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Budget : l’OGBL en veut plus


Le syndicat demande notamment la revalorisation de 10 % du salaire social minimum, «qui ne permet plus de vivre dignement au Luxembourg», juge-t-il. (Photo : Isabella Finzi)

Le gouvernement dispose d’une marge de manœuvre suffisante pour mettre en marche des politiques sociales qui s’imposent. C’est le constat que dresse l’OGBL après avoir examiné le projet de budget.

Le gouvernement pourrait se montrer plus généreux envers les plus modestes avec une telle situation financière et économique. L’occasion de revendiquer une nouvelle fois une augmentation de 10 % du salaire social minimum.

Autant dire d’emblée que l’OGBL se satisfait grandement du bulletin de santé des finances publiques. Elles demeurent saines, ce dont le syndicat n’a jamais douté, répétant inlassablement au fil des ans que l’austérité n’était pas d’actualité et que les cris d’orfraie poussés par le patronat n’étaient pas justifiés.

Après le dépôt du projet de budget 2018, l’OGBL se lance dans son examen et, vu la situation financière, économique et sociale, en demande un peu plus encore au gouvernement, prié de se montrer plus généreux pour les plus modestes. Les mesures que le syndicat revendique en matière de politique sociale ne sont pas nouvelles, mais certaines tardent à être mises en place, comme par exemple le mécanisme d’adaptation du montant des prestations familiales à l’évolution du salaire médian.

Cette mesure faisait partie de l’accord signé en novembre 2014 entre le gouvernement et les syndicats, mais la loi n’est toujours pas passée. L’OGBL trouve le temps long et le signale au gouvernement. «Le moment est venu pour le gouvernement d’honorer son engagement!», déclare le comité exécutif. Pour l’OGBL, un tel mécanisme de revalorisation et d’adaptation doit éviter que la valeur réelle des prestations familiales continue à baisser comme c’est le cas depuis leur désindexation en 2006. L’OGBL parlait d’une perte pour les familles d’environ 20 % en ce qui concerne les allocations familiales et de 16 % quant au boni pour enfant.

Cette mesure n’ayant pas fait partie de la loi réformant des allocations familiales pour des raisons juridiques, elle devait faire l’objet d’un texte à part. En mai 2016, le projet de loi était déposé : il prévoit la mise en place d’un mécanisme permettant l’adaptation des prestations familiales en espèces et en nature en faveur des enfants par rapport à l’évolution du salaire médian et ce tous les deux ans.

Parmi les autres améliorations que réclame le syndicat, il y a la revalorisation de l’allocation de vie chère pour les ménages les plus fragiles et surtout une augmentation structurelle de 10 % du salaire social minimum «qui ne permet plus de vivre dignement au Luxembourg», juge l’OGBL. Pour les retraités, le syndicat revendique une adaptation ponctuelle des pensions «en compensation des pertes injustifiées qu’ont subies les retraités au cours des dernières années», précise l’OGBL.
Toutes ces mesures doivent être prises d’urgence selon le syndicat, qui ne s’arrête pas là.

Il revendique une exemption fiscale pour les salariés touchant le salaire social minimum. «Le gouvernement serait également très bien inspiré s’il entreprenait enfin les réformes nécessaires des législations portant sur les faillites et les plans sociaux», conclut le syndicat au chapitre des doléances.

«Un léger déficit»

Quant à son analyse de la situation financière, l’OGBL qualifie de «léger déficit» les 900 millions qui manquent dans les caisses de l’administration centrale pour couvrir ses dépenses. Un déficit «brandi comme un épouvantail par les forces politiques conservatrices», se moque le syndicat en indiquant qu’il s’explique par le haut niveau d’investissements prévu au projet de budget. Mais ce sont bel et bien les dépenses courantes qui sont la cause essentielle du déficit. Le syndicat constate aussi que le décompte réel de l’exercice budgétaire montre que le déficit de l’administration centrale est systématiquement surévalué dans le projet de budget. Pas la peine de paniquer, selon l’OGBL.

Le syndicat ne pense que du bien de l’allongement du congé de paternité, et de la gratuité des livres scolaires et des tablettes numériques dans l’enseignement secondaire. Le coût de ces mesures s’élèverait à 28,5 millions d’euros et l’OGBL indique que cette somme «ne représente même pas un cinquième du coût annuel occasionné par le déchet fiscal qui résulte de l’imposition scandaleusement basse des stock-options, soit 180 millions d’euros par an de manque à gagner pour l’État», souligne le syndicat.

Geneviève Montaigu