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La CGFP se défend d’être « xénophobe » et « populiste »


Emile Haag refuse que la CGFP soit taxée de "xénophobe" parce qu'elle s'est positionnée contre le droit de vote des étrangers. (photo Hervé Montaigu)

Opposée à l’introduction du droit de vote pour étrangers telle que proposée par les partis de la majorité, la Confédération générale de la fonction publique (CGFP) s’est vue confrontée ces derniers jours à des «distorsions et allégations gratuites» que son président, Emile Haag, a tenu à condamner dans une prise de position, ce mardi.

Dans un communiqué signé par son président (lire ci-dessous ou ici en version PDF), la CGFP refuse ainsi d’être rapprochée au CSV ou à l’ADR faisant également partie du camp du non. Le syndicat refuse également d’être associé à une «une ligne nationale populiste» ou une mouvance «raciste» ou «xénophobe».

«La CGFP (…) ne s’oppose pas à ce que les étrangers résidents obtiennent le droit de vote, à condition qu’ils se décident à briguer la double nationalité en fournissant ainsi la preuve qu’ils veulent bien s’intégrer complètement», rappelle Emile Haag dans sa prise de position écrite, qui reproche au gouvernement une «boulimie réformatrice» et redoute une division du pays en «deux camps hostiles».

Le Quotidien

>> Voici le texte intégral du communiqué signé par Emile Haag, président de la CGFP :

« Le droit de vote pour étrangers (enjeux, dérapages électoraux, conséquences) »

« Comme c’était à prévoir, au fur et à mesure qu’on s’approche de l’échéance électorale du référendum du 7 juin, les esprits s’échauffent et même s’égarent franchement, surtout à propos du droit de vote pour étrangers, malgré le consensus des protagonistes au point de départ de respecter l’objectivité et le fair-play dans les débats.

Avant de nous concentrer, une fois de plus, sur le fond du problème, nous devons d’abord faire table rase des insinuations, distorsions et allégations gratuites dont la CGFP est l’objet de la part de ses anciens et nouveaux détracteurs, pour lesquels la liberté d’opinion et d’expression ne vaut apparemment que pour eux-mêmes mais pas pour les autres. Ce faisant, nous garderons comme par le passé le haut du pavé.

D’abord, il faut rappeler que la CGFP est politiquement et idéologiquement neutre et indépendante, n’appartenant à aucun groupement politique et donc complètement libre de prendre position – ce qui, soit-dit en passant, est loin d’être toujours le cas pour ses antagonistes. Prétendre qu’elle s’est alignée sur l’ADR ou la CSV en matière de droit de vote pour étrangers est une affirmation gratuite, fausse et tendancieuse. La CGFP, depuis la loi sur la double nationalité, n’a pas caché sa préférence à cet égard, donc bien avant que les partis politiques aient pris position en matière de référendum. Affirmer qu’elle poursuit une ligne nationale populiste et même qu’elle se rapproche d’une mouvance autrefois raciste est indigne et relève de la méchanceté et de l’insulte. Nous n’avons de leçons à recevoir de personne. En passant, nous saluons publiquement l’attitude de Monsieur Aly Ruckert, qui, lors d’un club de la presse récent sur RTL, a mis en garde une collègue journaliste contre sa tendance intempestive de reléguer la CGFP dans le coin de l’extrême droite.

L’intoxication de l’opinion publique, par la propagande tambour battant des partisans du oui au référendum, aboutit à la distorsion complète du problème du droit de vote pour étrangers. En effet, quel est l’argument de base et l’objectif majeur officiellement proclamé des partisans du oui au référendum: favoriser l’intégration des étrangers dans la communauté nationale. Eh bien, c’est juste le contraire qu’ils favorisent de cette façon, car quelle motivation les étrangers auraient-ils de s’intégrer davantage si on leur offre gratuitement le droit de vote, et même sans obligation comme c’est le cas pour les Luxembourgeois? Ils auraient tous les droits alors à quoi bon s’intégrer davantage en apprenant, par exemple, notre langue nationale? L’argument qu’ils ne posséderaient pas encore le droit de vote passif ne colle pas, car dans l’idée des « pro » ce n’est qu’une question de temps; avec la boulimie réformatrice de l’actuelle coalition gouvernementale cela ne saurait tarder. Dans ce cas, est-ce seulement une vue de l’esprit que dans un avenir pas trop lointain des Ministres grand-ducaux étrangers représenteraient le Luxembourg à l’étranger?

La CGFP de son côté, malgré l’étiquette xénophobe voire même raciste que ses détracteurs ne cessent de lui coller dessus, ne s’oppose pas à ce que les étrangers résidents obtiennent le droit de vote, à condition qu’ils se décident à briguer la double nationalité en fournissant ainsi la preuve qu’ils veulent bien s’intégrer complètement. Un vieil adage populaire ne dit-il pas: « Ce qui ne coûte rien, ne vaut rien« ? La voie de la double nationalité éviterait de diviser le pays en deux camps hostiles. Une pareille division en cas de crise économique grave et de chômage massif menacerait la cohésion de la communauté nationale. La double nationalité pour les étrangers n’entraîne aucun désavantage pour eux, bien au contraire, elle fera d’eux des Luxembourgeois à part entière tel que cela s’est fait déjà pour 20.000 d’entre eux dans le passé.

La campagne de dénigrement systématique déclenchée contre la CGFP, alors que plus de 15% d’étrangers font déjà partie de la Fonction publique, est d’autant moins compréhensible et insensée que la CGFP, tout comme ses détracteurs, poursuit le même objectif: intégrer les étrangers dans la communauté nationale. La pierre d’achoppement est dans la méthode: nous préconisons la double nationalité, ce qui non seulement préserve mais renforce l’unité nationale, alors que le droit de vote tel quel conduirait à la division et à une dérive politique imprévisible et néfaste dans ses conséquences ultimes.

Notre pays se retrouve toujours confronté aux séquelles de la crise et entouré de voisins jaloux de sa réussite économique, amis d’antan qui ont bien changé comme dirait Rutebeuf: « Ce sont amis que vent emporte et il ventait devant notre porte« . En politique, cela vente souvent et très fort.

Un vieux proverbe luxembourgeois vient à l’esprit: « Wann et dem Iesel ze bont gëtt, geet hien op d’Äis danzen« . Il serait temps que le bon sens reprenne le dessus et qu’on ouvre la porte à tous les étrangers résidents, volontaires à opter pour la double nationalité, pour devenir des Luxembourgeois à part entière.

Emile Haag