La Chambre des métiers aurait voulu un projet de budget plus ambitieux en termes de durabilité. Les artisans proposent des pistes.
Les artisans jettent un œil critique sur le projet de budget du gouvernement pour 2018 dont ils regrettent le manque «d’orientation plus durable». Ils entendent par là une politique budgétaire visant une réduction des déficits quand la croissance a le vent en poupe et une limitation du niveau de la dette à un seuil situé loin en dessous du seuil de référence de 60% du PIB.
La Chambre des métiers ne peut donc pas se satisfaire du déficit élevé que l’administration centrale accusera en 2018, de l’ordre de 900 millions. Il devra être financé par des emprunts, augmentant ainsi la dette publique en dépit d’une croissance économique élevée. Et ce n’est pas l’excédent d’un milliard de la sécurité sociale qui peut boucher le trou laissé par l’administration centrale, il est déjà dirigé vers la réserve qui paie les retraites.
Au lieu de garder une poire pour la soif, le gouvernement «contribue à travers une politique volontariste à augmenter les dépenses publiques et, dans leur sillage, le déficit de l’administration centrale», relève l’avis de la Chambre des métiers.
Digitalisation, formation
Et elle cite ce qui la démange parmi ces mesures : une réforme fiscale «généreuse», des mesures spécifiques au niveau de la politique sociale (introduction de l’éducation plurilingue, réforme du congé parental), le recrutement de 1 000 agents, ou encore l’accord salarial dans la fonction publique. «Il faut par ailleurs souligner qu’en 2018, les dépenses hors investissements directs de l’État augmenteront plus rapidement que lors des exercices précédents», regrette la Chambre des métiers.
Comme l’avait fait avant elle le Conseil supérieur des finances publiques, la Chambre des métiers s’inquiète surtout pour l’avenir, «puisque à politique inchangée, (les finances publiques) risquent de ne pas être viables en raison de l’augmentation très importante des coûts liés au vieillissement de la population».
Dans leur avis, les artisans proposent plusieurs pistes pour freiner l’hémorragie et en premier lieu la mise en œuvre d’une stratégie de digitalisation dans la fonction publique et une évolution modérée des coûts de personnel. La chambre professionnelle propose également un «screening» «pour évaluer la sélectivité sociale des différents transferts afin d’éviter dans la mesure du possible des effets d’aubaine», explique-t-elle. Quant aux retraites, il est temps de mettre en œuvre des réformes structurelles, estiment les patrons.
Pour la durabilité, la Chambre des métiers rappelle l’importance de la formation et de l’éducation, qui constituent non seulement «un vecteur social», mais aussi «un vecteur économique», dans la mesure où «seule une main-d’œuvre bien qualifiée permettra de garantir la compétitivité et la productivité de l’économie de demain», soutiennent les artisans.
Geneviève Montaigu