Vent debout contre le nouveau règlement de chasse, la Fédération Saint-Hubert a décidé de lancer une pétition publique.
Pour le président de la FSHCL, Georges Jacobs (à gauche), la chasse fait partie de la nature de l’homme. (Photos : Alain Rischard)
Dans la salle du restaurant de Leudelange où se tient la conférence de presse, il fait un froid de canard, aussi froid qu’un renard mort. Au-dessus des têtes de Georges Jacobs, président de la FSHCL, et de son secrétaire Hendrik Kuehne, une banderole arborant l’inscription : « La chasse dans l’intérêt de tous. »
Georges Jacobs est « furieux ». Il y a quelques semaines, le gouvernement a annoncé la fermeture de la chasse au renard pour un an et la limitation de la chasse au sanglier. Quelques jours après, Camille Gira, secrétaire d’État au Développement durable, avait présenté à la presse les études à la base du nouveau règlement.
> Avis contraires sur la maladie du renard
« Tous achetés ! », râle le président de la Fédération Saint-Hubert qui conteste la véracité des preuves. En effet, pour ce généraliste amateur de chasse, le risque de contamination à l’échinococcose (encore appelée maladie du renard) demeure réel. Et seule la chasse permettrait d’en contrôler la propagation, contrairement à ce qu’en dirait Camille Gira.
Le secrétaire d’État avait en effet déclaré que le risque de contamination serait à peu près aussi réel que celui de « recevoir une tuile sur la tête en marchant dans la Grand-Rue ». Faux, répond Georges Jacobs qui parle d’un risque aussi réel que de « se faire écraser par une voiture sur un passage piéton ».
Visiblement, les discussions sont au point mort, pis : elles frôlent le ridicule.
L’échinococcose est contenue dans les excréments de renard et pourrait y survivre « jusqu’à un an » avertit Georges Jacobs. Camille Gira, pas un brin moqueur, avait pour sa part estimé en janvier qu’il faudrait déjà, pour tomber malade, carrément « avaler des crottes de renard ».
Le nouveau règlement est un peu la goutte qui a fait déborder le vase. Pour Georges Jacobs, Camille Gira est un « idéologue » et le nouveau règlement, une décision qui plonge le milieu des chasseurs dans une crise profonde, existentielle.
> « Une haine profonde de l’homme »
À l’origine : le conflit entre défenseurs des droits animaliers et chasseurs. « La population normale a aussi des droits. Pas seulement Peter Singer (NDLR : philosophe australien fondateur du mouvement pour les droits des animaux) et autres idéologues de la sorte », s’exclame Georges Jacobs. Et d’enfoncer le clou : « Nous [les chasseurs] sommes un élément de la nature. Si nous ne sommes pas la nature, qui sommes-nous ? » Derrière la décision « perfide » du gouvernement, le groupement de chasseurs ne décèle qu’une « haine profonde de l’homme ».
La fédération a d’ailleurs décidé de suspendre la collaboration avec les six conseils où elle était représentée. « Nous sacrifiions notre temps, alors que nous parlions à des murs », estime Hendrik Kuehne, secrétaire général de la FSHCL, et malheureusement « les avis des chasseurs ne sont pas contraignants pour le gouvernement. »
Suit le repli dans la forêt ? Pas du tout. Fort du soutien de dix autres associations, parmi lesquelles la Fédération luxembourgeoise des pêcheurs sportifs (FLPS), la Centrale du chien de chasse (CCC) ou encore Cochy (Marque nationale de la viande de porc), la Fédération Saint-Hubert des chasseurs du Grand-Duché de Luxembourg a décidé de riposter par le biais d’une pétition publique, bientôt en ligne sur le site de la Chambre des députés.
Le président est confiant dans l’hypothèse de recueillir des milliers de signatures, bien plus que les 4 500 signatures nécessaires pour avoir droit à un débat à la Chambre au sein de la commission des Pétitions. Le 17 mai est prévue une réunion générale de tous les membres de la fédération pour réfléchir à la suite à donner.
L’autre volet du règlement auquel se heurtent les chasseurs est l’introduction d’une période « libre de chasse », alors que, comme l’explique le secrétaire général : « Le tir est ce qui dérange le moins le gibier, les vélos tout-terrain, voilà qui est plus grave. »
De notre journaliste Frédéric Braun