Le Luxembourg reste pleinement engagé pour offrir une nouvelle perspective aux Afghans qui fuient leur pays natal, retombé aux mains des talibans. En 2021, 81 ressortissants ont obtenu le statut de réfugié.
Le ministre des Affaires étrangères et de l’Immigration, Jean Asselborn, s’est efforcé, hier, de trouver des «mots clairs dans une situation très complexe». La présentation du bilan annuel en matière d’asile et d’immigration a été placée sous le signe de l’Afghanistan.
Après la reprise du pouvoir des talibans, le 15 août dernier, «la situation des droits de l’homme et humanitaire est horrible». «Désormais, les Afghans souffrent aussi de faim et de soif, déplore le chef de la diplomatie luxembourgeoise. Le drame afghan se poursuit.»
Malgré tout, le Luxembourg n’a pas connu un afflux massif de demandeurs d’asile afghans. Sur les 1 249 demandes introduites en 2021, 117 ont été déposées par des ressortissants afghans (9,4 %).
Plus nombreuses ont été les demandes émanant de Syriens (392 ou 31,4 %) et d’Érythréens (255 ou 20,4 %). Le nombre global de demandes d’asile a diminué en 2021 (1 165 en 2020).
Les services de la direction de l’Immigration ont accordé le statut de réfugié (bénéficiaire de protection internationale), et donc un droit de séjour, à 898 personnes, dont 117 Afghans. «La nationalité afghane n’équivaut pas automatiquement à l’octroi du statut de réfugié», précise Jean Asselborn.
Il s’avère en effet que des Afghans qui ne vivent plus dans leur pays natal ont introduit une demande d’asile. Néanmoins, un moratoire a été décidé sur les dossiers afghans à la suite de la reprise du pouvoir par les talibans en Afghanistan.
«Nous avons voulu donner l’occasion aux demandeurs d’asile afghans, y compris ceux qui ont été déboutés, de fournir des informations supplémentaires qui peuvent leur ouvrir la voie au statut de réfugié», explique le ministre en charge de l’Immigration. Les dossiers en cours ont été mis en suspens tout comme les recours introduits devant la justice.
Aucun Afghan renvoyé depuis 2015
En 2020 et 2021, 83 demandeurs d’asile afghans se sont vu refuser le statut de réfugié. Entretemps, 36 ont pu profiter de la seconde chance offerte par les autorités luxembourgeoises. Quelle que soit l’issue de la procédure, les Afghans ayant fui au Luxembourg ne vont pas être expulsés.
«Nous n’avons renvoyé plus aucun Afghan depuis 2015. On est un des seuls pays de l’UE à le faire», souligne Jean Asselborn. Seule exception : un Afghan a été expulsé pour «un problème d’ordre public».
Ceux qui ne peuvent pas bénéficier du statut de réfugié «sont aidés par le ministère afin de régulariser leur situation». Il existe trois possibilités : une régularisation pour raisons humanitaires, familiales ou grâce à un contrat de salarié.
Les 81 demandeurs d’asile afghans reconnus comme réfugiés peuvent plus simplement «saisir leur chance pour reconstruire une nouvelle vie au Luxembourg». La plupart des demandes (97 sur 117) et des octrois du statut ont été établis après la chute de Kaboul.
Parmi les 81 réfugiés reconnus se trouvent 71 arrivés au Grand-Duché après le 15 août, dont les 45 personnes évacuées depuis la capitale afghane.
Sur place, le gouvernement luxembourgeois continue à contribuer au financement d’écoles construites et gérées par l’Unicef. «Certains au sein de l’UE veulent lier ce financement à des conditions supplémentaires. Le Luxembourg ne va pas remettre en question son engagement», termine Jean Asselborn.
Les structures d’accueil quasiment saturées
Les 54 structures d’accueil pour réfugiés dont dispose actuellement le Grand-Duché sont occupées à 94 %. «Nous devons lancer une nouvelle initiative pour que les communes acceptent d’accueillir une telle structure sur notre territoire. Il suffit de mettre 3 ares à notre disposition. Aucun coût supplémentaire n’attend les communes», souligne Jean Asselborn.
Un problème majeur demeure que plus de la moitié des 3 522 personnes logées fin décembre dans une telle structure ont obtenu le statut de réfugié et peuvent rester au Luxembourg. «Je n’espère toutefois pas de solution miracle pour qu’elles puissent trouver un logement au vu de la situation tendue du marché», note le ministre en charge de l’Immigration. Le temps presse pourtant «car il est fort probable que le nombre de demandeurs d’asile va baisser. Il suffit de s’imaginer l’impact qu’aurait un conflit armé en Ukraine».
Heureusement, quelque 200 lits vont venir s’ajouter dans les mois à venir aux 4 168 unités existantes. Des structures vont ainsi ouvrir à Käerjeng, Junglinster, Frisange, Berdorf (Weilerbach) et Wasserbillig.
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