Pour Claude Meisch, le ministre de l’Éducation nationale, un «changement de mentalité» est nécessaire. La Fédération des artisans a annoncé prendre elle-même en main la formation d’apprentis à partir de l’automne.
Les jeunes se trompent s’ils pensent que la formation professionnelle ne mène à rien ou qu’ils pourront à coup sûr exercer un travail qui leur plaît. Voilà, du moins, ce qui ressort de la réponse de Claude Meisch à la question parlementaire du député Marcel Oberweis (CSV) au sujet de la crise de l’artisanat. En effet, pour le ministre de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse, les élèves ont «une idée imprécise de ce que sont les métiers et professions d’aujourd’hui. Ils ont, par ailleurs, une connaissance limitée des débouchés professionnels possibles.»
Si telle est l’opinion du ministre, il reconnaît le besoin d’une revalorisation de la formation professionnelle, «processus récurrent et de longue haleine» qui impliquerait «un changement de mentalité».
Apprentis : 80% jetteraient l’éponge
Ainsi faudrait-il «lutter contre le fait que la formation professionnelle se choisit trop souvent par l’échec», autrement dit, le fait qu’elle soit devenue le réceptacle des échecs scolaires. Puis, mettre à nouveau en évidence «les perspectives professionnelles et scolaires qu’offre la formation professionnelle».
Car d’après les estimations de la Fédération des artisans, reprises par Marcel Oberweis, «les apprentis seraient 80 % à rompre leur contrat d’apprentissage avant l’obtention de leur diplôme d’aptitude professionnelle». Si Claude Meisch n’a pas été «en mesure de confirmer» ce chiffre, au moment de la rédaction de sa réponse, il en a livré d’autres : en 2010/2011, 563 élèves ont suivi une formation professionnelle. 34,9 % des élèves auraient décroché un certificat à l’issue de l’année 2013/2014. Chiffre qui ne prend pas en compte les élèves ayant réussi leur session de rattrapage ou les 32,4 %, «toujours inscrits» et poursuivant leur formation dans une année supplémentaire ou une formation alternative.
Reste que le décrochage est une réalité. Mais, relativise Claude Meisch, «tous les métiers sont touchés par l’abandon scolaire». Les raisons pouvant aller, selon lui, de l’orientation «inadaptée» aux «problèmes personnels» et de «famille». Un projet de loi portant sur la création d’une maison d’orientation, avec l’objectif d’endiguer le phénomène du décrochage, a été déposé.
Vaincre l’inadéquation entre offre et demande
Marcel Oberweis a voulu savoir quels étaient les métiers les plus touchés. «Le taux de réussite varie selon le métier», répond Claude Meisch, qui préfère s’en tenir aux bonnes nouvelles : «En mai 2015, le taux de certification des jeunes qui ont commencé en 2010/2011 leur formation CCP mécanicien d’autos est de 60 % et pour le DAP mécatronicien d’autos, le taux de certification est de 38 %.»
Mais qu’en est-il de ceux qui, après avoir abandonné leur formation, retournent à la case départ? «La future situation professionnelle d’un non diplômé est toujours précaire», répond le ministre Claude Meisch, qui veut croire que «le diplôme reste une garantie contre le chômage et contre des conditions d’emploi aléatoires». Quant aux décrocheurs, ils pourraient compter sur le soutien des «collaborateurs de l’Action locale pour jeunes (ALJ)» qui l’aideront à élaborer «un plan professionnel» visant une réintégration du «système scolaire» ou du «marché de l’emploi».
En juin, la Fédération des artisans avait déjà fait savoir que le secteur peinait à recruter localement, en raison de la difficulté à trouver du personnel qualifié. Il est donc de plus en plus difficile de trouver un poste d’apprentissage, le recours aux travailleurs frontaliers étant la norme. Or tempère Claude Meisch, «la difficulté de trouver un poste d’apprentissage n’est pas un phénomène qui touche toutes les professions ou métiers. Il y a des métiers/professions pour lesquels l’offre de postes d’apprentissage est largement supérieure à la demande de la part des jeunes.
Pour le ministre de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse, «l’inadéquation entre offre et demande est non seulement un défi pour l’orientation mais aussi pour le marché de l’emploi». Ceux qui sont à la recherche de postes d’apprentissage pourraient néanmoins compter sur l’assistance des chambres professionnelles. Dans ce contexte, Claude Meisch exprime son soutien à la campagne «Hands up» de la Chambre des métiers. Le gouvernement lui-même s’est engagé depuis deux ans «à former des apprentis et une ligne budgétaire a été prévue à cet effet». Il aurait permis de conclure «une vingtaine» de contrats d’apprentissage»…
Frédéric Braun