Crise sanitaire : le ministre du Travail annonce «vouloir aider ceux qui sont dans le besoin, peu importe leur statut».
Invité hier matin sur les ondes de RTL pour un face-à-face avec Michel Reckinger, le président de la Fédération des artisans, le ministre Dan Kersch a répété qu’il n’était «pas opposé aux indépendants». Un message «privé» publié la semaine dernière sur Facebook avait créé l’ire parmi ceux qui ont fait le choix de lancer leur propre entreprise. Le ministre évoquait notamment le fait qu’il n’était pas prêt à venir en aide aux indépendants les mieux lotis, tels que les avocats (lire par ailleurs) roulant à bord de grosses cylindrées.
«Il s’agit d’un amalgame dangereux, a fustigé Michel Reckinger. On a l’impression que les indépendants ont sciemment et volontairement été oubliés dans cette crise.» Le secteur reste en attente d’une aide ciblée qui doit remplacer la perte de revenu des indépendants, provoquée par la fermeture de bon nombre d’activités économiques afin d’endiguer la propagation du coronavirus.
Pas de chômage partiel comme pour les salariés
Selon le ministre du Travail, cette aide ne peut pas être le chômage partiel accordé aux salariés du pays. Dan Kersch renvoie vers les textes légaux qui ne permettent pas le versement aux indépendants du chômage partiel, financé à hauteur de 80 % par l’État. Il renvoie aussi vers les aides déjà mises en place : les 5 000 euros accordés aux entreprises et commerces de moins de neuf salariés. Cette aide non remboursable vient d’être doublée. S’y ajoutent une nouvelle aide de 12 500 euros pour les patrons des entreprises comptant de 10 à 20 salariés. Les indépendants sans salarié peuvent toucher 2 500 euros. «Les indépendants n’ont pour autant pas encore de mesure de remplacement de leur revenu personnel. Ils ont aussi des familles à nourrir», rétorque Michel Reckinger. La Fédération des artisans propose que l’État verse une aide directe correspondant à 80 % du revenu annuel d’un indépendant, plafonnée à 2,5 fois le salaire minimum.
Hier, le ministre du Travail n’a pas encore annoncé si une telle aide allait suivre. Il s’est cependant concerté dès dimanche avec les ministres des Finances, de l’Économie et des Classes moyennes pour «compléter les mesures d’aides». «Si la crise se prolonge et que des personnes en besoin d’aide tombent à travers les mailles du filet, je suis prêt à les aider, peu importe leur statut.» Les indépendants, qui reprochent au ministre un manque de respect, attendent de voir si les paroles seront suivies d’actes concrets.
David Marques
L’état viendra en aide aux avocats
Depuis le début de la crise sanitaire liée au Covid-19, l’appareil judiciaire tourne au ralenti. La décision impacte notamment une série d’avocats, qui appartiennent à la catégorie des travailleurs indépendants, qui se rebiffent actuellement contre le ministre du Travail.
Hier, la ministre de la Justice, Sam Tanson, a indiqué s’être concerté avec les bâtonniers des barreaux de Luxembourg et de Diekirch afin de préparer la sortie de crise. Elle confirme que «certains avocats se retrouvent dans une situation financière précaire due au fonctionnement réduit des tribunaux». La ministre réaffirme la volonté du gouvernement «de trouver des modalités de soutien pour ces avocats».
Un fonctionnement normalisé de la justice est annoncé pour mai.
Quid des entreprises récemment créés dont les visions se sont entièrement effondrées et qui ignorent comment elles pourront trouver leurs premiers clients alors que les contacts sociaux sont prohibés? Le Gouvernement propose une aide (jusqu’à 500 000 €) qui n’est en fait qu’un crédit qu’il faudra commencer à rembourser au bout d’un an alors qu’on ignore si d’ici là on aura pu passer le cap. Pourquoi ne pas lancer un programme de soumissions publiques et proposer des conseils ciblés aux petites entreprises?