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Au Luxembourg, la haine se manifeste surtout en ligne


Des membres du groupe néonazi espagnol Nucleo Nacional faisant le salut nazi lors d'une manifestation à Madrid, le 11 novembre, organisée pour protester «contre les politiciens corrompus». (photo AFP)

Alors qu’en Europe les manifestations racistes et antisémites ne se cachent plus, le Grand-Duché reste relativement épargné.

Messe en hommage à Pétain en France ce week-end, rassemblements en Allemagne de groupes néonazis ces derniers mois ou encore manifestations de groupes identitaires à Bruxelles… les mouvances d’extrême droite font parler d’elles chez nos voisins. Mais qu’en est-il au Luxembourg ? Interrogée sur la question des infractions pénales à caractère politique par le député Dan Biancalana (LSAP), la ministre de la Justice, Elisabeth Margue, a été claire, ce mardi : «À ce jour, aucun groupement organisé au Luxembourg ne présente de caractéristiques extrémistes (droite ou gauche) laissant présager des actes de violence».

Il y a bien eu des condamnations judiciaires de quelques individus isolés radicalisés ou affiliés à des mouvements d’extrême droite dans le passé, et un cas récent de violence, «dont la motivation pour des idéologies religieuses ou extrémistes reste à être prouvée et dont l’enquête judiciaire est encore en cours», mais rien de comparable avec ce qui se passe dans les pays alentour.

C’est sur les réseaux sociaux que fleurissent les discours de haine en ligne. Surtout depuis le 7 octobre 2023. Selon Bee Secure, les signalements sur sa plateforme ont augmenté à cette date. Une évolution due au conflit israélo-palestinien, qui peut «susciter du discours de haine antisémite ou raciste sur les réseaux sociaux», explique la ministre.

Des propos qui se voient jugés devant les tribunaux. «L’augmentation du nombre d’utilisateurs des réseaux sociaux s’accompagne logiquement d’une hausse des risques d’infractions pénales en ligne. Des internautes, se croyant protégés par l’anonymat, dépassent les limites de la liberté d’expression», explique encore Elisabeth Margue.

Passage à l’acte moins probable

La ministre souligne «qu’il n’est pas aisé de fournir des données chiffrées, précises et pleinement représentatives en matière d’infractions à caractère politique». Le parquet, quant à lui, constate «une légère augmentation des dossiers liés au discours de haine en lien avec le conflit israélo-palestinien». Toutefois, «cette évolution demeure limitée», assure-t-il.

Quant à l’émergence de groupes extrémistes, «des enquêtes ont été ouvertes au Luxembourg concernant des activités liées au phénomène dit de Pedo-Hunter (NDLR : chasseur de pédophile) lié traditionnellement au milieu d’extrême droite», indique encore la ministre de la Justice. Une première analyse n’a pas établi de lien entre les faits et une structuration plus large, et «le degré de radicalisation des personnes impliquées dans ces affaires est, à ce jour, jugé relativement faible». Aucune présence non plus d’auteurs affiliés à des groupes extrémistes connus tels que «Com network», «764» et «O9A, Order of Nine Angels» n’a été détectée.

La vigilance reste néanmoins de mise. Pour les services de renseignement, le Luxembourg ne vit pas en vase clos. La dynamique européenne de radicalisation le concerne aussi, même si le risque de passage à l’acte est jugé moins élevé que dans d’autres pays. Les groupements extrémistes ciblent de plus en plus les mineurs et s’appuient «largement sur les espaces numériques». Pour le SRE comme pour la police grand-ducale, détecter des personnes «de plus en plus jeunes (…) susceptibles de basculer dans l’action violente» reste un «enjeu majeur».

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