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Budget 2022 : l’État compte dépenser 23,5 milliards d’euros


Le ministre des Finances, Pierre Gramegna (à g.), a déposé ce mercredi matin le projet de budget pour l'année 2022. Le député Dan Biancalana (à d.) est le rapporteur de ce volumineux projet de loi. (photo Hervé Montaigu)

Au lendemain de la déclaration sur l’état de la Nation, il a été au tour du ministre des Finances de venir chiffrer les grandes priorités du gouvernement. Le budget de l’État se caractérise par des investissements records, la lutte contre le changement climatique, la création de logement abordable et de nouvelles aides sociales.

Le Premier ministre, Xavier Bettel, s’est montré très clair, mardi, lors de sa déclaration sur l’état de la Nation : «Avec ce gouvernement, il n’y aura pas de politique d’austérité et pas d’augmentation d’impôts. Bien au contraire, ce gouvernement poursuivra une politique basée sur l’investissement, l’innovation et un environnement fiscal stable».

Un premier chiffre-clé avait été avancé devant la Chambre : «Nous aurons besoin d’énormes nouveaux investissements dans les années à venir si nous voulons maintenir notre qualité de vie. L’année prochaine, les investissements publics atteindront 3,2 milliards d’euros et augmenteront à 3,6 milliards d’euros d’ici 2025».

La vigne, le fil rouge et le ciel bleu

Ce mercredi matin, le ministre des Finances, Pierre Gramegna, est venu présenter le cadre plus global de la planification financière de l’État lors du dépôt du projet de budget pour l’année 2022. Il s’est montré un brin philosophique en dressant le contexte global. Le financier en chef du gouvernement a sorti une triple image de son chapeau : la vigne, le fil rouge et le ciel bleu. «La vigne représente la durabilité et la protection du climat, le fil rouge fait référence à la forte composante sociale de ce budget et le ciel bleu équivaut aux solides perspectives financières», développe Pierre Gramegna.

Plus concrètement, les cinq grandes priorités du budget 2022 sont le maintien à un haut niveau des investissements publics, la lutte contre le changement climatique, la création de logements abordables, l’investissement dans l’éducation et l’accélération de la digitalisation.

Un déficit sur le recul

La marge pour continuer à délier les cordons de la bourse serait bien présente. L’impact de la crise financière a ainsi été mieux maîtrisé que redouté au départ. Le budget de 2020 s’est finalement soldée par un déficit réduit de 5 à 3,2 milliards d’euros. L’estimation pour 2021 table sur un déficit de 1,37 milliard d’euros. Fin 2022, le déficit doit encore être raboté à 1,23 milliard d’euros.

Ces déficits concernent à chaque fois de la seule Administration centrale. Pour compléter les finances publiques, il est important d’ajouter les finances communales et le décompte de la sécurité sociale. Cela permet de réduire le déficit global de 2020 à 2,3 milliards d’euros. Le budget de 2021 devrait se solder par un déficit de 416 millions d’euros. Fin 2022, les finances publiques doivent avoir retrouvé un déficit de 143 millions d’euros, «soit presqu’à l’équilibre», avance le ministère des Finances.

Recettes de 22,3 milliards d’euros, dépenses de 23,5 milliards d’euros

Le projet de budget pour 2022 prévoit des recettes à hauteur de 22,3 milliards d’euros (+4,3% par rapport à 2021) et des dépenses de l’ordre de 23,5 milliards d’euros (+3,4%).

Un montant record de 3,2 milliards d’euros est prévu pour les investissements dans l’infrastructure publique.

Familles, logement et climat

Les transferts sociaux représentent 47% de toutes les dépenses. «Nous renforçons ainsi la solidarité et la cohésion sociale au sein de notre société», souligne Pierre Gramegna. La revalorisation des allocations familiales amène une hausse de la dotation pour la Caisse pour l’avenir des enfants à 1,3 milliard d’euros. L’augmentation de 2,8% du Revis (ancien RMG), mais aussi la hausse annoncée de 200 euros par ménage de l’allocation de la vie chère, va coûter 367 millions d’euros à l’État.

Dans le domaine du logement, le ministère dirigé par Henri Kox va voir son budget augmenter à 260,4 millions d’euros. S’y ajoutent 228,2 millions d’euros supplémentaires (+77 %) versés au Fonds spécial de soutien au développement du logement.

Pour atteindre les grands objectifs climatiques, l’État va débloquer 1,8 milliard d’euros pour réaliser les mesures retenus dans le Plan national Énergie-Climat. En outre, le budget pour la construction d’éoliennes va atteindre les 17,8 millions d’euros.

La dette publique se stabilise

Tous ces investissements ne peuvent pas se faire sans contracter des emprunts. Le ministre des Finances a cependant pu confirmer ce mercredi que la dette publique va rester inférieure à la limite de 30% du PIB que s’est fixée le gouvernement. Théoriquement, les pays de la Zone euro peuvent afficher une dette de 60% de leur PIB. Au Luxembourg, la dette publique s’est établie à 24,8% en 2020. Fin 2021, elle sera de 25,8% avant de se stabiliser aux alentours des 27% pour les années à venir.

Vote prévu à la mi-décembre

Le projet de budget sera analysé, évalué et, le cas échéant, adapté par la commission des Finances de la Chambre des députés. Dan Biancalana (LSAP) est le rapporteur du «plus important projet de loi» de l’année politique. Les débats et le vote du budget de l’État pour 2022 sont prévus pour la mi-décembre.

David Marques