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Au Luxembourg, l’élève ne pourra plus décrocher à 16 ans


Le ministre Claude Meisch veut retenir les jeunes dans le système scolaire jusqu’à l’âge de 18 ans et leur offrir des alternatives de formation pour éviter qu’ils ne décrochent sans aucun diplôme.   (Photo : Fabrizio Pizzolante)

Le ministre Claude Meisch a présenté mardi son projet d’obligation scolaire jusqu’à 18 ans, qui vise à lutter contre le décrochage scolaire. L’an passé, 8,2% des jeunes étaient encore concernés.

Le Luxembourg suit le mouvement. En prolongeant l’obligation scolaire jusqu’à 18 ans, le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch (DP), utilise un instrument de lutte contre le décrochage scolaire qui a fait ses preuves dans les pays voisins, à condition de proposer aux jeunes des alternatives de formation.

La situation au Luxembourg n’est pas pire qu’ailleurs avec ses 8,2% de décrocheurs et se situe en dessous du niveau européen établi à 10,1%. Un tiers de tous les décrocheurs jusqu’à 25 ans sont âgés de 16 à 18 ans. En 2020-2021, quelque 647 jeunes de moins de 18 ans sont sortis du système scolaire sans aucun diplôme ni aucune formation. Si 12% ont intégré le marché du travail, les 88% qui restent, soit près de 570 jeunes, rejoignent la catégorie des NEET (Not in Employment, Education or Training).

Ils s’ajoutent à ceux des années précédentes mais, selon une étude du Liser publiée en novembre dernier et largement citée par le ministre, «la plupart des jeunes décrocheurs interviewés qui cherchent à reprendre leur scolarité ou qui y sont parvenus ont pris conscience de l’importance de détenir un diplôme. Leurs expériences professionnelles, leurs recherches vaines d’un emploi ou leur gain en maturité (du fait de leur âge) ont mis en avant le rôle déterminant de l’école pour s’assurer un « bel » avenir».

Claude Meisch reprend une des conclusions de l’étude selon laquelle «beaucoup de jeunes qui abandonnent l’école ne rejettent pas l’école, mais ont plutôt le sentiment que c’est l’école qui les rejette», dit-il. Quand ces jeunes cherchent à raccrocher, ils sont soit trop vieux, ont peur de retourner dans le système scolaire ou ne trouvent plus de places disponibles dans les formations qu’ils souhaitent suivre.

Les alternatives de formation doivent s’offrir aux jeunes qui décrochent du système traditionnel. Les mesures existantes telles que les classes mosaïques au sein des lycées, qui prennent en compte les besoins personnels des jeunes, devraient s’offrir aux élèves sur une plus longue durée.

Classes hybrides

Si l’obligation scolaire à 18 ans n’entrera en vigueur que trois ans après le vote de la loi, les efforts se poursuivront pendant ce temps pour accompagner les jeunes et les remotiver. Il faudra trouver avec eux des modèles alternatifs de formation s’appuyant sur le modèle des centres d’insertion socioprofessionnelle (CISP) existants, «lesquels tâchent de mieux prendre en considération les besoins, les compétences et les intérêts des adolescents en difficulté scolaire», selon le ministère. Même si les jeunes suivent leur formation dans des structures d’apprentissage alternatives, ils restent toujours inscrits à l’école et les évaluations continuent à se faire par l’école.

«Certains jeunes à la fois découragés par l’école et éloignés du marché du travail pourraient tirer profit de tels programmes de formation fondés sur une vision holistique du jeune, incluant les plans social, comportemental et professionnel», indique encore le ministère.  Il songe à des classes hybrides qui pourraient combiner fréquentation des cours et expériences extrascolaires, comme les services volontaires.

Les exemples de nos voisins

En Belgique, de 15 à 18 ans, les jeunes peuvent suivre un enseignement à temps partiel combinant la formation générale et la pratique professionnelle, mais l’enseignement reste obligatoire jusqu’à 18 ans. En Allemagne, la durée de l’obligation scolaire s’étend dans certains lands jusqu’à 18, voire 19 ans. En Rhénanie-Palatinat, l’élève doit continuer de fréquenter l’école professionnelle jusqu’à l’accomplissement de son apprentissage. Aux Pays-Bas, la scolarité est obligatoire à temps plein jusqu’à 16 ans, et au moins à temps partiel jusqu’à 18 ans pour les jeunes qui n’ont pas encore obtenu de diplôme.

Au Portugal, depuis une réforme de 2009, l’obligation scolaire se termine quand l’élève atteint l’âge de 18 ans. Enfin, en France, depuis la rentrée 2020, les jeunes de 16 à 18 ans ont l’obligation de se former.