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Artisanat : «Un absentéisme exceptionnel» dû au Covid-19


En raison de la forte hausse des contaminations, les métiers de l’artisanat enregistrent un taux d’absentéisme de trois à quatre fois supérieur à la normale.(Photo : dr)

La très forte augmentation des cas de covid a des répercussions sur le monde du travail, tout particulièrement sur les petites structures.

Le nombre des contaminations ne cesse d’augmenter : d’après le ministère de la Santé, la barre des 30 000 cas a même été franchie en début de semaine, c’est six fois plus de personnes atteintes du covid que le mois précédent. Ce qui signifie de fait une augmentation considérable des personnes malades en isolement et des cas contacts en quarantaine. Si toutes les entreprises sont touchées, l’impact de cette hausse est d’autant plus grand que la structure est petite. Le secteur de l’artisanat est donc particulièrement concerné, qui, avec quelque 7 800 PME, représente tout de même 21 % des entreprises du Grand-Duché.

«Avec les récentes augmentations de contamination, le taux d’absentéisme est passé de 5 % à 20 %», confirme Christian Reuter, secrétaire général adjoint de la Fédération des artisans (FDA). «C’est bien le signe que la situation s’est fortement dégradée par rapport à la normale. C’est un absentéisme véritablement exceptionnel.»

Un absentéisme qui n’est évidemment pas sans conséquence. Déjà, comme le rappelle le secrétaire, les salariés qui sont toujours en poste doivent assurer une charge de travail supplémentaire. En outre, cette situation provoque aussi des retards, notamment au niveau de certains chantiers, voire la suspension complète de l’activité pour certaines entreprises qui ont peu de personnel.

La situation actuelle aura donc, à n’en pas douter et une fois encore, un impact financier sur ces entreprises, même s’il reste difficile à chiffrer pour l’instant. «Les chantiers qui ont des retards engendrent nécessairement des coûts, et une entreprise qui ne peut pas travailler aura, elle aussi, toujours des coûts, car il y a les frais fixes qui continuent de courir : les loyers, les leasings… Mais il n’y a pas de recettes! Il y aura des conséquences négatives sur la trésorerie, c’est une certitude», annonce Christian Reuter.

Une situation «catastrophique» pour les taxis

Cette forte hausse est donc une nouvelle épreuve à surmonter pour les PME, qui luttent depuis deux ans, même si toutes ne sont pas logées à la même enseigne. Certaines ont pu remonter la pente entre deux confinements et des mesures plus ou moins restrictives. Pour d’autres, la situation est restée compliquée tout du long. «La gravité de la situation dépend vraiment des secteurs. Par exemple, la construction, à l’extérieur, a pu continuer son travail, mais elle rencontre des problèmes avec les matériaux. Mais pour les taxis, c’est tout simplement catastrophique : entre la fermeture des restaurants à 23 h, la fermeture des boîtes de nuit, l’absence de tourisme ou de conférences… C’est dramatique pour les chauffeurs. Idem pour certains artisans des centres-villes, comme les pâtissiers ou les bouchers : avec le télétravail, ils ont beaucoup moins de clients qu’à l’accoutumée.»

«Il ne reste plus qu’à espérer que tout cela s’arrête rapidement», conclut Christian Reuter, qui mise toutefois sur une retombée rapide des contaminations, comme cela a pu être constaté à l’étranger. «Je ne crains pas forcément une fermeture définitive des entreprises à cause de la hausse récente des contaminations. Il n’y a en effet que quelques jours que la situation s’est fortement aggravée et l’on voit dans les pays qui sont un peu en avance sur nous que les contaminations ont certes rapidement augmenté, mais qu’elles ont ensuite vite baissé. Je ne crois donc pas qu’il y aura un impact systémique. Par contre, si la situation continue, il faudra certainement envisager de parler (NDLR : avec le gouvernement) d’un recours au chômage technique.»

L’Horeca en souffrance

S’il est un secteur en grande souffrance depuis maintenant deux ans, c’est bien l’Horeca, le secteur de l’hôtellerie, de la restauration et des cafés. L’augmentation des contaminations, et donc des malades et des cas contacts, n’arrange en rien la situation, qui reste cependant «très hétérogène», comme le fait savoir François Koepp, le secrétaire général de l’Horesca. «Sur certains établissements, il y a un gros impact, sur d’autres, un plus petit. Il y a en effet des établissements où 10 % des employés sont absents, d’autres où le chiffre monte à 30 %. J’ai vu un café où, sur six collaborateurs, cinq sont absents, il ne reste que le patron. Comment voulez-vous travailler? Et un autre où c’est le patron qui est absent. Là aussi, l’établissement ne peut pas tourner.»

De manière générale, le secteur connaît une baisse de 50 % de son activité, alerte François Koepp. «Il est temps que les restrictions tombent!» S’il est rassuré par la «prévisibilité» des récentes annonces gouvernementales – les aides étatiques et le chômage partiel sont prolongés jusqu’au mois de juin –, le secrétaire général l’est moins du montant, qui sera dégressif. Ainsi, pour les mois de mai et juin, les entreprises pourront appliquer le chômage partiel jusqu’à concurrence de 10 % du total des heures de travail mensuel normales (l’hôtellerie pourra elle monter à 30 %).«Si les gens reviennent vite dans les commerces, ça va. Mais sinon…»

Tatiana Salvan

2 plusieurs commentaires

  1. C’est surtout à cause du pass vaccinal… ils se déclarent malade

  2. Patrick Hurst

    On oublie souvent l’impact des écoles dans tout ça: 4500 jeunes de moins de 12 ans infectés (soient 9% de l’effectif total), c’est autant de parents contraints de rester à la maison. C’est donc bien beau de vouloir garder toutes les écoles ouvertes… Mais dans ce cas, il faut en assumer les conséquences!