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Agriculture : le prix de l’énergie comme «défi majeur»


Le Premier ministre, Xavier Bettel, a visité, lundi, la ferme Leider à Erpeldange-sur-Sûre. Ce rendez-vous a permis d'observer la formation des futurs agriculteurs, inscrits au LTA. (photo Julien Garroy)

Le président de la Baueren Allianz, Camille Schroeder, fait état d’une certaine accalmie dans l’agriculture en cette période postcovid. Le virage énergétique et écologique va constituer le prochain chantier de taille.

«Comment s’appelle le porc mâle castré ?» Le Premier ministre, Xavier Bettel, a un peu surpris avec sa question les élèves de la classe du lycée technique agricole qui avaient cours, lundi après-midi, à la ferme Leider, située rue du Château à Erpeldange-sur-Sûre. Cette exploitation agricole familiale a été choisie par la Baueren Allianz pour permettre au chef du gouvernement de se faire une image de la production agricole au Luxembourg, le tout dans le cadre de sa grande tournée du pays en amont de la déclaration sur l’état de la Nation, fixée à mardi prochain.

«Depuis le début de mon premier mandat comme Premier ministre, l’agriculture me tient à cœur. Le secteur a un rôle majeur à jouer dans l’alimentation, mais aussi dans l’aménagement du territoire, la protection de l’environnement et le climat», souligne Xavier Bettel avant de visiter les installations de la ferme de Gilbert Leider, toujours soutenu par ses parents, ses beaux-parents et ses grands-parents.

Le rendez-vous aux allures préélectorales a été l’occasion d’établir un état des lieux du secteur agricole, déjà en souffrance avant la crise sanitaire. «Grâce au soutien du ministre de l’Agriculture, Romain Schneider, nous avons pu continuer à travailler normalement lors de la pandémie. Aucun foyer d’infection majeur n’a été détecté dans les exploitations du pays. En tant qu’agriculteurs, nous avons su pleinement remplir notre rôle», affirme Camille Schroeder, le président de la Baueren Allianz. «Le marché agricole est stable pour l’instant. La moyenne des prix pour le lait se trouve par exemple dans une fourchette normale», poursuit le chef de file d’un des trois syndicats agricoles du Luxembourg.

Bisbille entre syndicats agricoles

À la mi-septembre, le bilan de la récolte 2021 a été tiré. En raison de l’humidité qui a marqué l’année agricole, il s’agit d’une année très moyenne en termes de quantité et de qualité. Le pire a cependant pu être évité, comme l’a également rappelé Camille Schroeder. Le soutien de la part du gouvernement, «toujours à l’écoute du secteur», a permis d’atténuer les dégâts, tout comme ceux provoqués par les inondations de la mi-juillet. 

Le ton était donc bien plus positif, hier, à Erpeldange-sur-Sûre que lors de la récente assemblée générale de la Centrale paysanne (CPL), le second des trois syndicats agricoles. Le trio est complété par la fédération FLB. Le ministre Romain Schneider s’était vu reprocher par la CPL de négliger les agriculteurs. Une «relation lamentable» a même été évoquée. La Baueren Allianz évoque, elle, une «relation parfaite» avec le gouvernement. «Cela n’empêche pas que des points de divergence fassent leur apparition. On ne peut toutefois pas dire que l’on a une mauvaise relation avec le ministre. Nous cherchons en permanence le dialogue», relate Camille Schroeder.

Le Premier ministre, Xavier Bettel, est revenu sur les conflits qui peuvent diviser les différents représentants du secteur agricole : «Je n’accepte pas que les uns pensent disposer de toute la vérité et que les autres font totalement fausse route. À nos yeux, il ne peut pas y avoir de répartition entre bons et mauvais. Je ne peux qu’encourager une approche pour avancer ensemble.»

PAC, loi agricole et prix de l’énergie

Les défis qui se présentent à l’agriculture ne sont en effet pas des moindres. Le plan stratégique pour l’implémentation de la nouvelle politique agricole (PAC) couvrant la période 2023-2027 et les préparatifs de la nouvelle loi agricole sont en cours. S’y ajoute le virage énergétique et écologique. «Beaucoup de chemin reste à parcourir pour que l’agriculture puisse assurer son avenir. Dans la lutte contre le changement climatique, nous avons une énorme responsabilité, bien plus grande que d’aucuns ne le pensent», souligne Camille Schroeder.

Un des problèmes majeurs sera les prix pour l’énergie. «Dans les années à venir, le coût énergétique va augmenter. Il faudrait répercuter cette hausse sur le prix de nos produits, un scénario que nous souhaitons toutefois éviter. L’objectif doit donc être de maîtriser au mieux les prix énergétiques. Il s’agit d’un de nos défis majeurs», termine le président de la Baueren Allianz.

David Marques

Le pays compte encore quelque 1 880 fermes

La visite de terrain d’hier après-midi s’est déroulée sur la ferme Leider, une exploitation agricole familiale plus que centenaire, qui produit du lait, de la viande et du blé. Elle représente une ferme type de l’agriculture luxembourgeoise, dont la plupart sont de taille moyenne, familiales et souvent orientées vers la production laitière et la viande. 

Les derniers chiffres du Statec indiquent que fin 2020 le Grand-Duché comptait encore 1 881 exploitations agricoles. Depuis 2015, le nombre de fermes recensées se trouve en dessous des 2 000 unités. On est très loin des… 40 000 exploitations que comptait le Luxembourg au début du XXe siècle. En 1950, plus de 28 300 fermes existaient encore. Ce chiffre a régressé au fil des décennies : 21 312 en 1960, 7 608 en 1970, 5 173 en 1980, 3 803 en 1990, 2 728 en 2000 et 2 201 en 2010.

Sur les 1 881 exploitations encore existantes, 1 697 ont une superficie de 2 hectares et plus. La superficie moyenne est de 77,9 hectares. La surface agricole utilisée se chiffre à 132 136 hectares, dont 19,3 % de céréales, 22,9 % de plantes fourragères, 8,7 % de prairies à faucher, 42,8 % de pâturages, 1 % de vignobles et 5,3 % en autres cultures.

Le cheptel se répartit comme suit : 191 360 bovins, 85 048 porcs, 9 518 ovins, 4 170 chevaux ainsi que 136 130 poules et poulets.

La main-d’œuvre familiale est chiffrée à quelque 3 600 personnes, auxquelles s’ajoutent 1 130 salariés.