Le ministre a fait un bilan après un an de chômage partiel. Il est prolongé jusqu’en juillet, mais les entreprises doivent songer à de nouveaux concepts.
L’anniversaire ne vaut pas la peine de déboucher le crémant, un luxe qui ne sied pas à la période. Sur le gros gâteau trône une seule bougie qui représente le premier anniversaire du chômage partiel en temps de crise et il faut espérer que le ministre du Travail, Dan Kersch, n’en allumera pas une deuxième. Déjà, au bout d’un an, il secoue le cocotier pour réveiller ceux qui se sont assoupis, bercés par le rythme des aides de l’État, dont le chômage partiel, en attendant des jours meilleurs.
«La majorité des entreprises ont profité de cette période pour développer de nouveaux concepts, de nouveaux plans de travail, mais d’autres ne l’ont pas encore fait et les économistes estiment que ces entreprises-là auront de grandes difficultés.» Si le chômage partiel est garanti jusqu’en juin 2021, Dan Kersch estime qu’il sera encore appliqué après cette date, «mais sera utilisé de manière plus sélective», même s’il restera «un instrument important pour soutenir notre économie», explique le ministre.
Lundi, l’heure était au bilan de cette année de chômage partiel qui signifie aussi pour les salariés une année d’incertitudes et de perte financière, puisqu’ils ne touchent que 80 % de leur salaire avec un plafond à 2,5 fois le salaire social minimum. «Les pertes financières, c’est une chose, mais il y a également la détresse psychologique du salarié qui s’interroge sur l’avenir de son entreprise, de son poste, qui se demande si sa formation est suffisante, s’il n’est pas trop vieux et il appartient à la politique d’apporter des réponses à ces questions», déclare Dan Kersch. Il veut casser l’image du salarié qui se complaît au chômage partiel en rappelant qu’une des conditions pour en bénéficier est d’être disponible à tout moment pour le marché du travail.
Il y a un an, avant la crise, 18 entreprises en moyenne tous les mois bénéficiaient d’une mesure de chômage partiel, ce qui représentait une dépense de 635 000 euros par mois pour l’ensemble du chômage partiel du pays. Depuis mars 2020, près d’un milliard d’euros (985,3 millions) d’indemnités de chômage partiel ont été payés. «Mais nous avons travaillé selon un système d’avances les quatre premiers mois de la pandémie, si bien qu’après décompte seuls 580,6 millions étaient réellement dus», précise Dan Kersch.
Quelque 396 millions de trop-payés en faveur des entreprises qui ont dû rembourser. Actuellement, il reste 31,5 millions à récupérer. «Cela représente près de 8 % du total et concerne 1 312 entreprises qui malgré plusieurs rappels n’ont toujours pas bougé. Des entreprises qui ont moins souffert de la crise et nous allons lancer des procédures pour récupérer cet argent», menace le ministre, qui ne cache pas son exaspération.
En tout, 1 849 entreprises du secteur de l’Horeca ont profité du chômage partiel, soit 18 718 salariés, et 154 millions ont été payés depuis un an. «Cent quatorze nous doivent encore de l’argent. Si elles présentent de nouvelles demandes, nous le déduirons de la somme», indique le ministre.
Dossiers incomplets
Entre 8 et 49 millions d’euros ont été déboursés tous les mois pour le chômage partiel. Il a bénéficié à 15 300 entreprises du secteur commercial, de la construction (2 400 entreprises) et de l’Horeca. En tout, 151 322 salariés ont bénéficié du chômage partiel. En avril 2020, il y a eu 124 000 personnes au chômage partiel en même temps.
Depuis janvier dernier, les indemnités ne se comptent plus par poste mais par heures de travail, si bien que chaque salarié peut avoir quelques heures de chômage partiel par mois. À partir de mai 2021, les réglementations vont changer et les entreprises qui ne font pas partie des secteurs vulnérables ne pourront récupérer que 10 % de leurs heures de travail via le chômage partiel, à condition de ne pas licencier. Les entreprises vulnérables (Horeca événementiel) pourront récupérer 50 % de leurs heures de travail.
Le gouvernement s’est engagé à payer les indemnités de chômage partiel dans les 2 à 4 semaines si les conditions sont remplies. Pour le mois de décembre, sur les 5 404 demandes, 3 601 dossiers ont été payés et 871 sont en attente. Pour quelque 500 dossiers, il manque les chiffres de la sécurité sociale, selon Dan Kersch. Pour le mois de janvier, 5 259 demandes ont été acceptées. Parmi elles, 1 125 dossiers ont été payés et pour 2 159 dossiers il manque encore le décompte. Le ministre veut insister sur le nombre important de dossiers incomplets.
Geneviève Montaigu