Pour le LCGB, il est temps de faire profiter les assurés des confortables réserves qu’ils ont participé à constituer. Les mesures prises à la fin de l’année dernière sont insuffisantes eu égard aux réserves qui grimpent aussi bien pour l’assurance dépendance que pour l’assurance maladie-maternité.
La liste des critiques est longue pour le LCGB, qui présentait vendredi ses revendications en matière de politique sociale, mécontent de celle menée par le gouvernement en la matière et qui, selon Christophe Knebeler, secrétaire général adjoint, « est dictée par des objectifs financiers ». Ce «diktat du budget» , le syndicat chrétien n’en veut plus.
« Le gouvernement dresse un cadre financier et si l’assurance dépendance ou les allocations familiales débordent du cadre, on les réforme pour faire en sorte que ça rentre sans se poser d’autres questions », déclare Christophe Knebeler. Selon les chiffres qu’il a livrés vendredi, le budget de l’assurance dépendance terminera l’année 2017 avec un excédent estimé à 42,3 millions d’euros, soit un excédent cumulé de 164 millions d’euros fin 2017, alors que deux ans plus tôt, fin 2015, il ne dépassait pas les 80 millions d’euros.
Ce doublement des réserves s’explique, selon le LCGB, par un recul inattendu et inexpliqué du nombre de bénéficiaires en 2015 (-0,3 %) suivi d’une certaine stagnation (+0,9 % en 2016, probablement +1,3 % en 2017) et une augmentation du nombre d’assurés via la croissance de l’emploi. Mais le syndicat l’attribue également aux mesures d’économies du «Zukunftspak» (paquet d’avenir) imposées depuis 2015 aux prestataires en ce qui concerne l’application des critères d’octroi et d’évaluation plus stricts.
Le syndicat demande la fin immédiate des mesures d’économies et l’introduction d’un plafond maximal de la réserve. Et pour améliorer un projet de réforme de l’assurance dépendance, toujours pas voté, le syndicat chrétien souhaite de nouvelles réunions de concertation tripartites (ministre, prestataires, syndicats) « afin d’amender le projet de loi dans l’intérêt des salariés et des assurés ».
Réintroduire le plafond
L’autre réserve financière qui fait réagir le syndicat est celle de l’assurance maladie-maternité qui devait atteindre les 535 millions fin 2016 avec une solde positif de 129 millions. À la fin de l’année dernière, cette somme dépassait le plafond légal de 20 % du taux de la réserve global qui signale qu’une redistribution s’impose. Lors de la dernière quadripartite, des adaptations ont été décidées qui améliorent le remboursement des soins dentaires d’une part, et d’autre part qui introduisent une prise en charge des verres organiques pour tous les assurés.
« Il faudrait chiffrer l’impact de ces mesures qui sont entrées en vigueur au début de l’année. Je suis sûr que l’impact est limité et encore faudrait-il le comparer avec la croissance de la réserve », estime Christophe Knebeler.
« Les réserves continuent à grimper, raison pour laquelle il avait été décidé d’abolir le plafond, mais il faut le réintroduire, car nous allons largement dépasser les 20 % », souligne-t-il encore, alors qu’il ne veut pas citer de chiffre avant la prochaine quadripartite prévue le 3 mai. « On devra alors fixer un nouveau plafond, plus élevé que les 20 % suivant les projections financières de l’assurance maladie », poursuit le secrétaire général adjoint du LCGB.
Pour un tiers payant généralisé
Le 3 mai, la quadripartite va-t-elle discuter de nouvelles prises en charge de soins médicaux? « Je n’en ai pas entendu parler malheureusement », regrette le syndicaliste. Pour lui, c’est peut-être « le moment de revoir toute la nomenclature et d’améliorer le taux de remboursement général (actuellement 88 %) pour les verres correcteurs ou les lentilles».
Enfin, ce que le syndicat défend ardemment, c’est le tiers payant. « Seuls ceux qui sont enregistrés à l’office social peuvent prétendre au tiers payant, or beaucoup de gens précaires sont gênés de devoir passer par un office social », observe Christophe Knebeler. Il cite les cas des chômeurs âgés ou de longue durée qui évitent d’aller consulter un médecin car ils doivent avancer les sommes et c’est parfois très difficile pour eux. « Surtout en ce qui concerne les soins dentaires », précise le syndicaliste.
Le LCGB revendique un tiers payant social dont pourraient bénéficier les chômeurs et plus largement souhaiterait l’étendre à tous. Un tiers payant généralisé « ne coûterait pas plus cher à l’État », selon lui.
Geneviève Montaigu