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«Avec les jeunes, on vient de gagner un énorme allié»


«J'espère que la politique pour la nature, l'environnement et le climat sera enfin placée sur un pied d'égalité avec les questions économiques ou financières», lance Roby Biwer.

Roby Biwer s’engage depuis plus de 30 ans pour la protection de l’environnement. Le président de natur&ëmwelt se dit «enthousiasmé» par la jeune génération, qui lutte pour son avenir.

Vendredi dernier, plus de 10 000 jeunes ont marché pour le climat dans les rues de Luxembourg. Comment jugez-vous ce mouvement, qui ne cesse de gagner en ampleur?

Roby Biwer : Une de nos principales missions est de sensibiliser le grand public sur les menaces qui pèsent sur l’environnement. Le fait que 10 000 élèves se mobilisent au Luxembourg est une très bonne chose. Avec les jeunes, on vient de gagner un énorme allié. Ils sont conscients qu’il est question de défendre leur avenir. Ce sont eux qui nous rappellent enfin que notre génération a seulement emprunté la Terre à la jeunesse. Ils démontrent qu’il ne s’agit pas seulement de blabla, mais qu’ils sont vraiment concernés. Cela est très positif et ils ont notre plein soutien.

Même si vous n’avez pas de lien avec la politique, les partis écolos ont actuellement le vent en poupe. Cette tendance témoigne-t-elle d’une plus large prise de conscience des gens, que les thèmes écologiques doivent désormais être une plus grande priorité?

Il est symbolique que tous les autres partis établis mettent bien plus en avant l’écologie et la durabilité dans leurs programmes électoraux. Par le passé, le problème récurrent était que l’économie et les finances ont toujours pris le dessus sur le climat et l’environnement. La politique a été obligée de faire face à la crise financière, il a fallu sauver, par exemple, la Grèce ou les grandes banques. Aujourd’hui, le Brexit domine le débat politique. Dans les sondages, la protection de la nature figure cependant toujours sur le podium des principaux soucis des gens. J’espère que la politique pour la nature, l’environnement et le climat sera enfin placée sur un pied d’égalité avec les questions économiques ou financières. (…)

D’une manière plus globale, la protection de la biodiversité est-elle considérée à sa juste valeur?

En tant qu’association de défense de la nature, il nous faut trouver le juste équilibre. Thématiser encore et toujours le recul de la biodiversité ne doit pas lasser la population. Il est plus important de s’attaquer à l’origine de ce dramatique déclin des espèces. Lors de notre congrès de samedi, je vais tenir un important plaidoyer pour lutter contre la pollution. La pollution de l’air, de l’eau et des sols sera évoquée. S’y ajoute la pollution lumineuse, qui a longtemps été sous-estimée. Il suffit de regarder combien d’insectes gisent au pied des lampadaires. Ils n’ont pas été brûlés, mais ont tellement tourné en rond pendant la nuit qu’ils sont morts d’épuisement. On connaît tous les problèmes et on est capable de les résoudre de manière concrète. Pourquoi ne parvient-on pas à s’y attaquer?

Justement, avez-vous une explication? S’agit-il d’un manque de volonté de la part des politiques?

Je reviens au constat que d’autres dossiers ont toujours été considérés comme prioritaires. La politique a toujours pensé qu’ils ont vu juste en accordant leur priorité à d’autres questions. Mais la jeune génération est celle qui met enfin le doigt là où le bât blesse. La qualité de vie et l’état de notre environnement naturel constituent aujourd’hui les grandes priorités. J’espère que les jeunes auront le souffle assez long pour obtenir des résultats concrets. (…)

Entretien avec David Marques

Retrouvez l’intégralité de l’interview de Roby Biwer dans notre édition papier de lundi.