Le vote de plusieurs lois sur l’organisation de l’enseignement en période post-Covid-19, mercredi à la Chambre, a permis au ministre Claude Meisch de livrer des détails sur la possible fin des groupes A et B pour le 29 juin.
La Chambre des députés a entamé, mercredi pour de bon, son marathon législatif afin de préparer la sortie de l’état de crise. D’ici lundi, quelque 15 textes de lois seront votés avec comme point d’orgue les deux lois Covid reprenant les restrictions demeurant en place sur le plan sanitaire.
La validation souhaitée de ces textes par la plus large majorité possible n’est encore en rien assurée. Mercredi, le député chrétien-social Claude Wiseler a fustigé, au micro de RTL, le caractère «disproportionné» des mesures et restrictions retenues par le gouvernement. Le bras de fer en commission parlementaire a repris dès mercredi après-midi, retardant d’ailleurs d’une heure le début de la séance plénière, largement consacrée à l’organisation post-Covid-19 de l’enseignement.
Le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, a profité des débats pour confirmer ce qu’il avait déjà laissé entrevoir lors de l’annonce des dernières mesures de déconfinement. «Je serai content de pouvoir réussir à réunir l’ensemble des élèves d’une classe avant la fin de l’année scolaire», a-t-il affirmé face aux députés. Les consultations avec les acteurs du terrain se poursuivent pour mettre fin à la répartition des élèves en deux groupes (A et B), en vigueur depuis la rentrée du 25 mai. Le ministre compte soumettre vendredi une proposition au Conseil de gouvernement pour un retour à la normale dès le 29 juin. «Je suis conscient que cela nécessitera un effort supplémentaire de la part des directions, des communes et des enseignants. Mais cela vaut la peine de faire ce pas vers la normalisation de l’enseignement, d’autant plus que les chiffres de nouvelles infections est au plus bas», explique Claude Meisch.
La fin des groupes A et B mettrait donc fin au «scénario d’une gestion assez chaotique» de la reprise des cours, fustigé mercredi par Fernand Kartheiser (ADR). Il a en outre déploré le recrutement de «personnel moins qualifié pour assurer le modèle mis en place par le ministre Meisch». «L’organisation n’était pas idéale, mais il faut être sincère : je ne sais pas comment nous on aurait géré cette rentrée», admet David Wagner (déi Lénk).
Les critiques des partis d’opposition sur la gestion de la rentrée post-Covid-19 se sont soldées par de nombreuses abstentions, majoritairement de la part du CSV. À l’ordre du jour figurait notamment la régularisation de la situation des enseignants-stagiaires, stoppés net dans leur formation en raison de la propagation du coronavirus. Le second texte est venu valider le recrutement exceptionnel d’un contingent de 1 012 étudiants pour assurer la reprise des cours.
«Le bien-être des élèves doit nous guider», souligne Djuna Bernard (déi gréng). Dans cet ordre d’idées, la Chambre a validé (34 voix pour, 26 abstentions) les adaptations de la formation et de l’évolution des jeunes enseignants qui n’ont pas été en mesure d’achever leur stage. «Il nous faut rendre possible l’obtention de la meilleure formation possible», indique le rapporteur Gilles Baum (DP). La qualité de la formation est cependant contestée par le CSV et l’ADR.
«On est d’accord sur le principe de cette loi, mais la réduction d’évaluation certificative risque de se répercuter sur la qualité de l’enseignement», regrette la cheffe de file du groupe chrétien-social, Martine Hansen. «Si les lycées et le fondamental réussissent à organiser des épreuves certificatives, cela doit aussi être le cas pour l’IFEN (NDLR : Institut de formation de l’éducation nationale)», ajoute l’élue nordiste. Fernand Kartheiser réclame, lui, une révision intégrale du fonctionnement de l’IFEN.
Un contingent de 1 012 étudiants recruté
Ces mêmes stagiaires tout comme leurs collègues ayant déjà le statut d’enseignant titulaire peuvent compter depuis le 29 mai sur le soutien d’un millier d’étudiants, engagés par le ministère de l’Éducation nationale. Ils ont été amenés à assurer des cours pour les élèves du groupe A, gérer les études surveillées du groupe B et participer à l’encadrement des élèves dans les structures d’accueil. «Un étudiant doit rester un étudiant, doté du même statut. Or ces jeunes sont rémunérés de manière différente selon leur emploi pour assurer des cours ou assurer l’encadrement des élèves», déplore Martine Hansem (CSV). Le ministre de l’Éducation nationale rétorque que la différence repose sur le principe qu’un enseignant remplaçant est d’office autrement rétribué qu’un remplaçant dans les structures d’accueil.
Selon les chiffres présentés par Gilles Baum (DP), ce sont 827 étudiants ayant un diplôme de fin d’études secondaires, 126 détenteurs d’un bachelor et 59 dotés d’un master qui ont décroché un contrat de deux mois. «Les contrats resteront de vigueur si on décide de réunir à nouveau les classes. L’enseignant et les étudiants vont s’occuper ensemble des élèves et continuer à travailler de manière ciblée sur les lacunes existantes», précise le ministre de l’Éducation nationale. Le texte a finalement été adopté par 35 députés. Le CSV s’est abstenu (21 voix) et l’ADR a voté contre (4 voix).
Une fois cette année scolaire clôturée, Claude Meisch se dit prêt à effectuer une évaluation de la gestion de l’enseignement en cette période de crise sanitaire. L’apport de l’école à distance, l’adaptation des horaires et le travail en plus petits groupes feront partie de cette analyse. «L’objectif est de tirer les bons enseignements et définir quels éléments et outils seront à pérenniser», met en perspective le ministre de l’Éducation nationale.
David Marques