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Au Luxembourg, « l’Inspection du travail s’est détériorée »


"Nous n'avons plus que dix inspecteurs qui vont sur le terrain !", déplore Marc Boly. (Photo François Aussems)

Le directeur de l’Inspection du travail et des mines (ITM) vient du privé et déborde encore d’enthousiasme pour réformer cette administration accusée de tous les maux. Injustement, estime Marco Boly.

Le ministre Nicolas Schmit a fait savoir qu’il n’y a pas de triple A social possible sans une ITM forte. C’est quoi une ITM forte, selon vous ?

Marc Boly : C’est d’être capable de réaliser les devoirs qui nous sont imposés, c’est-à-dire faire des inspections et des contrôles en s’adaptant au rythme de croissance que connaît le Luxembourg et au changement du monde du travail. Pour cela, il ne faut pas seulement avoir du personnel en quantité mais aussi de qualité. Il nous faut du personnel bien formé capable de répondre aux demandes qui nous sont formulées.

Dans quel état se trouve l’ITM aujourd’hui ?

Elle est détériorée car il y a eu beaucoup de dommages causés par un problème de recrutement. Aujourd’hui, nous avons entre 10 et 15 personnes par an qui partent et le nécessaire n’a pas été fait ces dernières années pour attirer de nouveaux inspecteurs du travail capables de remplir les missions qui nous incombent sur le terrain. Nous avions 63 inspecteurs, aujourd’hui nous sommes tombés à 52 et plus que 10 qui vont sur le terrain contre 17 auparavant. Nous avions des agences régionales qui se vidaient, surtout à Diekirch, j’ai donc décidé cette année de regrouper tout le monde à Strassen. Il n’y avait pour ainsi dire aucune notion de ressources humaines comme c’est souvent le cas dans les administrations.

L’État ne peut recruter qu’en cas de poste vacant. Un départ contre un recrutement c’est la norme, et ce n’est que depuis peu que l’on nous autorise un chevauchement de six mois. Mais c’est difficile d’inculquer un savoir-faire en six mois pour un fonctionnaire qui a 30 ou 40 ans de carrière. Six mois, c’est le minimum pour apprendre à un jeune inspecteur les missions qui lui sont demandées au niveau du droit du travail et au niveau de la sécurité et de la santé sur le lieu de travail. Donc il faut des notions de juriste et de technicien pour savoir comment un échafaudage doit être monté sur un chantier.

Combien faudrait-il d’inspecteurs sur le terrain pour remplir les missions de l’ITM aujourd’hui ?

Selon la démarche du Bureau international du travail, le BIT, il faut compter un inspecteur pour un nombre de salariés situé entre 6 500 et 10 000. Comme toujours, la vérité se situe entre les deux, donc je calcule un inspecteur pour 8 000 salariés et j’arrive à un quota de 40 à 42 inspecteurs qui doivent effectuer des contrôles sur le terrain. C’est la raison pour laquelle j’ai une doléance : si on veut une ITM performante, nous ne pouvons pas retomber dans les travers du passé.

C’est-à-dire ?

Cela signifie dire à un jeune d’aller sur le terrain et de se débrouiller ! Nous avons une vision claire du recrutement et de la formation des futurs inspecteurs du travail. C’est la qualité qui nous intéresse et nous voulons revaloriser ce métier en créant une carrière spécifique : comme il existe un inspecteur de police, il devrait exister un inspecteur du travail. Pour l’instant, c’est un simple fonctionnaire d’État.

Prenez l’exemple de deux soldats à qui on propose soit d’aller travailler dans un bureau, soit d’aller sur le terrain se faire tirer dessus pour le même salaire. Ils vont tous préférer le bureau… Je le répète, il faut investir non seulement dans le recrutement mais surtout dans la formation, aussi bien des jeunes que des anciens, qui ne sont plus à jour avec les nouvelles législations.

Entretien avec Geneviève Montaigu

A lire en intégralité dans Le Quotidien de ce lundi 7 décembre

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