Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Dans son cahier économique numéro 120, le Statec décortique le PIB bien-être des résidents. Une statistique qui dépasse la seule référence au revenu par habitant.
L’argent ne fait pas forcément le bonheur même s’il y contribue. Ainsi, la seule valeur du PIB par habitant ne peut servir à mesurer le degré de bien-être d’une population. Dans son rapport «Travail et cohésion sociale» qui constitue son 120e cahier économique, le Statec consacre un chapitre thématique au bien-être que l’institut a pu mesurer à l’aide de 63 indicateurs. L’économiste Richard Easterlin a établi dans les années 70 qu’à partir d’un certain niveau de vie, la croissance de ce niveau de vie n’est pas proportionnelle à la croissance du bien-être subjectif utilisé pour évaluer la notion de bonheur. Cependant, le bien-être est bel et bien lié au niveau de vie, donc on peut s’attendre à un haut niveau de satisfaction avec la vie au Grand-Duché.
Le score moyen de satisfaction avec la vie au Luxembourg est de 7,5 (sur 10) en 2013. Une performance plus élevée que la moyenne de l’Union européenne qui plafonne à 7,1. Le Grand-Duché n’est pas en tête dans ce classement c’est la Suisse avec 8 sur 10, à égalité avec les pays nordiques). L’Autriche et les Pays-Bas font légèrement mieux avec 7,8 alors que l’on retrouve en bas de l’échelle, les pays de l’est de l’Europe (et des Balkans) et du sud de l’Europe, dont certains, comme la Grèce, sont encore en crise économique profonde.
Pour un quart de la population du Luxembourg, le niveau de satisfaction avec la vie est élevé (c’est- à-dire qu’ils ont indiqué un score de 9 ou 10 sur une échelle de satisfaction de 0 à 10), alors que seulement 15 % des personnes interrogées au Luxembourg ont un niveau faible de satisfaction avec la vie (de 0 à 5 sur une échelle de 0 à 10).
Dans le top 10 européen
Pour le Luxembourg, le bien-être subjectif est moins élevé que ne le laisserait supposer le bien-être matériel. La satisfaction avec la vie se situe en 2014 pratiquement au même niveau qu’en 1973 avec 7,4 sur 10.
«En jetant un regard sur l’évolution de la satisfaction avec la vie et l’évolution du bien-être matériel, la théorie d’Easterlin semble se confirmer pour le Luxembourg pris séparément. Le niveau de vie augmente de façon pratiquement continue depuis une quarantaine d’années alors que la satisfaction avec la vie semble plutôt stagner ou varier entre des bornes supérieure et inférieure assez proches grosso modo entre 7,3 et 7,8», note le Statec dans son rapport.
En ce qui concerne la fréquence du sentiment du bonheur, environ 75 % des personnes interrogées au Luxembourg se sont senties toujours ou la plupart du temps heureuses au cours des quatre dernières semaines précédant l’enquête. Concernant la fréquence du sentiment de bonheur, le Luxembourg se situe encore un peu plus favorablement que pour la satisfaction avec la vie, plus précisément en 5e position, les pays étant rangés selon la fréquence du sentiment de bonheur.
La question sur la fréquence du bonheur fait également apparaître un écart très sensible selon le niveau de revenu. Mais la part des personnes se disant toujours heureuses n’est pas plus élevée en haut de l’échelle des revenus qu’en bas. On passe de 12,1 % dans le premier quintile à 14,9 % dans le deuxième, 16 % dans le troisième, 11,9 % dans la quatrième et 12,7 % dans le cinquième.
Mais il n’y a pas que la satisfaction avec les divers aspects de la vie, le sens de la vie, la fréquence du sentiment de bonheur qui comptent dans le PIB bien-être. Il contient également des questions sur la confiance dans les institutions et la confiance envers autrui.
Le Statec note à ce sujet que le score moyen de confiance dans le système politique au Luxembourg est de 5 sur 10, soit largement au-dessus de la moyenne de l’UE qui est de 3,5. «Avec ce score, le Luxembourg se situe en 8e position sur 33 pays européens pour lesquels les statistiques sont disponibles», relève le Statec.
Le score de confiance dans la justice est de 5,3 sur 10 au Grand-Duché, soit également assez largement au-dessus de la moyenne de l’UE (4,5 sur 10). C’est le 11e rang sur 33 pays. En revanche, la confiance envers autrui (confiance sociale) au Luxembourg est inférieure à la moyenne européenne : 5,5 sur 10 au Grand-Duché contre 5,8 en moyenne dans l’UE, soit le 23e rang sur 33 pays.
Pour la confiance dans la police, le score du Luxembourg se situe dans la moyenne de l’UE : il est de 6,1 sur 10 contre 6 dans l’UE.
Geneviève Montaigu
