Faut-il installer des éthylotests antidémarrage dans les véhicules afin de donner un coup de frein à l’alcoolisme au volant? Le gouvernement y réfléchit sérieusement. Le Luxembourg accueillait, ce mardi, des experts internationaux pour un séminaire sur ces appareils qui empêchent l’utilisation d’un véhicule en cas d’alcoolémie trop élevée.
Imaginez un boîtier de la taille d’un gros GSM, relié au véhicule, et dans lequel le conducteur doit souffler pour vérifier son alcoolémie et permettre – ou non – le démarrage : c’est le principe de l’éthylotest antidémarrage («alcohol interlock»).
Un appareil qui intéresse de nombreux acteurs de la sécurité routière en Europe réunis, ce mardi, au Luxembourg, pour en discuter. Le ministre du Développement durable, François Bausch, a ainsi rappelé qu’un plan d’action «sécurité routière» 2014-2018 prévoit d’étudier l’opportunité d’introduire «l’alcohol interlock» dans la législation luxembourgeoise. Ce système fera d’ailleurs l’objet d’un débat de consultation à la Chambre des députés le mois prochain.
L’installation de ces systèmes pose en effet de nombreuses questions : maniabilité du dispositif, protection des données, sanction supplémentaire… La priorité est aussi de savoir quel public viser, et donc quels véhicules. En France, par exemple, depuis 2010, les autocars affectés aux transports en commun d’enfants sont équipés d’éthylotests antidémarrage, qui n’autorisent qu’un taux d’alcoolémie de 0,1 mg/l d’air expiré, au maximum. D’autres questions doivent être débattues : le financement de ces équipements (environ 1 500 euros pièce), l’aspect judiciaire et administratif…
Des sanctions plus sévères
Les témoignages des différents intervenants à ce séminaire tendent néanmoins à prouver que ces dispositifs sont un outil efficace pour séparer boire et conduire. Des réductions évidentes de la récidive en matière d’alcool au volant ont en effet été constatées, tout en préservant la mobilité des personnes concernées.
En conclusion, François Bausch a déclaré qu’il ne s’agit pas d’introduire l’«alcohol interlock» au Luxembourg «par simple activisme, mais de manière bien réfléchie».
Un tel programme, affirme-t-il, est censé faire l’objet d’un «concept global de prévention de l’alcool au volant», avec comme objectif de contribuer à l’amélioration de la sécurité routière. Tous les acteurs (Justice, Santé, Sécurité intérieure et Transports) seront donc concernés. L’alcoolémie au volant reste un enjeu majeur au Luxembourg. Du reste, les sanctions en cas de conduite sous l’emprise d’alcool vont être durcies à partir de juin (jusqu’à 6 points retirés et 10 000 euros d’amende en cas d’ivresse au volant).
Romain Van Dyck