvient à avancer ensemble.
Pour le reste, j’ai vraiment apprécié lors de ces six derniers mois de mener un dialogue ouvert avec les acteurs du terrain, sans avoir l’obligation de dégager un accord sur un dossier spécifique. Cet exercice a permis d’obtenir de meilleurs retours que lors de réunions plus formelles. Je compte poursuivre sur cette voie, aussi pour réussir à rendre mon action politique meilleure.
Ne regrettez-vous pas d’avoir omis d’être plus à l’écoute du terrain avant de lancer les réformes lors de votre premier mandat ?
On finit toujours par apprendre du bilan que l’on dresse sur sa propre action. Aujourd’hui, je constate combien le dialogue peut s’avérer payant. Il existe certes des divergences, mais un grand plus est que chacun puisse être à l’écoute de l’autre et qu’un respect mutuel se dégage. Cela concerne à la fois les parents, les enseignants, les éducateurs et les décideurs politiques. Il faut pouvoir se parler calmement.
Un autre point de crispation majeur a été la pénurie d’enseignants, notamment dans le fondamental. La semaine dernière, 652 nouveaux enseignants ont été assermentés. Ce nombre est-il suffisant pour combler le déficit ?
Avec les possibilités qu’on s’est données, un recrutement appuyé a pu être mené ces deux dernières années. Cela démontre qu’il existe toujours beaucoup de gens qui souhaitent devenir enseignants. Le grand nombre de gens qui choisissent de se reconvertir dans l’éducation après avoir initialement entamé une autre carrière professionnelle est une autre avancée. Souvent, ils sont diplômés dans des domaines qui ne sont pas si éloignés de l’éducation. Les échos que nous recevons du terrain est que, dans l’enseignement fondamental, le vivier d’enseignants est le meilleur depuis dix ans.
Retrouvez l’intégralité de l’interview réalisée par notre journaliste David Marques dans notre édition du lundi 15 juillet 2019.