Le budget a enfin été voté, jeudi, au cours de la dernière journée de séances plénières au Parlement. À cette occasion et au vu de la croissance positive du pays, le ministre des Finances a appelé les députés à s’applaudir.
Bref, concis et résolument optimiste pour l’avenir : le ministre des Finances, Pierre Gramegna, ne s’est pas attardé à faire taire les critiques de l’opposition, jeudi à la Chambre des députés. Car deux camps bien distincts s’étaient formés depuis le début des débats. «Je regrette que ces débats ne soient allés que dans un sens, à savoir le camp de la majorité contre celui de l’opposition», a-t-il déploré, peu avant le vote qui a confirmé ses dires.
En effet, le budget 2016 et la programmation financière s’étalant de 2015 à 2019 sont passés avec les seules voix de la majorité parlementaire (DP, LSAP, déi gréng). Soit une majorité de 32 voix contre les 28 voix de l’opposition (CSV, ADR et déi Lénk).
Mais si le ministre Pierre Gramegna n’a réussi à infléchir la position d’aucun parti de l’opposition, il a tout de même appelé l’ensemble des parlementaires à «s’applaudir» et à se «réjouir» de la compétitivité et de la croissance économique du pays qui dépasse les 3 % : «Applaudissons-nous et envoyons un message positif aux citoyens, cela ne peut pas nous nuire!»
«La Commission est la gardienne des traités»
Cela dit, outre ce message fédérateur et de conciliation, le ministre a tenu à mettre les points sur les i concernant l’une des principales critiques venues de l’opposition. À savoir celle décrédibilisant les chiffres avancés au sujet de l’assainissement des finances publiques. «L’opposition nous accuse de mettre sur la table des chiffres tronqués? Nous avons pourtant eu le feu vert de la Commission européenne qui est la gardienne des traités et qui joue donc son rôle d’arbitre. Elle ne serait plus crédible si elle fournissait de faux chiffres!», a rétorqué le ministre des Finances aux députés sceptiques, mais aussi aux députés tout simplement de mauvaise foi.
Le chef du principal parti d’opposition, Claude Wiseler, ne s’est pas laissé impressionner par la riposte ministérielle. «Et que faites-vous de certains avis (des différentes chambres professionnelles et autres institutions) qui critiquent votre budget?», lance-t-il à un Pierre Gramegna dont fuse la réplique : «Elles jouent leur rôle; chacun a le droit d’émettre son opinion! De toute façon, vous aviez déjà critiqué nos chiffres en 2014», conclut le ministre, complètement résigné.
Car la chose était entendue depuis deux mois et le dépôt du budget : le gouvernement n’aurait jamais pu compter sur les voix du CSV qui a bouclé la boucle, hier, par l’intermédiaire de son président, Marc Spautz. «Le Parti chrétien-social vote contre ce budget qui ne mérite pas son triple A social!», a-t-il signifié à la barre, après avoir attaqué sur le logement, l’assurance dépendance ou encore les allocations familiales. Des allégations qui laissent le ministre Gramegna de marbre : «Notre système social est envié à l’étranger; qu’il le reste!», a-t-il rétorqué.
Claude Damiani