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« Cargolux risque l’hémorragie »


La compagnie de fret aérien souhaiterait réduire ses coûts en sous-traitant à sa filiale italienne : une option de dernier recours selon le président Paul Helminger, qui dément toute vision stratégique en Italie.

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Dirk Reich et Paul Helminger lancent un appel aux syndicats pour permettre à Cargolux de redresser la barre. (Photos : Isabella Finzi)

Cargolux aspire à rester compétitif sur le marché mondial du fret aérien, mais sans une réduction de ses coûts opérationnels, « ce serait l’hémorragie assurée », à moyen terme, a alerté le président du conseil d’administration, Paul Helminger, qui a tiré la sonnette d’alarme, hier, sur une situation financière qui deviendrait suicidaire, en cas de statu quo. « La situation est très grave », a-t-il ajouté.

Des chiffres ont été présentés pour étayer sa thèse selon laquelle « Cargolux n’arrivera pas à dégager, à moyen terme, un profit opérationnel suffisant ». Cent millions de dollars supplémentaires par an seraient nécessaires pour arrêter l’hémorragie. Les 80 millions de dollars de gains annuels prévus ne pourraient pas jouer le rôle d’un garrot salvateur dans ce contexte.

La compagnie doit en outre se donner les moyens de pouvoir financer ses futures acquisitions d’appareils. Rappelons à cet effet que trois livraisons de Boeing 747 sont attendues pour les mois de mars et septembre prochains, la dernière commande étant prévue pour 2017.

> Quel garrot pour arrêter l’hémorragie ?

D’où la solution envisagée, mais désormais suspendue, de se tourner vers sa filiale Cargolux Italia et de lui sous-traiter certaines activités. L’objectif était de faire passer trois de ses avions sous pavillon italien et d’employer des pilotes sous contrat local.

Une externalisation de ses activités qui permettrait à la maison mère de réaliser des économies substantielles. Des économies de 10 millions de dollars par an ont été évoquées : « Ce serait un début, mais certainement pas la panacée », rétorque Paul Helminger. Cela étant, si rien ne bouge, cette option serait l' »ultima ratio », toujours selon les propos du président du conseil d’administration. Comprendre qu’il s’agirait du dernier recours à envisager.

En attendant, le PDG de la compagnie, Dirk Reich, lance un appel aux syndicats en vue de « négociations sérieuses ». La solution pour un dénouement adéquat de l’affaire serait de négocier les conventions collectives de travail. Selon Paul Helminger, « on se trouve au début des négociations avec les partenaires sociaux ». Les syndicats, eux, disent privilégier la prudence, face à ces signes d’ouverture apparents.

Concernant le volet de la création d’une coentreprise en Chine, à Zhengzhou, les dirigeants de Cargolux ont annoncé que celui-ci avait recueilli le feu vert du conseil d’administration. « Le conseil d’administration a donné un mandat à la direction et aux membres du C.A. qui veulent s’impliquer dans le dossier et entamer les négociations », a fait savoir Paul Helminger sur ce point. Certains détails relatifs au droit de la concurrence resteraient à éclaircir. « Il faudra se pencher sur de potentielles barrières, en Europe ou aux États-Unis, d’un point de vue légal », a-t-il enfin précisé quant au dossier chinois.

De notre journaliste Claude Damiani


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